Férié du 8 décembre: Données sur la pratique religieuse au Portugal

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Le Portugal a été et est encore un pays profondément religieux, toutefois la pratique religieuse a bien changée ces dernières décennies.

On peut remonter bien au-delà, toutefois c’est dès la reconquête chrétienne du Portugal aux Maures que la construction d’églises s’intensifie, cela étant, une forme de remercier Dieu et les Divinités lors des Conquêtes, tant sur terre que sur mer, et lors de victoires dans des batailles, le Portugal utilisera même le motif de son expansion et conquêtes, pour des raisons religieuses.

Le Portugal est un des rares pays qui a un férié, le 8 décembre, pour rendre hommage à Notre Dame, patronne du Portugal, Nossa Senhora da Conceição.

Au Portugal, la dévotion populaire à Nossa Senhora da Conceição est assez ancienne et est lien avec l’histoire du Portugal, en particulier avec les événements majeurs qui ont été décisifs pour l’indépendance du Portugal et l’identité nationale.

En fait, une messe pontificale d’action de grâces a été célébrée à Lisboa, en l’honneur de l’Immaculée Conception, après la conquête de Lisboa aux Maures, en 1147, par le premier roi du Portugal, D. Afonso Henriques, qui avait l’aide des croisés anglais.

Selon une tradition laïque, suite à la crise de 1383-1385 et après la victoire portugaise à la Bataille d’Aljubarrota (1385) contre les Castillans, D. Nuno Álvares Pereira (ou S. Nuno de Santa Maria) fit construire l’église de Nossa Senhora do Castelo, à Vila Viçosa, et a consacré ce temple catholique à Nossa Senhora da Conceição. À cette fin, il a commandé une image de Notre Dame de la Conception en Angleterre pour être vénérée dans cette église.

On doit au roi João IV, le fait que Nossa Senhora da Conceição ait été proclamée Patronne du Portugal, sur sa proposition, lors de la réunion de la Cour à Lisboa, du 28 décembre 1645 au 16 mars 1646.

L’acte de proclamer Nossa Senhora da Conceição comme Patronne du Portugal, accompli avec la plus grande solennité par le monarque le 25 mars 1646, s’est étendu à tout le pays, avec le peuple, la nuit, chantant des chansons de joie dans les rues, pour célébrer l’Immaculée Conception de la Vierge, ou, plus précisément, la Divine Maternité de Marie. C’est ainsi que Notre-Dame est devenue la véritable Souveraine du Portugal, et depuis lors, aucun de nos rois n’a porté la couronne, un droit qui n’appartient désormais qu’à la Reine Excellence, Mère de Dieu.

Tout au long de l’histoire il y a bien eu des soubresauts et luttes défendant la religion ou l’attaquant. Le début du XXème siècle au Portugal, ne fut pas simple pour l’église toute puissante, avec le développement des idées anticléricales et laïques par les révolutionnaires républicains et sous l’influence, aussi, de la Franc-maçonnerie.

Sous le régime de la dictature de Salazar, la religion est devenue un des piliers et appui de sa politique. Être portugais c’était être croyant. La PIDE s’est servie pendant cette période, du pouvoir religieux, gare à celui qui exprimait des idées anticléricales. Le curé faisait et défaisait, parfois, des mariages, il avait une influence importante sur les familles.

Le pouvoir de la religion commença à décliner au Portugal vers la fin des années 1950, déclin qui s’accentua dans les années 70/80 avec le développement de l’immigration, le contact avec d’autres pays et civilisations, il y aura comme une sorte d’émancipation.

 

Le Portugal est-il devenu antireligieux, moins pratiquant pour autant?

Dans certaines régions du Portugal, les fêtes religieuses perdent de leur importance depuis deux décennies, une autre des raisons étant le fait que le clergé veut séparer la partie religieuse de la partie profane lors des fêtes des villages. Il y a par ailleurs un manque flagrant de vocations religieuses, notamment due à l’affaiblissement de la noblesse qui souvent avait un enfant religieux. La population ne voit pas d’un bon œil le fait qu’un même prêtre puisse gérer 10, voire 20 paroisses, célébrant une messe par semaine par-ci, par-là, mais demandant à chaque famille dont le nom est cité pendant la messe, 10 euros… parfois 20… les noms sont évoqués lors de la même messe, cela fait une somme! La gestion de ces sommes étant parfois un peu opaque.

Malgré tout cela, même si, comme ailleurs, le nombre de mariages est en diminution – quand mariage a lieu – celui-ci se fait presque à 100% à l’église.

Le Sanctuaire de Fatima est connu mondialement, on s’y rassemble par centaines de milliers de pèlerins les 13 mai, 13 août, 13 octobre… Une très, très grosse majorité de Portugais a visité ce lieu au moins une fois dans sa vie, même ceux qui vivent à l’étranger.

Le Portugal est devenu laïque, toutefois, dans une étude de Pew Research Center, le Portugal est l’un des pays au monde qui a le moins de restrictions sociales et gouvernementales à la pratique religieuse.

La loi 16/2001 publiée dans le Diário da República n°143/2001, Série I-A de 2001-06-22 qui a pour titre: «Lei de Liberdade Religiosa» – loi de la liberté religieuse – est venue clarifier les choses.

Cette loi, a ni plus ni moins, que 69 articles (1). Citons ici à titre d’exemple le chapitre 1er avec ses 7 articles: Article premier. Liberté de conscience, de religion et de culte, Article 2 Principe d’égalité, Article 3 Principe de séparation, Article 4 Principe de non-confessionnalité de l’État, Article 5 Principe de coopération, Article 6 Force juridique et Article 7 Principe de tolérance.

Tant en Europe, comme au Portugal, les institutions religieuses ont perdu l’ancien pouvoir tant dans le cadre social que culturel, toutefois la religiosité est plus présente qu’on ne le pense. Chacun de nous a plus de possibilités dans le choix et dans les découvertes des pratiques religieuses que celles imposées par la hiérarchie ecclésiastique sous le régime chrétien d’il y a quelques décennies.

 

Malgré ce choix qu’en disent les statistiques de la pratique religieuse au Portugal dans les temps actuels?

Les premières statistiques que nous allons citer ne sont pas tout à fait récentes, elles datent du dernier recensement de 2011. Nous pensons toutefois, que dans l’ensemble, elles ne doivent pas avoir beaucoup changé cette dernière décennie. La population portugaise se dit principalement catholique, la raison essentielle étant la tradition et des circonstances historiques que le Portugal a vécu dans le passé plus ou moins récent.

Les catholiques, selon ce recensement de 2011, représentent environ 81% de la population portugaise, ce qui confère à l’Église catholique une influence considérable dans la société, bien que moins que dans le passé.

Dans ce même recensement, 3,3% se disent avoir une autre forme de christianisme (3,3%), d’autres religions (0,6%), sans religion (6,8%) et pas de réponse (8,3%).

Une étude datant de 2017 du Pew Research Center, avec comme titre «Être chrétien en Europe occidentale», et qui a impliqué plus de 24.000 entretiens téléphoniques dans 15 pays d’Europe occidentale est arrivé à la conclusion suivante: Le Portugal est le pays d’Europe occidentale où un plus grand pourcentage de la population s’identifie comme chrétien, 83%, au-dessus des pays comme l’Italie (80%) et l’Irlande (80%), 15% se disent sans religion.

 

Ces données sont évidemment globales, qu’est-ce qui en va croyance chez les jeunes?

Le rapport «Les jeunes adultes et la religion en Europe» écrit que la majorité des jeunes Portugais entre 16 et 29 ans s’identifient à une religion. Le rapport affirme toutefois «Le pourcentage le nombre élevé de jeunes adultes affirmant n’avoir aucune religion dans de nombreux pays est sans aucun doute le fait le plus significatif de ce rapport».

Il est vrai que, selon ce rapport publié par le Centre Benoît XVI pour la religion et la société avant le Synode des évêques dédié à la jeunesse par le Vatican, indiquait que 57% des jeunes portugais s’identifient à une religion. Parmi eux, 53% se disent catholiques. Cependant, 42% de ces jeunes prétendent n’avoir aucune religion.

Les conclusions des chercheurs soulignent que, dans 12 des 22 pays, plus de la moitié des jeunes adultes ont déclaré ne s’identifier à aucune religion.

Parmi ceux qui se disent catholiques, 27% des jeunes Portugais entre 16 et 29 ans disent aller à la messe au moins une fois par semaine et 17% se disent «non-pratiquants» (ils ne vont jamais à la messe).

Avoir foi n’est pas la même chose que croire en l’Église: les derniers scandales religieux y sont pour quelque chose ainsi que le manque de vocations.

Avec la pandémie du Covid-19, on voit de nouvelles formes de pratiques religieuses se mettre en place, avec le développement de pratiques grâce aux nouveaux moyens de commutation.

 

L’avenir des religions et de la pratique religieuse est-elle là?

Soyons toutefois prudents: si bénéfices il y a, des dérives sont aussi à craindre.

En conclusion: la religion est encore bien présente, même si par ailleurs le Portugal se montre comme un pays tolérant, à l’exemple du vote de lois bien avant d’autres pays européens sur des thèmes de la famille et des nouvelles entités familiales, le Parlement portugais abordant, même, dernièrement, le sujet de l’eutenasie.

 

(1) https://dre.pt/legislacao-consolidada/-/lc/34483475/view?p_p_state=maximized

 

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LusoJornal