Nathalie de Oliveira retrouve une place au sein du Parti Socialiste français

Figure engagée entre la France et le Portugal, Nathalie de Oliveira fait son retour dans les instances nationales du Parti Socialiste français. Elle vient d’être nommée membre de droit du Conseil national et du Bureau national des adhésions (BNA).

Installée en Lorraine, cette militante socialiste franco-portugaise entend aujourd’hui renforcer sa présence dans la vie politique française. Elle nous a accordé un entretien dans lequel elle revient sur ce nouvel engagement, sa vision du PS et les enjeux à venir pour le parti.

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Vous êtes membre de droit du Conseil national du Parti socialiste et du Bureau national des adhésions. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Le Conseil national, c’est l’organe central de débat et de décision du Parti socialiste. Il se réunit régulièrement, parfois toutes les semaines quand l’actualité l’exige, et il joue un rôle clé, surtout dans un contexte où la majorité d’Olivier Faure reste fragile. Le Bureau national des adhésions, lui, s’occupe de veiller au bon déroulement des campagnes d’adhésion et à leur encadrement. Faire partie de ces deux instances, c’est un honneur. Pour n’importe quel militant, pouvoir participer aux discussions, intervenir, même brièvement, au sein d’un espace où siègent plus de 300 personnes, c’est déjà une forme de reconnaissance. Et c’est aussi une manière concrète de peser, à mon niveau, sur les orientations du parti.

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En France nous avons un parti socialiste qui a connu beaucoup de difficultés, quel regard vous portez sur son évolution ?

On me demande souvent : «Mais tu es encore au Parti Socialiste français ?» Oui, parce que je suis fidèle à mes convictions. Cela dit, il faut être lucide : on n’a toujours pas gagné une élection nationale. Avec seulement 65 Députés sur 577, on ne peut pas dire que le PS est en forme. Depuis quelques temps je travaille avec Philippe Brun qui est notamment à l’origine du texte du nouveau socialisme qui est fidèle aux racines et qui essaye de repousser le logiciel. Un texte qui donne des preuves de ce que peut être l’idée socialiste, ça a été accepté par une grande partie qui est l’opposition interne à Olivier Faure qui ne voulait plus d’accord avec LFI (La France Insoumise). Les mois à venir seront décisifs, surtout avec les municipales. Le parti doit se réorganiser et nous aurons un Conseil National là-dessus pour porter les candidatures les plus capables et les plus en capacité de regagner les villes où le PS et d’autres partis de gauche étaient en responsabilité. Mais il est vrai qu’on n’a jamais commencé à préparer les municipales aussi tard, on est à 6, 7 mois.

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À gauche on a l’impression qu’il n’y a aucune figure forte qui s’affirme, qu’en pensez-vous ?

C’est un vrai problème. Il nous manque une incarnation, quelqu’un qui suscite l’intérêt, la confiance, et qui porte des idées de façon claire. Aujourd’hui, beaucoup de Français attendent une personnalité forte, identifiable, capable de défendre les valeurs de gauche avec conviction. Au PS, on a plein de gens compétents, engagés, sympathiques… mais le grand public ne les connaît pas. Même ceux qu’on voit régulièrement dans les médias n’ont pas encore réussi à émerger aux yeux des citoyens. Finalement, la seule figure un peu identifiée, c’est Olivier Faure. Et ces dix dernières années, personne n’a vraiment su occuper cette place, ou s’imposer durablement.
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On parle beaucoup de Raphaël Glucksmann comme figure montante de la gauche. Vous y croyez ?

Aujourd’hui, il a clairement plus de chances qu’Olivier Faure. Les gens semblent plus attirés par une personnalité qui incarne des causes et suscite la confiance. Raphaël Glucksmann a cette capacité à parler à une partie de la gauche, notamment à travers Place Publique, qui fonctionne différemment d’un parti traditionnel. C’est une structure plus souple, plus ouverte, qui a su capter l’attention de nombreux sympathisants. Mais pour autant, il n’a pas encore réussi à cristalliser l’ensemble de la gauche. Il incarne une sensibilité, oui, mais pas encore une majorité.

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Le Nouveau Front Populaire a marqué les dernières élections. Croyez-vous qu’une nouvelle alliance de gauche pourrait fonctionner en 2027 ?

Il faut y croire, mais surtout il faut travailler pour que ça fonctionne. L’union de la gauche ne peut pas être purement électorale, elle doit reposer sur un véritable projet commun. Personnellement, je n’ai rien contre les autres partis de gauche, mais je ne pense pas qu’une nouvelle alliance puisse inclure La France Insoumise en l’état. Après ce qu’on a vu ces derniers mois, il faudrait un vrai retour en arrière sur certains positionnements, voire des excuses. Il y a eu des stratégies électorales qui, pour moi, ne sont pas compatibles avec un projet commun de gauche. Je suis favorable à une union, mais à condition qu’elle repose sur des bases claires : une charte de valeurs, un programme partagé, et un engagement sincère de chacun. C’est difficile, mais pas impossible. C’est aussi ce combat que je mène au sein de l’opposition interne du Parti Socialiste et du Conseil national. Et même si un accord venait à se construire, ce qui me semble incertain, il resterait une question majeure : qui pourrait incarner cette union ? Aujourd’hui, personne ne fait consensus. Et tant qu’il n’y aura pas de figure capable de rassembler, l’union restera fragile.