Fado : Duarte revient à Paris


Il y a dix ans, Duarte débarque pour la première fois à Paris, au Théâtre du 20ème. «Inconnu au bataillon», il a le culot d’y enchaîner sept concerts de suite… et il y vient du monde. On découvre alors ce jeune trentenaire, grand blond dégingandé aux longs cheveux en bataille, auteur, compositeur souvent, honorable violiste et donc chanteur de fado, passé par la rude école du ‘Senhor Vinho’, grande maison de fado lisboète où se formèrent ou s’illustrèrent aussi nombre de figures majeures du fado d’aujourd’hui, Aldina Duarte, Camané, Mariza, António Zambujo, Ana Moura, Gisela João…, et où Duarte continue toujours à se produire en fin de semaine, où nous l’avons rencontré il y a quelques mois, tout comme il poursuit ses activités de psychologue clinicien auprès de personnes en difficulté.

Les années suivantes, Duarte revint souvent en France, tant à Paris que lors de tournées un peu partout dans le pays. Il se fit plus rare ces dernières années – Covid oblige – mais poursuit la création de son univers musical et poétique. Son dernier album, sous le signe de l’empathie, mais ne négligeant pas de dénoncer la marchandisation croissante du fado, altérant la qualité des textes, incitant les artistes à céder à la facilité de suivre les canons du marché, fut une démonstration d’une conception du fado exigeante, prenant en compte aussi bien le meilleur des traditions fadistes que la nécessité de son évolution. Pour celui qui va sortir en novembre, et dont il présentera des extraits lors de son prochain concert parisien.

C’est donc le 17 octobre que Duarte retrouvera le public parisien salle Cortot. Un lieu confortable, doté d’une belle acoustique, qui accueille le plus souvent des concerts de musique classique, mais consent parfois à s’ouvrir à d’autres univers musicaux (j’y entendis ainsi, voici quelques décennies, Earl Hines, l’un des géants du piano jazz).

Il y sera accompagné par d’éminentes figures de la scène fadiste lisboète : Pedro Amendoeira, avec qui il travaille depuis longtemps, à la guitarra, João Filipe, digne représentant de la nouvelle génération musicale du fado, à la viola, et le très sûr Carlos Menezes à la viola baixa.

«Venham mais vinte», son nouvel album, devait être, nous dit-il «une réflexion sur mes vingt années de carrière, reprenant certaines de mes chansons, avec parfois des changements dans les accompagnements et y ajoutant quelques créations nouvelles. Au fil de la préparation de l’album, j’ai éprouvé, puis renforcé, un thème commun. Après ‘No lugar dela’, un cd basé sur l’empathie, ‘Venham mais vinte’ devient un cd sur la vulnérabilité. Dans une époque où la notion de force est socialement, et même politiquement, très valorisée, la personne ‘vulnérable’ est le plus souvent décrite comme fragile, victime, blessée. Mais la vulnérabilité ne doit être seulement faiblesse, mais aussi et avant tout, courage. ‘Venham mais vinte’ est une recherche de la beauté de la vulnérabilité».

Très intello, tout ça, penseront certains. Psychologue, Duarte connaît bien, cliniquement, la vulnérabilité de ses patients. Mais Duarte est aussi poète, et il sait transcender les analyses cliniques ou sociales, pour faire émerger, avec toute la simplicité d’une langue claire, pure, les beautés, la poésie de la faiblesse humaine. De l’ombre peut sortir la lumière. Car Duarte est un type optimiste et joyeux. Un concert à ne pas manquer, donc.

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Le jeudi 17 octobre, 20h30

Salle Cortot

78 rue Cardinet

75017 Paris

Infos: 01.48.24.16.97

LusoJornal