LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG Home Cultura A la découverte de «Rosinha e sua banda» : Rosa Marie Resende et José PintoAntónio Marrucho·19 Junho, 2025Cultura Le 12 avril, lors de l’inauguration de l’exposition «Le Portugal dans la I Guerre mondiale et les relations entre le Portugal et les Flandres» (lire ICI) en présence des plus hautes autorités militaires portugaise et du Secrétaire d’état portugais de la défense, pour renforcer le caractère portugais et faire connaître une de nos traditions, Rosinha (Rosa-Marie Resende) a chanté du fado accompagnée par José Pinto. À la fin de leur prestation, à plusieurs reprises, il a été demandé à Rosinha et José Pinto s’ils venaient du Portugal. La question, au vu des circonstances, on peut dire que cela est plutôt un compliment. Cela nous conduit à interroger les deux membres du groupe sur leur rapport à la musique, au fado et à la musique en générale. . Rosinha, parlez-nous de vos origines. Ma maman est arrivée en France dans les années 60, mon papa est arrivé une dizaine d’années plus tard, tous deux pour travailler dans le textile. Maman étant originaire de Guimarães et papa de Viseu. . Comment êtes-vous arrivée à la musique ? Mes deux parents ont toujours fait partie d’un groupe folklorique portugais, maman chanteuse et papa guitariste. Nous avons toujours baigné dedans avec ma sœur et mon frère, d’où cette envie de chanter. . Quand avez-vous commencé à vous produire sur scène ? Il y a une quinzaine d’années j’ai commencé à chanter dans un groupe où on ne chantait que des chansons «pimba». Je n’ai plus arrêté depuis, toutefois, depuis 5 ans, j’ai décidé d’enrichir mon répertoire avec le fado, une des voies musicales que j’adore. . Dernièrement on nous a demandé si vous veniez du Portugal pour chanter… Cela me rend fière. En effet, représenter ce beau pays est pour moi un privilège. Avec mon pianiste, José Pinto, on s’entraîne régulièrement afin d’être prêt à chaque représentation. Avec un autre groupe, je chante plutôt de la variété française. . Avez-vous eu l’occasion de chanter au Portugal ? J’ai vécu un rêve cette année, au moment de Pâques. En effet, en allant à Porto, j’ai pu chanter dans un restaurant de quartier où ils ne font que ça : faire chanter des artistes de fado. J’ai réussi à tenir en haleine tous les Portugais locaux qui ont été admiratifs de ma prestation. J’en suis sortie encore plus forte, renforcée dans mes choix. . Pourquoi ce besoin de chanter pour les autres ? Mon souhait serait de toujours continuer à chanter, afin de rendre heureux les gens qui viennent m’écouter, cela nous fait passer des bons moments, à l’exemple de l’inauguration de l’exposition à la Mairie de quartier de Lille Centre en avril dernier. . José Pinto baigne aussi dans la musique depuis sa tendre enfance José Pinto pouvez-vous nous donner quelques informations sur vous ? Mes deux parents sont originaires du Portugal, mon père de Forcalhos, petit village du canton de Sabugal, village riche notamment par une tradition ancienne et spécifique à cette région du Portugal : la fête dédiée au Saint-Sacrement qui a lieu chaque année le troisième dimanche d’août. Le lundi suivant, a lieu la traditionnelle «Capeia raiana», avec l’arrivée des taureaux, la demande de place et le lancer de la fourche (forcão) (lire ICI). Quant à ma maman, elle est originaire de Aveleda, canton de Bragança. Comme pour la plupart des portugais qui sont venus sur Lille et sa région, c’était essentiellement pour travailler dans le textile, papa à la Lainière de Roubaix, comme teinturier, maman travaillant dans le coton, à Tourcoing, chez DMC Loridant. . Comment êtes-vous venu à la pratique musicale ? De chaque côté de la famille, nous avions et avons des musiciens. Plus dans le domaine de la variété, rock et musique populaire portugaise, mais également dans le classique. Personnellement j’ai appris la musique à l’âge de 12 ans, la théorie et la pratique avec Mr Rae, rue Lannoy, à Roubaix. À cette époque-là, le but était de participer chaque année au concours d’accordéon de Mouscron (Belgique). Mon désir de faire de la musique vient d’un flash à l’âge de 11 ans. J’étais en terrasse, au Portugal, avec toute la famille et en écoutant un virtuose de l’accordéon, cela m’a donné l’envie d’apprendre et d’en jouer. . Quels instruments jouez-vous actuellement ? Aujourd’hui je joue surtout du clavier arrangeur, de plus en plus du piano et un peu d’accordéon par nostalgie. . Comment, avec qui et quand avez-vous commencé à participer à des spectacles ? J’ai commencé à jouer avec un groupe de bal portugais. J’écoutais beaucoup la musique portugaise à ce moment-là et je voulais à tout prix monter un groupe et faire danser les gens. Mon premier groupe s’appelait «Les étoiles populaires». C’est là que je me suis forgé, avec des anciens qui étaient surtout des grands passionnés de musique comme moi. À ce moment-là, il y avait beaucoup de fêtes, on était dans les années 1980-1990. Tout en continuant dans le groupe, j’ai joué avec des amis et musiciens belges, en trio saxophoniste et clarinettiste. Cela m’a permis de connaître un autre univers et faire mes premiers pas en animant des thés dansants. . Les répétitions se passaient où ? Les répétitions avec les portugais, c’était au siège de l’Amicale Franco-Portugaise de Roubaix, rue Saint-Maurice, association aujourd’hui disparue. C’était une «sede», mais pour nous, les jeunes, c’était notre grand rendez-vous. Chaque samedi soir c’était la fiesta. On a participé à de belles soirées dansantes avec un DJ et parfois des groupes de bal. C’était des rendez-vous entre amis dans une ambiance et un endroit familial et convivial. Je pense que les premiers spectacles c’était à la «sede» de Roubaix, ensuite à la salle Wattremez, des spectacles organisés par les associations portugaises du coin. . À vos débuts étiez-vous la seule orchestre portugaise, ou il y en avait d’autres dans la région de Lille ? A ce temps-là il y en avait plusieurs : «Mirage», «Skylab» et d’autres… Hélas la plupart des groupes ont disparu, il y a beaucoup moins de fêtes, moins d’associations et certainement un manque d’aides, toutefois, en ce moment, ça commence à re-bouger un peu dans le nord. Ça bouge du côté des jeunes. . Depuis vos débuts comment a évolué votre amour pour la musique ? J’ai toujours cette passion et cette volonté de progresser. Avec le groupe, on répète une à deux fois par semaine. Selon la demande, style musical on se présente sous différentes formes, soit avec le groupe portugais d’amis portugais “Emosons”, soit “Rosinha e sua banda” ou encore le groupe tribute “Si on chantait”, ce dernier tout spécialement avec des chansons de Julien Clerc. . Depuis quand accompagnez-vous la chanteuse Rosinha quand elle chante du fado ? Cela fait maintenant quelques années que Rose a intégré le groupe portugais et pas uniquement pour le fado. Rose a une voix extraordinaire, elle est capable de chanter de tout, de Piaf à Dalida, Lara Fabian et j’en passe… Vous accompagnez Rosinha quand il y a du fado ou à d’autres occasions ? On fait de tout en musique et cela dépend du public qui se trouve présent ce soir-là et de la demande surtout. Dernièrement, par exemple, à Douchy, dans une fête Franco-Portugaise, on nous a demandé de jouer de la musique pour la danse en ligne : Madison et Kuduro, notamment. Selon qu’on anime une cérémonie, un vin d’honneur, une soirée dansante, on s’adapte. . Mais y a-t-il un style de musique que vous appréciez plus que d’autres ? J’ai toujours adoré les musiques de Roberto Carlos, mon idole depuis tout jeune. Mais j’écoute un peu de tout, des anciens titres comme les nouveaux. . Avez-vous un bon souvenir d’un de vos concerts à partager avec nous ? J’ai beaucoup de bons souvenirs dans mon parcours, car j’ai rencontré des musiciens et des personnes formidables, mais je n’oublierai jamais… c’était à mes débuts, dans un thé-dansant en trio, avec mes amis belges, un samedi soir où je venais de jouer cinq heures d’affilée au Carlton, près du parc Bellewaerde, on est reparti jouer dans la ville de Lô, dans le fin-fonds de la Belgique, dans un café dancing sans podium, nos pieds posés sur le carrelage. Ce soir-là, j’ai chanté à mon tour deux morceaux de Roberto Carlos dont le premier était : «Meu querido, meu velho, meu amigo». Parmi les danseurs, il y avait un couple devant moi, dont un monsieur, les larmes coulaient sur son visage. À la fin du morceau, ce monsieur est venu me voir et il me dit : «Merci pour ce morceau qui m’a rappelé mon papa, car je suis d’origine portugaise et cela m’a fait un grand bien d’entendre chanter ma langue natale». De là, je ne savais plus quoi dire, car nous étions tous les deux très émus. Moment magnifique et inoubliable. La magie de la musique. . Contact : 06.09.42.63.12