Patrice D’Arras (Indépendant) se présente pour la 5ᵉ circonscription des Français de l’étrangerEmanuel Guedes·Política·25 Setembro, 2025 Élection du Député de la 5ème circonscription des Français de l’étranger (qui regroupe notamment le Portugal, l’Espagne, Andorre et Monaco) : 16 candidats sont en lice pour ce scrutin partiel. Le premier tour aura lieu le 28 septembre et le second tour, le 12 octobre. Cette nouvelle élection intervient après l’invalidation par le Conseil constitutionnel de l’élection de Stéphane Vojetta, en raison d’irrégularités dans ses comptes de campagne. C’est dans ce contexte que Patrice D’Arras présente son parcours, son engagement politique, ses priorités pour la circonscription et ses attentes pour ce scrutin au LusoJornal. . Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? J’ai une femme espagnole, et il y a quatre ans nous nous sommes installés en Espagne, dans une petite ville qui s’appelle Terrine, dans la région de Murcie, en pleine campagne. Comme beaucoup de Français de l’étranger, j’ai dû me réinventer. Avant cela, j’avais touché à énormément de secteurs et de métiers : du contrôle de gestion à la direction de journée, en passant par l’armée – je suis officier dans les forces interarmées – mais aussi les laboratoires pharmaceutiques, les médias… Bref, des expériences très variées. En Espagne, j’ai décidé de me lancer sur les réseaux sociaux. En janvier dernier, j’ai commencé à parler de politique, même si j’avais déjà eu auparavant une chaîne consacrée à la géopolitique. Aujourd’hui, je parle de politique, de rhétorique, de stratégie, de développement personnel… mais on revient toujours à la politique. Et la chaîne marche très bien : la progression est exponentielle. J’ai aussi des valeurs très fortes. Quand j’ai vu que Stéphane Vojetta avait été écarté par le Conseil constitutionnel, j’ai suivi les dernières élections partielles et j’ai trouvé ça très curieux : avec seulement 2.000 voix, on pouvait passer le premier tour. Et là, je me suis dit : moi qui parle de politique sur ma chaîne, moi qui suis impliqué, qui ai la France dans le sang et qui aime réfléchir aux problématiques des Français… pourquoi ne pas me lancer ? Alors je me suis lancé. . Quel est le nom de votre suppléant et quel est son parcours ? Mon suppléant, Pierre de Conihou, vit près de Lisboa. Je l’ai choisi parce que c’est un entrepreneur dans la tech, spécialisé notamment en intelligence artificielle et en blockchain. Cela correspond parfaitement à ma philosophie : simplifier, mais aussi penser le monde – et la politique – à la lumière des évolutions technologiques que nous connaissons aujourd’hui. Je suis convaincu qu’un changement de paradigme est en cours en politique. Grâce aux réseaux sociaux, et avec le soutien de l’intelligence artificielle, quelqu’un comme moi peut aujourd’hui exister et être entendu beaucoup plus facilement qu’auparavant. C’était donc essentiel pour moi de m’entourer de quelqu’un de compétent dans ces domaines, capable de répondre avec moi aux problématiques des Français de l’étranger, en particulier grâce à la technologie. . Avez-vous un lien avec le Portugal ? Personnellement, je n’ai pas de lien direct avec le Portugal. En revanche, mon suppléant, oui, puisqu’il y vit, près de Lisboa. . Sous quelle forme vous présentez-vous à cette élection et bénéficiez-vous d’un soutien particulier ? Je me présente justement dans cette philosophie : aujourd’hui en France, on fait face à une véritable problématique, celle du blocage politique. L’une des grandes raisons, c’est cette logique de blocs : les Députés entrent dans des partis, et doivent ensuite voter selon les consignes de ces partis. On est loin de ce que devrait être la politique, comme dans l’Athènes d’antan, où chacun proposait des idées, et où, par la rhétorique et les arguments, on essayait de convaincre les autres. Si l’idée était bonne, elle passait. Aujourd’hui, nous n’en sommes plus là, et c’est un vrai problème. C’est pour cela que je revendique une candidature trans-partisane. Je crois que si davantage de Députés trans-partisans siégeaient à l’Assemblée, nous pourrions casser cette logique de bloc et remettre les idées au centre, plutôt que des affiliations politiques qui enferment et obligent à voter dans un sens ou dans un autre. Bien sûr, j’ai des valeurs et des idées politiques, et si je devais les situer, je les rattacherais globalement au gaullisme. En fait, il y a deux choses qui font que ma candidature est un peu originale. La première, c’est que je vais défendre les Français de l’étranger, ce que tous les autres candidats disent également. C’est notre rôle en tant que Député, mais j’y ajoute deux points importants. Le premier, c’est qu’un Député pèse très peu à lui seul : sur 577, c’est 0,2%, ce qui ne pèse pas lourd. Mais grâce aux réseaux sociaux, qui sont justement mon point fort, on peut faire remonter les problématiques des Français de l’étranger beaucoup plus efficacement. On peut profiter de l’agora qu’offrent ces réseaux pour avoir une voix qui porte, et même un Député trans-partisan peut avoir une voix très forte s’il utilise ces outils correctement. Le deuxième point, c’est que grâce à ces réseaux, je peux également faire circuler l’information de manière transparente : expliquer ce qui se passe “là-haut” et la redescendre auprès des Français de l’étranger. Dès le début de ma candidature, j’ai annoncé que je voulais signaler quand il y a un problème dans la machine, raconter ce qui se passe et transmettre l’information via mes réseaux. C’est un angle original, qui ne consiste pas seulement à proposer une mesure concrète, mais à défendre une philosophie et à répondre à de nombreuses problématiques simultanément. . Quelle est votre réaction à la décision du Conseil constitutionnel d’invalider l’élection de Stéphane Vojetta suite à des irrégularités dans ses comptes de campagne ? Je ne connais pas personnellement Stéphane Vojetta, mais je sais qu’il est apprécié. En ce qui concerne le Conseil constitutionnel, moi, je trouve ça quand même assez dur, la décision qui a été prise, parce qu’on connaît beaucoup d’autres domaines dans lesquels, au contraire, on est plutôt coulant dans la politique française, et là, ça a été très radical. Je trouve qu’on confond parfois un petit peu les combats, et que ce n’est pas nécessaire d’être si dur sur des démarches purement bureaucratiques et administratives. . Quelles sont vos priorités et les idées principales que vous souhaitez défendre pour les Français de la 5ème circonscription de l’étranger ? Vu l’état de la France, et notamment la crise financière qu’elle traverse, il est évident que nous n’aurons pas de moyens supplémentaires. La seule solution, c’est donc de simplifier, encore et toujours. D’ailleurs, c’est exactement ce que demandent la plupart des Français de l’étranger : simplifier leurs démarches. Ils n’ont pas envie de devoir se déplacer physiquement pour faire un passeport, par exemple. Et en simplifiant, on fait aussi des économies. Avec les technologies d’aujourd’hui, il y a énormément d’économies possibles. Ces économies, une fois réalisées, peuvent ensuite être réinjectées dans les problématiques qui nous concernent. C’est une vision pragmatique : on ne peut pas aller demander des moyens supplémentaires à Paris sans apporter en contrepartie des solutions, des résultats, des économies concrètes. Ce que je défends, c’est d’abord une philosophie de voir les choses, plus que des mesures toutes faites. J’ai un esprit entrepreneurial : quand un investisseur mise sur une entreprise, il n’investit pas seulement dans un projet précis, il investit surtout dans l’entrepreneur, dans sa capacité à trouver des solutions, à s’adapter, à avancer. C’est exactement mon approche en politique : partir d’une philosophie, d’une vision, puis aborder chaque problème de manière pragmatique. Prenons l’exemple de l’école française : beaucoup de parents aimeraient y inscrire leurs enfants, mais cela coûte très cher. La vraie question est : veulent-ils absolument l’école française en tant que telle, ou veulent-ils surtout une bonne école, proche de la culture française, où leurs enfants apprennent le français ? Ce n’est pas la même chose. Il faut donc analyser précisément les besoins et trouver des solutions adaptées. Et c’est d’autant plus vrai dans une circonscription comme la nôtre, immense et très diverse. Les contextes sont radicalement différents d’un pays à l’autre. On peut parcourir des milliers de kilomètres en avion ou en voiture pour passer d’une réalité à une autre. Chaque problématique est différente. C’est pour cela que je défends avant tout une philosophie pragmatique : regarder au cas par cas et adapter les solutions aux réalités locales. . En quelques mots, pouvez-vous nous donner votre opinion sur la situation politique en France ? C’est extrêmement préoccupant. De l’étranger, c’est très triste d’observer la France chuter ainsi. On le voit dans de nombreux domaines : en ce moment, on parle beaucoup des finances publiques, et on se demande vraiment comment, avec des responsables censés être compétents et un système aussi solide en théorie, on en arrive à de telles crises politiques et financières. Beaucoup de Français de la circonscription me disent d’ailleurs qu’ils se sentent mieux installés à l’étranger : au Portugal, en Espagne, à Monaco ou encore en Andorre. Ils s’y sentent plus en sécurité, ils y trouvent plus de liberté pour entreprendre, et globalement, la situation leur semble plus stable que celle de la France. C’est terrible de constater cette perte d’attractivité et cette chute. C’est précisément pour cela que je me suis engagé. Tant qu’on pense ne rien pouvoir faire, on s’en désole. Mais le jour où l’on se dit que, grâce à son engagement et dans mon cas grâce aux réseaux sociaux, on peut peut-être changer les choses, alors cette responsabilité, on la saisit.