«Oui Camarade!» de Manuel Rui

L’écrivain angolais Manuel Rui, né en 1941, encore peu connu en-dehors de son pays, est néanmoins, avec Luandino Vieira et Pepetela un des auteurs majeurs de la littérature angolaise contemporaine où l’histoire coloniale, la guerre de libération, la ville, le rêve, la réalité, la tradition, la modernité… servent de trame à leurs romans.

Dans leurs textes, métissés par les langues locales, coulent fréquemment humour, verve et poésie. Comme dans un vaste théâtre populaire, on y voit défiler des personnages hauts en couleur.

Dans «Oui Camarade!» (éd. Chandeigne, septembre 2017, traduction d’Elisabeth Monteiro Rodrigues) nous sommes en 1975, le lendemain de l’indépendance de l’Angola, quand différents mouvements se livrent à une véritable guérilla urbaine.

«Écrites dans le feu de l’action – l’auteur a joué un rôle clé dans les événements -, ces cinq nouvelles sont autant d’instantanés pris sur le vif et dressent le portrait de camarades: ces hommes, ces femmes et ces enfants pionniers qui jouent à la guerre pour de vrai» – peut-on lire dans la présentation de ce livre.

Dès la première nouvelle de ce recueil, «Le conseil», le lecteur ne pourra s’empêcher d’y voir, à posteriori, des similitudes avec la situation actuelle. L’action se déroule donc au moment de l’indépendance: «le premier jour de ce fameux gouvernement angolais, plus grand que tout autre au monde».

Mais très tôt des grèves éclatent «en réponse active au nouveau Palais qui, le peuple le savait, comptait des gens sérieux, mais réactionnaires». Assis devant le Palais, pour «regarder arriver et partir les Mercedes et les gueules de crapaud» – surnom de la Citroën DS – un homme du peuple, à qui on demandait ce qu’il attendait là, répond d’un mot: «La transition».

Marquée par un réalisme social, par l’ironie et même le sarcasme, la fiction de Manuel Rui scrute le quotidien, dénonçant ceux qui ne servent ni l’État ni la cause angolaise, les politiciens carriéristes, la corruption et les personnages victimes de leurs propres ambitions.

 

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