Alexandra Custódio, lider du PSD Rhône-Alpes : «Là où il y a un Portugais, il y a le Portugal»

Engagée depuis plus de vingt ans dans la vie politique locale en France et dans la communauté portugaise de l’étranger, Alexandra Ribeiro-Custódio défend une vision transnationale de la citoyenneté. Elle revient pour nous sur son parcours, ses combats et l’état actuel de sa section du Parti Social-Démocrate (PSD) à Saint-Étienne.


Vous êtes engagée depuis plus de vingt ans. Comment votre parcours politique a-t-il commencé ?

Je me suis engagée en politique en 2001, lors de mon premier mandat d’élue à la Ville de Saint-Étienne. Mon engagement en France m’a beaucoup aidée à m’investir politiquement aussi au Portugal. J’ai longtemps côtoyé Carlos Gonçalves et la Communauté portugaise, notamment par le biais du monde associatif. Comme je suis moi-même fille d’émigrants, je suis arrivée en France à l’âge de six ans, il m’a toujours semblé important de faire le lien entre les Portugais vivant en France et ceux restés au pays.

Vous sentez-vous plus française, portugaise ou les deux ?

Je n’ai pas du tout envie de choisir. Je me sens européenne, française et portugaise à la fois. C’est d’ailleurs pour cela que je considère essentiel de rester connecté à la vie politique du Portugal.

Pourquoi avoir choisi le Parti Social-Démocrate (PSD) ?

Le PSD est le parti qui correspond le plus à mes valeurs : l’humain, l’économie et surtout la reconnaissance de la diaspora portugaise. Le Portugal, ce n’est pas seulement le territoire national. C’est aussi toutes les Communautés portugaises à l’étranger. J’aime beaucoup cette phrase : “Là où il y a un Portugais, il y a le Portugal.” Et je pense que le PSD est le parti qui défend vraiment cette vision.

Vous êtes aujourd’hui la responsable de la section PSD de Saint-Étienne et de la région Rhône-Alpes. Depuis quand occupez-vous ce poste ?

Cela fait environ neuf ans. J’ai pris le relais naturellement, dans la continuité du travail commencé en 2001 par les anciens militants de la section. Mon rôle, c’est de maintenir la mobilisation sur le terrain et les partenariats, notamment à l’époque avec l’UMP. J’ai toujours essayé de créer des passerelles pour que les Portugais de l’étranger s’inscrivent sur les listes électorales et prennent conscience que leur voix compte, que ce soit ici ou au Portugal.

Quel est l’état actuel de votre section en termes d’adhésion et de mobilisation ?

Cela varie d’une année à l’autre. Il y a eu une baisse notable il y a trois ou quatre ans, notamment quand le PSD était moins présent au pouvoir. Mais depuis l’arrivée de Luís Montenegro à la tête du parti, on regagne des adhérents. Actuellement, nous avons entre 300 et 350 militants, dont une centaine à jour de cotisation. Lors des élections, on parvient à mobiliser l’ensemble des militants, notamment pour relayer les campagnes et soutenir les travaux parlementaires au Portugal.

Pensez-vous qu’il existe une forme de fragilité dans les Sections à l’étranger, malgré les bons chiffres que vous affichez dans votre région ?

Oui, on peut parler d’une certaine fragilité. Même si nous comptons entre 300 et 400 sympathisants dans la région Rhône-Alpes, ce n’est finalement pas beaucoup si l’on compare à la taille de la Communauté portugaise en France. Cela dit, ces sympathisants sont de véritables militants. Ils sont impliqués, ils participent, car il y a des projets concrets derrière. C’est vraiment le projet qui mobilise. La région Rhône-Alpes est vaste, donc il faut aller chercher les gens, créer du lien. Heureusement, notre parti bénéficie d’une image positive, avec une vraie dynamique d’avenir. Je pense que Luís Montenegro a apporté un souffle nouveau. Un souffle qu’il faut encore renforcer. Il faut notamment faire monter davantage de jeunes et surtout de femmes en responsabilités. Je trouve que les femmes ne sont pas assez représentées au sein du PSD, en particulier celles issues des Communautés portugaises à l’étranger. C’est un vrai manque. Et pourtant, je crois sincèrement que les femmes ont une manière différente de s’adresser à la jeunesse. Si on avait plus de femmes engagées et visibles, je suis convaincue qu’on verrait plus de jeunes s’impliquer aussi.

Parvenez-vous à mobiliser les jeunes autour de la politique, notamment ceux issus de la diaspora ?

Oui, mais il faut les toucher autrement. Grâce à mon mandat d’élue municipale, à mes campagnes, aux programmes comme les Jeunes Ambassadeurs en Rhône-Alpes ou encore via le Business Club, j’ai pu attirer des jeunes en leur parlant de leur avenir professionnel, de stages, de formations. Je leur explique qu’ils sont citoyens européens, qu’ils doivent s’intéresser à la fois à l’Europe, à la France et au Portugal. Je leur dis aussi que connaître et parler le portugais peut leur ouvrir des portes, pour les études ou le travail. S’engager, c’est aussi ne pas oublier d’où l’on vient.

Sont-ils aussi investis dans le fonctionnement quotidien du parti ?

C’est plus compliqué. Ils s’impliquent sur des projets ou des campagnes spécifiques, mais sur le fonctionnement quotidien du parti, c’est plus difficile. Ils ont parfois du mal à en voir le sens. Mais le message que je porte, et que le PSD m’aide à porter, c’est justement celui de la citoyenneté européenne : en votant au niveau européen, on influence aussi le national et le local.

Pensez-vous qu’Emídio Sousa, nommé Secrétaire d’État aux Communautés portugaises, est un bon choix de la part de Luís Montenegro ?

J’ai regardé son parcours, et je n’ai pas d’a priori. Je préfère toujours juger les gens sur leurs actes. Ce que je peux dire, c’est que c’est une bonne chose de voir de nouvelles têtes arriver. Parfois, quand on reste trop longtemps dans une fonction, une certaine routine s’installe, et on perd en objectivité. Le regard extérieur devient alors nécessaire. Je ne suis pas certaine qu’Emídio Sousa connaisse déjà très bien les Communautés portugaises de l’étranger, même s’il a une solide histoire politique. Maintenant, il doit s’imprégner de cette réalité. J’espère que cela permettra au Parlement portugais de mieux considérer la place des Portugais de l’étranger. Pendant longtemps, des figures comme José Cesário ou Carlos Gonçalves avec qui j’ai beaucoup travaillé ont porté cette cause presque seuls. Ils se débattaient pour faire entendre la voix de la diaspora, souvent avec l’impression que le Parlement disait en substance : «Ce ne sont que des Portugais de l’étranger, ce n’est pas si important». Donc l’arrivée d’une nouvelle personnalité, c’est aussi reconnaître que ce sujet ne doit pas dépendre uniquement de deux ou trois personnes engagées, mais qu’il s’agit d’une réalité incontournable du Portugal d’aujourd’hui. J’espère vraiment que cette ouverture apportera plus de reconnaissance à la contribution des Portugais de l’étranger, notamment ceux de France. Je suis dans l’attente. Je ne veux pas en dire du mal, ni en faire l’éloge trop vite. Attendons de voir ce qu’il fera concrètement.