LusoJornal | António Marrucho

Sporting Club de Covilhã de Roubaix: un lieu de rencontre

[pro_ad_display_adzone id=”41080″]

 

Covilhã ville d’industrie du textile, Roubaix capitale mondiale de la laine dans les années 1960-1970, quoi de plus normal qu’une filière d’immigration entre ces deux villes se fasse?

Avec l’arrivée de cette immigration du Portugal se créent dans la ville de Roubaix des associations dites culturelles, religieuses, groupes folkloriques et clubs sportifs, parfois avec des noms de villes portugaises. Au début des années 1980 nous avons comptabilisé 18 collectivités portugaises pour une population qui était à l’époque sur Roubaix de 5.500 portugais.

Parmi les institutions recensées, à l’époque, faisaient partie le Sporting Club de Covilhã. Une association, un club, qui résiste.

Le Sporting Club de Covilhã a vu le jour en 1976 par la volonté de José Lopes, José Venceslau, Manuel Ribeiro, António Chaves, entre autres.

Le premier Président, José Lopes, étant originaire de Covilhã et le football étant le motif de la création du club, c’est tout naturellement que le nom de Sporting Club de Covilhã a été donné, club au Portugal qui milite actuellement en deuxième division, la dernière saison en 1ère division datant de 1987-1988 (1).

Notons qu’à l’époque le Sport Lisboa et Benfica avait déjà un balbutiement de représentation à Roubaix.

Le premier siège du club était situé rue Fontenoy, puis en haut de la rue d’Alma, ces deux locaux étant prêtés par la Mairie.

À la suite d’un feu, probablement provoqué, le Sporting de Covilhã a changé de siège, se trouvant actuellement au 244 rue d’Alma, juste à côté d’un restaurant, lui aussi portugais, le Cá T’Espero et à l’emplacement du plus ancien café portugais de Roubaix, le café Pedro.

Le club qui a eu jusqu’à trois équipes de football, deux de football de 11 et une de football de 7, a actuellement, dans le Championnat départemental, une équipe qui joue dans un terrain situé dans le quartier de l’Épeule.

Les années de «gloire» du club, on peut les deviner au nombre de coupes, aux années où elles ont été remportées et les photos des équipes sur les murs, un diplôme rappelant que le club a été Champion de promotion 3ème division du district de Flandre la saison 1994-1995. On peut par ailleurs apprécier sur les murs des références aux trois grands clubs portugais, qui sont Benfica, Porto et Sporting (par ordre alphabétique).

Les locaux du Sporting Club de Covilhã de Roubaix ont depuis toujours été des lieux de rencontres des Portugais de l’agglomération… et pas que Portugais. C’est avec beaucoup de peine que le club a vu partir il y a sept ans, l’âme de cette institution portugaise à peine à 59 ans d’âge, José Venceslau, personne très appréciée et respectée. Un autre José a pris la relève, le beau-frère de Venceslau, José de Deus António.

José de Deus est depuis peu à la retraite, le club étant par ailleurs un motif d’occupation, José l’ouvre tous les jours à partir de 14h00. Nous avons constaté l’arrivée progressive d’habitués qui après le café discutent ou entament une partie de jeux de cartes.

Parmi les présents nous avons conversé avec Aires Freches, originaire de Dominguizo (2) village à une dizaine de kilomètres de Covilhã. Ses parents ont eu 9 enfants, son père, comme bien d’autres, a été «farrapeiro», parcourant villages avec un sac à dos pour récupérer des chiffons, mais aussi et, peut-être même surtout, des peaux… même les peaux des lapins étaient ainsi récupérées, séchées, transportées pour être transformées.

Aires de Freches se souvient de sa venue vers la France, le 3 septembre 1971. Il a travaillé dans le textile et dans une usine de Michelin, on y fabriquait des moules en métal pour la réalisation des pneus.

À la question que nous avons posé à Aires Freches, depuis quand il fréquente le siège du Sporting de Covilhã de Roubaix, il nous a répondu que, depuis toujours, et plus encore régulièrement depuis qu’il a perdu son épouse, lui que n’est pas allé au Portugal depuis 4 ans: ç’est là qu’il vient rencontrer des amis de Covilhã, c’est là qu’il vient échanger avec des amis.

Eh oui, ces petites institutions portugaises qui résistent, continuent à avoir une belle fonction, celle de permettre des rencontres entre amis, celle de permettre de se sentir moins seuls.

Notons que la ville de Covilhã et Roubaix ont un accord de jumelage. Après une visite d’une délégation de Roubaix à Covilhã, en juin 2000, Covilhã a fait le chemin dans l’autre sens, le serment de jugement de jumelage a été prononcé et signé à cette occasion, le 14 octobre 2000, document signé par les deux Maires, Carlos Pinto pour Covilhã et René Vandierendonck pour Roubaix.

Que reste-t-il de ce jumelage et festivités?

 

Notes :

(1) Quelques anciens qui nous lisent, connaisseurs de football, doivent probablement se rappeler encore de quelques noms qui ont porté le maillot du Sporting de Covilhã: Cavem, Rui Barros, César Brito,… Tout dernièrement des joueurs qui ont passé par l’équipe de Lille ont aussi porté le maillot vert/blanc du club beirão, comme Xeka et Reinildo

 

(2) Dans des années 1960-1970, on appelait Dominguizo, la «Terra dos farrapeiros». Une statue représentant l’un d’eux leur rend hommage à l’une des entrées du village.

 

[pro_ad_display_adzone id=”46664″]

LusoJornal