«Casa Guillermina», le nouvel album d’Ana Moura est sorti le 11 novembre au Portugal

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Guillermina, c’est le prénom de la grand’mère maternelle d’Ana Moura, d’ascendance angolaise. Ce qui explique, on le verra, le contenu musical de l’album. Bien des choses ont changé dans la vie d’Ana Moura ces derniers mois: un changement de producteur («pour me sentir plus indépendante dans mes choix et mon répertoire»), un nouveau compagnon, l’auteur-compositeur-chanteur Pedro Mafama, omniprésent dans la conception de l’album (et père de leur petite fille née il y a quelques mois), et son évolution en tant qu’autrice et compositrice (1) de plusieurs textes ou musiques de l’album. Si les interprètes également auteurs, et parfois compositeurs sont depuis longtemps légion dans la chanson française (Trenet, Aznavour, Brassens, Brel, Barbara, Bashung, Higelin, Souchon…), ils sont beaucoup plus rares dans l’histoire contemporaine du fado. Il y eut au siècle dernier Joaquim Pimentel, Max… Amália Rodrigues nous a laissé quelques beaux textes. Il semble que ce soit un peu différent aujourd’hui: si Mísia, Kátia Guerreiro ou Carla Pires prennent la plume, mais avec parcimonie, d’autres artistes, tels Aldina Duarte (2), Duarte, Carminho et maintenant Ana Moura n’hésitent pas sur leurs derniers albums à les truffer de leurs propres textes.

«Casa Guillermina» est donc un album dont la quasi-totalité des poèmes est l’œuvre d’Ana Moura ou de Pedro Mafama, ce dernier en assumant la direction musicale. Ce n’est pas, à proprement parler, un album de fado (Pedro Mafama ne vient pas de l’univers du fado) mais un panorama de l’univers musical où habite Ana Moura. Du fado, on en trouve dans certaines inflexions dans la voix d’Ana, dans les interventions de la guitarra magique d’Angelo Freire, le seul musicien de l’orchestre issu du monde fadiste, et dans quelques titres de l’album: «Janela escancarada», reprise un peu plon plon, avec un nouveau texte, de la musique de «A janela do meu peito» composée jadis par Alberto Janes pour Amália Rodrigues, «Classe», sur la musique du vieux fado «Zé Negro» qui méritait mieux que l’arrangement choisi, «Minha mãe», texte d’Ana sur la musique du fado menor, «Nossa senhora das dores», de José Luís Gordo et Carlos Macedo, piliers du «Senhor Vinho», ce «temple» du fado, à l’époque où Ana Moura commençait sa carrière, et «Estranha forma de vida», un chef d’œuvre d’Amália sur la musique du fado bailado (3) chanté ici comme il convient par Ana, malgré un arrangement musical qui fait passer à l’as le côté «bailado» de ce fado.

La veine afro-brésilienne occupe elle aussi une place importante dans l’album où sont présents, parfois ensembles, des sons provenant du Brésil, du Cap Vert et de l’Angola cher à Guillermina. Cet aspect de l’album, intéressant musicalement, inspire visiblement Ana, très à l’aise dans ces musiques. On y trouve aussi (c’est un univers que l’album décrit, rappelons-le, qui contient donc plein de choses) des références aux musiques folkloriques portugaises, dont une courte «Vira Minhota» dans son jus, aux marchas populares lisboètes, quelques chansons inclassables, une chanson interprétée par Pedro Mafama (qui participe aussi à des duos). Bref, une sorte de bric à brac, celui d’Ana Moura, qui ne manque pas de charmes. Pas étonnant, car le charme, Ana Moura, elle en connait un rayon.

Cet album est sorti le 11 novembre au Portugal et devrait arriver en France d’ici peu. Ana Moura commence en janvier une tournée internationale. Elle a souhaité sélectionner des salles plus intimes que lors de ses tournées précédentes, plus adaptées, dit-elle, à l’atmosphère de l’album.

C’est donc au Café de la Danse, à Paris, que nous la retrouverons le 27 janvier. Et si vous voulez un conseil, il vaut mieux ne pas trop tarder pour réserver.

 

Notes:

(1) Ce n’est pas le premier album qui inclut des musiques composées par Ana Moura.

(2) Altina Duarte est une poétesse reconnue, dont des textes figurent aussi au répertoire d’autres artistes.

(3) Composée par le légendaire Alfredo Marceneiro.

 

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LusoJornal