Livre : Et si les intellectuels brésiliens avaient influencé leurs homologues français ?


Les idées les plus iconiques des sciences sociales françaises auraient-elles pu se développer sans l’influence des intellectuels brésiliens ? L’ouvrage «Les Termes de l’Échange» répond à cette question. Ce livre est le tout premier du chercheur allemand Ian Merkel, traduit par Laure Elisabeth Collet aux éditions Le Poisson Volant (lire ICI), une maison d’édition aixoise spécialisée dans la traduction et passionnée par la culture lusophone, cet ouvrage constitue une véritable surprise littéraire.

Ian Merkel, un auteur dédié

Ian Merkel s’est spécialisé dans les études françaises et son histoire à l’Université de New York et en Philosophie à l’Université de São Paulo où il a respectivement obtenu un double doctorat en 2018.

Il voit enfin l’occasion de concilier ses recherches et son expérience en un livre qui se prête au jeu de soutenir une vision peu usitée des échanges scientifiques en sciences sociales entre la France et le Brésil.

Un livre inédit

Le chercheur explore l’idée que les sciences sociales françaises sont influencées par les sciences sociales brésiliennes. Cet angle d’étude a le mérite d’être inédit puisque l’historiographie reconnaît une forte influence des universitaires français, ce qui n’est pas le cas pour l’influence outre-Atlantique que Ian Merkel cherche à démontrer.

À travers des penseurs modernistes brésiliens de l’Université de São Paulo Merkel retrace les réseaux qui unissaient Claude Lévi-Strauss, Fernand Braudel, Roger Bastide ou encore, Pierre Monbeig, aux chercheurs brésiliens tels que Mário de Andrade, Gilberto Freyre, Caio Prado. Jr. et Florestan Fernandes.

Selon Philippe Descola, professeur émérite au Collège de France, «cet essai est finement argumenté et remarquablement documenté». En effet, d’après lui, Ian Merkel explore avec brio un épisode peu connu de 1939 : l’histoire intellectuelle transatlantique à travers la dialectique des échanges entre un petit groupe de professeurs français pas encore célèbres, invités avant-guerre par leurs homologues brésiliens, à l’Université de São Paulo. Le grand mérite de ce livre, ajoute-t-il, est de «mettre en lumière le poids de leur expérience brésilienne sur les savants français, qui ont par la suite, transformé en profondeur les sciences sociales françaises».

Une traduction élaborée

Cette thèse sur l’influence brésilienne portée par Ian Merkel est, sans nul doute, un ouvrage à découvrir, et encore plus quand celui-ci a été rendu plus accessible par la traduction de l’anglais grâce à l’éditrice elle-même, Laure Elisabeth Collet.

Un livre à lire et à relire pour ceux qui s’intéressent aux sciences sociales, mais aussi à l’approche sociologique d’une influence peu connue.

LusoJornal