Lusa | Diogo BaptistaFeux de forêt au Portugal : toujours la même rengaine…António Marrucho·Opinião·2 Agosto, 2025 Chaque été, ou presque, les flammes ravagent le Portugal. À qui la faute ? Les réponses sont multiples, les solutions, elles, sont bien plus difficiles à trouver. D’un certain optimisme, on passe souvent à un pessimisme résigné. L’été 2024 avait laissé espérer un tournant : peu d’incendies au Portugal, alors que le reste de l’Europe brûlait. On pensait que des solutions étaient enfin trouvées. Mais l’été 2025 nous a brutalement rappelé que le problème est loin d’être résolu. La désolation est là. Et pourtant, les conditions pour un été à haut risque étaient réunies : un hiver et un printemps très pluvieux, propices à la croissance d’une végétation abondante. Puis, la chaleur est arrivée, la végétation a séché… et le combustible était prêt. Ajoutez à cela les fortes chaleurs, les vents violents et la prolifération de l’eucalyptus : un cocktail explosif. Fin juillet, on comptait déjà trois fois plus d’hectares brûlés que pour toute l’année 2024. L’an dernier, lors d’une conversation avec un exploitant forestier portugais, je lui ai fait part de cette idée reçue : les forestiers seraient souvent tenus responsables des incendies. Sa réponse fut immédiate : «Comment peut-on nous culpabiliser ? Brûler la forêt, c’est compromettre notre avenir ! On a besoin de travailler en continu, pas par à-coups. Un incendie, c’est plus de travail d’un coup, des prix en baisse, et une perte de qualité pour bois de menuiserie et charpente, bien plus nobles et intéressant au niveau économique». Le problème, c’est aussi l’économie. Le petit producteur, qui constitue la majorité des propriétaires, n’a souvent pas d’autre choix que de planter de l’eucalyptus. C’est rentable : ça pousse vite. Mais c’est une essence hautement inflammable. Historiquement, le Portugal est le royaume du pin maritime. On se souvient tous du roi D. Dinis et de sa fameuse forêt de Leiria. Pourtant, aujourd’hui, le pin peine à concurrencer l’eucalyptus. Un exemple édifiant : un sapin de 15 mètres (20 ans de croissance) se vend entre 15 et 25 euros. Mais son entretien coûte cher. Nettoyage annuel, coupe, débroussaillage… Le calcul est vite fait. Beaucoup de propriétaires préfèrent abandonner ou vendre. Certains vont même jusqu’à dire qu’ils regrettent d’avoir des terrains boisés, tellement la gestion est coûteuse et source de préoccupations. Peut-on sérieusement espérer une gestion durable sans aide publique ? L’État devrait non seulement subventionner le nettoyage des forêts privées, mais aussi donner l’exemple en entretenant ses propres terres. Sinon, comment convaincre les particuliers de faire leur part ? C’est une donnée terrible : 80% des incendies au Portugal sont provoqués par l’homme. Imprudence, négligence, actes criminels… Comment enrayer ce «terrorisme à la portugaise»? Les incendiaires sont rarement pris sur le fait. Et lorsqu’ils le sont, sont-ils vraiment punis ? Où sont les bracelets électroniques pour surveiller les récidivistes ? Fait-on tout ce qu’il faut pour dissuader ? Et si on réintroduisait les cendriers dans les voitures ? Cela éviterait peut-être qu’un simple mégot jeté par la fenêtre ne provoque un désastre. Un petit geste, aux conséquences potentiellement énormes. Il nous vient à la mémoire l’un des premiers articles de LusoJornal édité sur internet, nous étions le 18 juin, le drame de Pedrogão Grande était en cours et nous ne connaissions pas encore toute l’ampleur. Depuis il y a eu des évolutions. Toutefois a-t-on tiré toutes les leçons de ce drame ? (lire ICI).