Nathalie de Oliveira : une voix de la diaspora au cœur du Parti socialiste portugais

Portugaise installée en France depuis l’enfance, Nathalie de Oliveira a su tisser un parcours politique singulier entre les deux rives. Ancienne Députée à l’Assemblée de la République, à Lisboa, elle poursuit aujourd’hui son engagement au sein du Parti socialiste portugais (PS), où elle occupe une fonction stratégique : membre du Secrétariat national des femmes portugaises de l’étranger. Forte de son expérience institutionnelle et de sa connaissance du terrain, elle incarne une passerelle active entre le Portugal et sa diaspora, tout en contribuant à faire entendre les préoccupations des Portugais de l’étranger dans le débat national.

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Vous êtes à la tête de la Section du Parti Socialiste portugais à Metz. Comment s’organise cette Section et combien d’adhérents comporte-t-elle ?

La Section du Parti socialiste portugais à Metz compte actuellement 122 militants, et j’ai encore une cinquantaine d’adhésions en attente. À une époque où beaucoup de sections à l’étranger peinent à se maintenir, c’est une vraie fierté de voir la nôtre aussi dynamique.

Nos membres viennent en grande partie du milieu associatif, ce qui apporte une vraie richesse à notre fonctionnement. D’ailleurs, parmi les nouvelles adhésions, on observe une majorité de femmes, ce qui est aussi très encourageant.

La Section est structurée comme le prévoient les statuts, avec un bureau composé d’une dizaine de personnes. Je suis notamment épaulée par Hugo Lapinha, mon numéro 2. On se réunit régulièrement en visioconférence et échange très souvent pour faire avancer nos projets. Cette année, nous avons organisé deux grandes réunions en présentiel avec l’ensemble des militants.

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Avez-vous remarqué une affluence de jeunes qui s’intéressent à la politique au sein de votre Section du PS à Metz ?

Pour être honnête, non. Je n’ai pas encore réussi à rajeunir véritablement la section. Sur la dernière vague d’adhésions, il y a quelques jeunes, mais cela reste marginal. Ils nous ont rejoints, notamment parce qu’ils n’ont pas compris ce qu’il s’est passé lors des dernières élections, ce qui a éveillé leur intérêt politique.

Cela dit, j’ai tout de même quelques jeunes sympathisants autour de la section. Je pense par exemple à des passionnés de football, qui suivent de loin la politique portugaise et qui se mobilisent surtout lors des grands moments électoraux.

Il est clair qu’il reste un travail à faire de ce côté-là. Ce que je constate, c’est que des partis comme Chega ont su investir les réseaux sociaux, notamment TikTok, et parler aux jeunes avec des codes qu’ils comprennent. Ils ont compris comment capter cette génération. C’est un vrai sujet de réflexion pour nous.

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Comment jugez-vous la situation actuelle du Parti Socialiste Portugais ? Notamment après ces dernières élections où vous arrivez en troisième force politique, derrière l’extrême droite ?

Je pense que le Parti Socialiste portugais est en train de vivre un épisode semblable à d’autres Partis Socialistes en Europe. Le PS affronte des problèmes que d’autres Partis ont déjà affrontés comme ici en France.

Pendant 30 ans, nous avons eu la même incarnation. Même si le PS portugais a su toujours regénérer, je pense à la jeunesse socialiste dans les municipalités. Il n’existe pas de renouvellement générationnel véritable, il n’y a pas de logiciel nouveau. On n’a pas réadapté la question des principes et des valeurs à des vrais projets.

En 30 ans, le PS a gouverné pendant 22 ans. Il y a eu quand même des succès : ils ont eu la question de la revalorisation du salaire minimum, du salaire moyen. La question des remboursements de santé. La refonte du système de l’éducation nationale face aux écoles privées. Même si les gens ont conscience des conquêtes il existe un système d’usure qui est lié aux incarnations, et aussi au fait qu’on radote.

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Pensez-vous que Pedro Nuno Santos était un bon choix pour le Parti Socialiste Portugais ?

Pedro Nuno Santos a assumé pleinement la défaite du Parti Socialiste et toute la responsabilité qui l’accompagne. Pourtant, deux éléments majeurs jouaient en sa défaveur dès le départ : d’un côté, la montée inquiétante de l’Extrême Droite, et de l’autre, l’usure naturelle d’un parti au pouvoir depuis plus de vingt ans.

Sur la motion de confiance, on lui avait conseillé de ne pas voter contre, mais il a pris une décision politique qui lui appartenait. Peut-être que cela aurait permis de gagner un peu de temps, de tenir encore un an.

Nous avons soutenu sa candidature, ici à Metz, comme la majorité des Sections socialistes d’Europe. Pedro Nuno Santos a un côté impulsif, un tempérament marqué, qui contraste avec le climat politique actuel et c’est aussi ce qui a séduit. Son discours ferme face à l’Extrême Droite était juste, fort et nécessaire. À l’inverse, José Luís Carneiro incarnait une ligne plus modérée, plus consensuelle, avec cette volonté que tout se passe toujours bien. Deux styles très différents.
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Quelle leçon peut-on tirer du dernier Gouvernement de Gauche sous la responsabilité d’António Costa ?

Moi, je le défends. Il a un vrai bilan et je sais ce que c’est que de vivre entre la détestation et l’adoration. On ne peut pas lui retirer ce qu’il a accompli. En 2013, j’avais soutenu António José Seguro, comme beaucoup en France d’ailleurs. Mais il faut reconnaître qu’António Costa a réussi quelque chose d’historique : l’union de la Gauche. Cela n’a rien d’anodin, c’était un travail de tous les jours, parfois très complexe.

Son parcours est marqué par la résilience, la détermination, des choix politiques forts. Bien sûr, il y a eu des erreurs, personne n’est parfait, mais dans l’ensemble, les Portugais reconnaissent le travail réalisé.

Sur la question de la démission, certains pensent qu’il avait déjà les yeux tournés vers le Conseil Européen. Mais je ne pense pas. Ça reste un Portugais très attaché au Portugal et je pense qu’il aurait aimé finir les deux dernières années de son mandat. C’est quelqu’un qui va jusqu’au bout des choses.