L’histoire du soldat du CEP José Carlos Padrão et des générations qui suivront à Wasquehal

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L’idée surgit: recherche des associations d’anciens combattants portugais dans le Nord Pas de Calais à la suite de la I Guerre mondiale.

Les découvertes commencent.

Des portes s’ouvrent.

L’histoire, les histoires sont là. Les trouvailles vont parfois au-delà des espérances.

On construit, on partage, cela pourrait faire presque un romain.

Tout commence le 15 mars 1917 avec l’embarquement de José Carlos Padrão à Lisboa dans un bateau qui le conduira à Brest. De là il suivra vers la Flandre, sur le front portugais du côté de Neuve-Chapelle lors de la I Guerre mondiale.

José Carlos Padrão est né le 15 août 1894, à São Pedro dos Sarracenos (Bragança), fils d’António Manuel Padrão et de Filomena de Jesus Pires. Il a été baptisé le 15 août 1894 dans son petit village peuplé à l’époque de 508 habitants.

Sur sa fiche du CEP quelques informations y sont mentionnées: on le dit présent dans la délégation de Ramilly, entre le 27 et 29 mars 1917.

Le 17 février 1918 une permission de campagne de 45 jours lui est accordée à destination d’un pays Allié (la France).

Le 4 mai 1918, il passe du 1° Grupo de Metralhadoras vers Bateria Materias Pesados, le premier étant supprimé à la suite de la Bataille de La Lys.

Le 30 juin 1918 il est à nouveau transféré, cette fois-ci, vers le Depósito de Infantaria.

Il est considéré rapatrié en France, sous-entendu, il ne rentre pas au Portugal à la fin de la Guerre.

Après quelques années de concubinage, José Carlos Padrão se marie le 13 juin 1925 à Marcq-en-Baroeul, où il occupe une maison au 28 rue des Parvenus, avec sa future épouse Madeleine Dewitte, née à Tourcoing le 26 mars 1890, la promesse de mariage ayant été publiée le 6 juin dans les Échos du Nord. Notons que les époux ont déjà un certain âge au moment du mariage: 30 ans pour José et 35 pour Madeleine, un seul enfant né dans le couple. Au moment du mariage, José Carlos Padrão était menuisier et son témoin a été son ami de même origine, portugaise, Manuel Razão, qui lui n’a pas fait partie du CEP.

José a fait venir du Portugal, pour travailler en France, son frère, Marcos António Padrão, né le 4 avril 1902 et qui a voulu se marier en France le 16 mars 1935, à Wasquehal, avec Rosinha Malhoa, elle aussi portugaise, habitant 20 rue Fort Chabrol, à Wasquehal.

Le couple José Carlos Padrão et Madeline Dewitte auront un enfant, né avant mariage, le 14 février 1921, reconnu le 2 mars par sa maman, il prend le nom de André Jules Dewitte, reconnu par son père au moment du mariage, il changera de nom pour devenir André Jules Padrão.

Un seul enfant, mais dont les journaux parleront, raconterons plus tard.

Commençons par: «À Wasquehal, deux jeunes époux ne totalisent que 33 ans d’existence, le Président de la République avait accordé la dispense d’âge nécessaire à leur union».

Le journal l’Égalité de Roubaix Tourcoing continue: «c’est un mariage assez rare que celui qui a été célébré samedi dernier à Wasquehal par M. Paul Marquilly, Adjoint au Maire remplissant les fonctions d’Officier d’état civil. En effet, les deux conjoints qui concrétisent cette union ne totalisent ensemble que 33 d’années d’existence. Le mari, M. André Padrão, rattacheur à la Filature du Nord, n’est âgé, tout comme sa femme, née Berthe Brood, que de 16 ans et demi. Les deux jeunes sont nés à 9 jours d’intervalle, l’époux à Marcq-en-Baroeul le 14 février 1921, l’épouse à Noeux-les-Mines (Pas de Calais) le 5 février de la même année. Pour que cette union puisse se faire légalement, les jeunes mariés durent solliciter M. Albert Lebrun, Président de la République, la dispense d’âge nécessaire qui leur fut accordée par décret signé à Mercy-le-Haut en date du 21 août 1921.

M. et Mme Padrão-Brood forment à coup sûr, un des plus jeunes ménages de la région, peut-être même la plus jeune famille de France, puisque avec leur enfant qui a reçu le prénom d’Andrée et qui est né le 12 juin dernier ils totalisent ensemble moins de trente-quatre années d’existence».

Le mariage entre André Jules Padrão et Berthe Emilienne Brood a eu lieu le 20 novembre 1937, à Wasquehal. La proximité des maisons des deux parents d’André et de Berthe a probablement facilité la rencontre et la formation du jeune couple: les parents d’André habitaient au 29 impasse Lavoisier, à Wasquehal, alors que les parents de Berthe habitaient dans la même rue au n°17 bis.

Le jeune André reconnaîtra par mariage son premier enfant né le 12 juin 1937, Andrée Antoinette.

Les naissances dans le couple vont se succéder, 10 enfants naîtront de cette union.

On écrira sur André et Berthe, en 1942: «une famille de Wasquehal fait parler d’elle car les parents ont déjà quatre enfants à 21 ans et le père, André Padrão (fils de José Carlos), rattacheur à la Filature du Nord et la mère, Berthe Brood, lieuse, espèrent remplir les conditions nécessaires pour se voir accorder l’un des prix alloués annuellement par le Prix Cognacq-Jay. Fait rare encore, les parents s’étaient mariés à 16 ans et demi».

Georges Joseph, un des enfants du jeune couple, né le 15 mai 1940, décédera le 30 septembre 1993. Son nom figure dans le monument aux morts, victimes du travail, dans le cimetière de Croix (Nord).

D’ailleurs, la famille Padrão n’a pas été épargnée par les accidents du travail: le frère du soldat du CEP José Carlos Padrão, António Padrão est victime d’une mauvaise chute à la Filature du Nord en 1941, une glissade dans la salle d’apprêt le conduit à 12 jours de repos».

Coups sur coups, Andé Padrão est victime de deux accidents en l’espace d’un mois. Dans le Réveil du Nord du 20 janvier 1941: «Wasquehal, un gardien de fils fait une chute grave. Au cours de son service de surveillance des fils téléphoniques dans le quartier du Cartelot, M. André Padrão, âgé de 20 ans… trompé par l’obstacle, est tombé lourdement sur des fils barbelés et dans sa chute s’est fait une plaie pénétrante du poignet gauche et diverses contusions à la main. Perdant son sang en abondance, le blessé a dû recevoir les soins urgents de M. le docteur Butin père, qui lui a ordonné un repos d’une quinzaine de jours, sauf complications.

Des complications arrivent très vite.

André Padrão, probablement pas encore remis du premier accident, le 16 février de la même année, en 1941, le Réveil du Nord racontera: «Un habitant de Wasquehal, victime d’un accident en gare de Lille, il est transporté à l’hôpital Saint-Sauveur». Le Journal continuait: «Au début de la journée de mardi vers 7h30, un ancien surveillant des fils téléphoniques de Wasquehal, le jeune André Padrão, âgé de 21 ans, père de trois enfants, domicilié impasse Lavoisier, Fort Chabrol, a été victime en gare de Lille d’un grave accident. C’est en voulant descendre alors que le train n’était pas complètement arrêté que M. Padrão aurait été coincé entre le marchepied et le quai. Atteint de double fracture de la cuisse droite et de lésions à la colonne vertébrale, le blessé a été transporté dans un état grave à l’hôpital Saint-Sauveur à Lille».

Déjà le 22 février 1927 le journal l’Égalité de Roubaix-Tourcoing, dans sa rubrique «Le coin des accidents» racontait: «à l’usine Saint-Gobain de Wasquehal, le manœuvre Joseph Padrão, 29 impasse Lavoisier, a fait une déchirure musculaire dans la région lombaire: 12 jours d’arrêt».

Bien plus grave va malheureusement être ce qui va arriver à l’ancien soldat du CEP, José Carlos Padrão, le 7 août 1951: «Grave accident à Roubaix, deux morts. Un accident qui a fait deux victimes s’est produit ce matin à Roubaix: le camion-benne d’une entreprise de la ville effectuait un déchargement de sable et de gravier. Le transport avait été déversé dans une cour, mais la benne était restée à la position supérieure et lorsque le chauffeur regagna la chaussée, elle accrocha le linteau supérieur de la porte cochère. Toute la partie supérieure de ce linteau, pesant plusieurs tonnes, s’écrase sur la cabine et le chauffeur, M. Georges Causin, 45 ans, de Roubaix, est tué sur le coup. Un des camarades de travail, qui surveillait la manœuvre, M. José Padrão, de nationalité portugaise, demeurant à Flers, a été également écrasé net».

Souhaitant en savoir plus, nous nous présentons à la Mairie de Wasquehal cherchant d’autres informations, visitons le cimetière de la ville à la recherche de la tombe, voir des tombes de la famille Padrão. D’autres surprises nous attendent, d’autres découvertes. La tombe de José Carlos Padrão, décédé en 1951, et de son épouse Madeleine Dewitte, décédée en 1966, est en très bon état de conservation, et pour cause, le responsable du cimetière est Patrick Padrão, petit-fils de José Carlos Padrão et un des 10 enfants d’André Padrão, ce dernier ayant décédé assez jeune, à l’âge de 45 ans, la même année que sa mère, en 1966. L’épouse d’André, Berthe, décède, elle, bien plus tard, à l’âge de 91 ans, en 2012.

L’histoire de José Carlos Padrão ne s’arrête pas à ce qui vient d’être décrit dans le présent article. Cela fera objet d’un autre récit, source de nos autres découvertes, de rencontres et de lectures de journaux anciens.

 

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