Thibaut de Sá : 1.700 km à pied entre Orléans et Carreço en passant par Saint Jacques de Compostelle

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Le dicton dit : «Vouloir, c’est pouvoir». Dictons que nous tempérons en disant qu’il a parfois une question de santé et peut-être pas que la santé.

Thibaut de Sá n’est pas un grand sportif et pourtant il est en route pour faire 1.700 km à pied entre Orléans et Carreço (Viana do Castelo), en passant par Saint Jacques de Compostelle.

Thibaut, né à Orléans en 1995 possède un Master de recherche en sociologie et anthropologie. Les deux parents sont portugais, son père est né au Portugal et sa mère en France, leur rencontre s’est faite en France même si les familles au Portugal ne sont distantes que de 10 km.

Nous avons voulu savoir plus sur Thibaut de Sá, savoir ce qui l’a motivé, lui qui est parti d’Orléans le 14 avril, sous la pluie.

Ce sont tes grands parents qui sont venus en France? En quelle année?

Mes grands-parents sont arrivés en France dans les années 1960-70. Mon père et ses parents sont arrivés quand il était très jeune, tandis que mes grands-parents maternels sont arrivés avant la naissance de ma mère. Les quatre grands-parents ont travaillé dans l’optique à Orléans.

Tes familiers ont-ils partagé leur histoire avec les enfants et petits-enfants ?

Je ne la connais que très peu, j’ai surtout entendu mes parents parler de leur enfance et mes grands-parents parler de celle de mes parents. Je ne connais que peu l’histoire de mes grands-parents quant au pourquoi et au comment sont-ils arrivés en France.

Tes ancêtres portugais sont originaires d’où au Portugal ?

La quasi-totalité de mes grands-parents sont de la région du Minho. Entre Viana do Castelo et Vila Praia de Âncora.

Comment est venue l’idée de cette marche ?

L’idée de partir faire cette marche m’est venue lorsque je rédigeais mon mémoire de Master. Après avoir voyagé et travaillé brièvement au Brésil lorsque j’avais vingt ans, je suis revenu en France avec l’idée de poursuivre mes études. Puis, lors des deux dernières années de celles-ci, nous avons été confinés et j’ai passé énormément de temps enfermé dans mon appartement de 20m2. L’appel du voyage et de la nature était d’une ampleur grandissante à mesure que je me sentais enfermé et contraint par un ensemble de responsabilités que je portais sur le dos. J’ai toujours aimé voyager et grâce à mes parents j’ai eu la chance d’avoir pu le faire à de nombreuses occasions. Rester enfermé et bloqué par les contraintes que nous impose la société m’a poussé à vouloir entreprendre quelque chose de loufoque, qui ne se fait plus et au cœur de la nature, l’objectif étant de renouer avec la simplicité des choses, de déconnecter des impératifs sociaux et de me réconcilier avec mon esprit.

Comment as-tu fait cette préparation ?

La préparation fut surtout psychologique. J’ai entrepris ce voyage en août et j’ai attendu le retour du printemps pour partir. Il me fallait rassembler tout le matériel et les connaissances nécessaires pour y arriver. Quant à la préparation physique je n’en ai pas fait du tout.

Tu es un sportif ?

A mes heures perdues, le sport a toujours été pour moi un loisir plus qu’autre chose. Surf, skate, snowboard, Capoeira, je n’appréciais faire du sport que lorsque ça m’amusait d’en faire.

Tu fais le chemin de Saint Jacques de Compostelle par conviction religieuse ?

Je dirais que non. Même si je suis baptisé, je n’ai jamais cultivé cette croyance au Christianisme. Cependant, je suis quelqu’un de très spirituel, on pourrait dire que j’ai la foi. Je ne me retrouve simplement pas dans l’héritage culturel que j’ai reçu. Ma foi penche vers l’équilibre harmonieux qui caractérise l’univers, tout est parfait dans la nature. Dieu, pour moi, est en chacun de nous. C’est une énergie qui nous pousserait à faire les choses de la meilleure des manières.

Tes parents et amis, comment ont accueilli ton idée ?

Une partie ne croyait pas que je me lancerais, d’autres, comme ma mère, espéraient que je ne me lance pas (rires). Globalement, mes proches complimentaient la démarche et le projet, je n’ai eu que peu, voire pas du tout, de moqueries ou autres résistances par rapport à ça.

Personne n’a voulu t’accompagner ou c’était un désir personnel d’être seul dans cette aventure ?

Je tenais vraiment à partir seul. Certains m’ont dit vouloir faire un voyage semblable et qu’ils auraient aimé partir avec moi. Mais c’était important pour moi de sortir de ma zone de confort et de le faire seul. De n’avoir personne d’autre sur qui compter que sur moi et ma détermination pour y arriver.

Quel sera le lieu le départ ?

Je pars d’Orléans, de mon portail, jusqu’au portail de chez mes grands-parents maternels à Carreço, proche de Viana do Castelo.

Combien de kilomètres pour cette aventure ?

Initialement je ne pensais devoir faire que 900 km, car j’étais mal informé. 900 km étant la distance du chemin de la voie de Tours. C’est sur le chemin, que j’ai réalisé qu’il me fallait faire au moins 1.500 km, qui sont devenus plutôt 1.700 km car j’ai décidé de faire un détour pour prendre le «Camino del Norte» en Espagne, pour longer la côte.

Surtout des chemins, ceux de Saint Jacques, ou des routes ?

Malheureusement, même les chemins de Saint Jacques passent beaucoup par des routes, surtout sur la voie de Tours, en France. Cependant excepté quelques détours, je ne passe que sur les chemins de Saint Jacques.

Qu’emporte-t-on dans une telle aventure ?

Sachant que je suis en autonomie, je transporte ma nourriture et mon couchage, tente, duvet, etc. Mon sac est plus lourd que celui de beaucoup d’autres qui dorment en refuge ou en gîte. On compte normalement un minimum de 15 kg pour survivre en autonomie, je suis à 14 kg sans eau et sans nourriture. Donc le poids varie de 15 à 18 kg.

Combien de kilomètres fais-tu par jour ?

Entre 20 et 35 km par jour.

Quelles sont les difficultés et les bobos d’une telle aventure ?

Les bobos font partie du quotidien. Les douleurs aux jambes me réveillent chaque nuit et les ampoules rythment la vitesse à laquelle je marche. J’ai aussi eu une cheville fragile à plusieurs moments, sûrement dû à une tendinite au genou que je me suis fais lors des premiers jours.

As-tu fait des rencontres ?

Les rencontres et les beaux moments, comme les mauvais, font aussi partie du quotidien. Avant d’arriver dans le sud de la France je n’ai croisé que 4 pèlerins en 1 mois. Nous suivions le même chemin et nous nous retrouvions souvent aux grandes étapes ce qui rendait les rencontres très intenses et les échanges très beaux et profonds. J’ai pu faire de merveilleuses rencontres aussi dans les villes que je traversais, il était rare que je reste seul au café lorsque je prenais une pause. Être seul ouvre la porte aux rencontres, les gens sont plus avenants avec toi, on te pose des questions, on te complimente et c’est un moteur puissant dans la poursuite de l’aventure. J’ai pu passer quelques soirées à camper avec d’autres voyageurs ou à marcher plusieurs heures en compagnie d’autres marcheurs et je n’ai jamais eu de mauvaises expériences. Que de belles histoires.

Partages-tu ton aventure sur les réseaux sociaux, ta famille et amis essayent de te suivre ?

Je partage des vlogs quotidiennement sur mon compte tiktok (@need_a_walk). Un grand nombre de mes proches suivent mes aventures, certains ont même créé un compte pour le faire ! En plus de mes proches, d’anciens pèlerins aiment me suivre et commenter mes vidéos pour ressasser leur expérience ou partager ce qu’ils ont vécu. D’autres aussi qui projettent un tel voyage échangent avec moi sur les réseaux et je prends un malin plaisir à partager ce que je vis !

Dans cette aventure il n’y a pas un certain désir de revenir aux sources familiales, aux origines de tes ancêtres ?

D’une certaine manière oui. Même si je vois les choses d’une manière plus générale. Un bond dans l’histoire à une époque où voyager n’était pas aussi simple que d’aller à l’aéroport. Ce voyage est pour moi une grande introspection, d’une part il me permet de relativiser la facilité de notre quotidien moderne et de renouer avec la simplicité des belles choses que l’on a perdu en cours de route. Rejoindre le Portugal depuis la France est aussi un voyage qui retrace ma propre histoire, les aller-retours au Portugal l’été, le passage à Tours, ville de mes études, ou à Bordeaux ville dans laquelle j’ai beaucoup apprécié vivre quelques mois à une époque. Faire le «salto» à l’envers pour retourner aux sources oui, mais une source familiale un peu moins. Cependant effectivement, c’est un retour aux sources, à la vie de nos ancêtres et pas seulement aux miens.

Profites-tu pour ici et là faire un peu de tourisme ?

Bien sûr! Je suis passionné d’art et d’architecture et j’adore l’histoire. J’essaye de m’intéresser à l’histoire des villes que je traverse et de comprendre pourquoi elles sont importantes pour le chemin de Saint Jacques. J’aime aussi beaucoup remarquer les différences entre les régions qu’elles soient naturelles ou culturelles.

Le repos se fait dans des camping, auberges pour les aventuriers des chemins de St Jacques ?

Pour une majorité des pèlerins, ils se font en gîte ou en refuge, je n’ai personnellement croisé personne avec une tente ! Pour ma part, excepté 4 ou 5 nuits au sec et avec une bonne douche chaude en refuge/gîte, je n’ai fait que camper.

Quand penses-tu arriver ?

J’aimerais arriver début juillet au Portugal, mais comme je le dis souvent à mes rencontres sur le chemin : j’ai hâte d’arriver, mais je ne suis pas pressé par le temps ! Si cela doit durer un mois de plus, qu’il en soit ainsi.

Thibaut de Sá est actuellement aux alentours de Bilbao, en Espagne. Un jeune homme formé en sociologie et anthropologie. Une mise en pratique dans ce voyage ?

Vous pouvez suivre l’aventure de Thibaut sur son compte : TikTok (@need_a_walk).

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