Home Comunidade Une partie de la ‘réussite’ du Débarquement s’est joué à Lisboa: le rôle de l’espion Juan Pujol GarciaAntónio Marrucho·29 Maio, 2022Comunidade [pro_ad_display_adzone id=”37510″] Juan Pujol Garcia a été l’agent secret le plus efficace de la II Guerre mondiale. Il est la seule personne qui a obtenu les plus hautes distinctions chez les Anglais et les Nazis. Il était connu sous le nom de Garbo, pour les uns et Alaric, Arabel, pour les autres. C’est à partir de Lisboa que cet agent double a informé les uns et les autres, faisant croire qu’il était à Londres. C’est à partir de Lisboa que cet agent double deviendra l’un des plus grands espions de tous les temps. Né le 14 février 1912, à Barcelone, Juan Pujol Garcia est mort le 10 octobre 1988, à Caracas. Que d’événements entre ces deux dates… Il a toujours avoué détester la carrière militaire et pourtant… En 1936, la Guerre d’Espagne éclate. Il combat d’abord à côté des Républicains et change de camp pour rejoindre les Nationalistes. Il n’aurait jamais tiré aucune balle, ni d’un côté, ni de l’autre. Ne trouvant sa place dans aucun des camps, il abandonne cette lutte. Il dira: «J’ai toujours voulu la justice, je consacrerai ma vie à la liberté». En janvier 1941 Juan Pujol Garcia se rend à l’Ambassade anglaise à Madrid, par trois occasions, en compagnie de son épouse, Araceli, pour offrir ses services en tant qu’espion. Devant la non réponse des Anglais, Araceli propose à son mari de travailler pour les Nazis. Elle se rend à l’Ambassade d’Allemagne à Madrid et convainc que son mari y soit reçu. Le Catalan se propose de devenir correspondant espagnol à Londres pour leur transmettre des informations, créant là-bas un système d’espionnage pour communiquer des informations aux nazis. Il s’appellera désormais Abwehr et écrira avec une encre invisible dans ses messages. La mission confiée à Abwehr par les Allemands était de recruter des espions, lui-même ne devait pas être espion. Dans la réalité, il va faire croire aux Allemands avoir recruté un espion qui a pour nom Arabel, Juan Pujol Garcia devient Arabel. L’Espagne et le Portugal étant des pays neutres, cela a facilité un peu les choses, le dictateur Salazar a d’ailleurs, selon les évènements, joué un double-jeu. C’est à partir de Lisboa que Juan Pujol Garcia va tromper tout le monde . En juillet 1941 il part pour le Portugal, là, il va trouver une couverture faisant croire qu’il travaille à partir de Londres. Lisboa lui fournit un passeport diplomatique pour lui permettre de voyager entre le Portugal et l’Angleterre. À Lisboa, il crée un groupe d’espionnage, c’est un pilote qui va faire des allers et retour entre les deux pays. Abwehr et son épouse, qui ne quitteront pas Lisboa. Abwehr possède une clé d’une boîte aux lettres pour faire suivre ses messages et récupérer des indications d’Arabel. En octobre 1941 il envoie le premier message aux Allemands à partir de Cascais tout en faisant croire qu’il était en Angleterre. Il va inonder les Allemands d’un nombre incalculables de lettres – 315, avec une moyenne de 2.000 mots ayant tous un style différent – mais respectant l’idéologie nazi. Les lettres mélangent des vraies à des fausses informations. Les vingt-trois espions d’Arabel ont tellement inondé Abwehr, que les Allemands finissent par demander d’arrêter de «recruter» des espions et d’envoyer les messages désormais par radio. Un soi-disant dernier espion va être recruté, un paysan solitaire amateur de radio qui transmet désormais toutes les informations. C’est dans l’opération Fortitude (nom de code pour les opérations de désinformation et de diversion des Alliés lors du débarquement) que Juan Pujol Garcia va jouer un rôle majeur. Il va inonder les services secrets Allemands de tromperies en série, visant à dissimuler Overlord (nom de code de l’opération du débarquement). Il envoie plus de 500 messages, parfois une vingtaine par jour, entre janvier 1944 et le jour D-Day. Il était primordial de faire croire au Reich que le Débarquement aurait lieu sur les plages de Douvres, dans le Nord Pas de Calais. Afin de maintenir sa crédibilité, il donne de réelles informations sur le Débarquement, mais toujours trop tard pour qu’il y ait une légère contre-attaque. Même après le Débarquement, il convainc les Allemands que c’est une diversion ce qui fait que ces derniers n’envoient pas trop de troupes en Normandie, se concentrant sur l’attaque qui serait éminente dans le Pas de Calais. Les espions d’Arabel inondent le Allemands d’informations pendant que les Alliés avancent vers l’Allemagne. Le pays est tellement fier de son espion qu’il lui remet la Croix de Fer. Le 25 novembre 1944, c’est au tour de Garbo, un des autres noms d’espion de Juan Pujol Garcia, de recevoir du roi Georges VI l’ordre de l’empire britannique. Jusqu’à la fin, Hitler pense avoir à faire à un fidèle partisan du Reich. Juan Pujol Garcia sera la seule personne à avoir reçu des décorations des deux côtés pendant la II Guerre mondiale. Après la guerre, Juan Pujol Garcia craignant pour sa vie et celle de sa famille, s’installe au Vénézuela. En 1948, Araceli, l’épouse de Juan Pujol, quitte le pays et son mari pour revenir en Espagne. Un an plus tard, elle est contactée par l’Ambassade lui annonçant le décès de son ancien mari, mort de la malaria, en Angola. Juan et Araceli se remarient, chacun de son côté. Juan aura trois enfants avec sa nouvelle femme au Vénézuela. Surprise, 30 ans plus tard, en 1984 l’agent Garbo paraît dans les journaux comme un héros de la II Guerre mondiale, il sera accueilli par le Prince Philip d’Édimbourg. En cette même année de 1984, âgé de 72 ans, il participe aux célébrations du Débarquement, en Normandie. Il dira à ce moment-là: «J’ai fait tout ce que je pouvais pour sauver la vie des soldats, mais je ne suis pas arrivé à sauver ceux qui sont ici. C’est terrible pour moi de voir ce cimetière». Juan Pujol Garcia décède 4 ans plus tard au Vénézuela, son ex-épouse, Araceli Gonzalez Carballo, s’éteint le 6 mars 1990 d’un AVC. [pro_ad_display_adzone id=”46664″]