Avoir «les portugaises ensablées»: toute une histoire…

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– Allô!

– Allô!

– Soit la ligne est mauvaise, soit il a «les portugaises ensablées»!

Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette expression: «les portugaises ensablées».

Pourquoi les portugaises et pas les portugais, et pourquoi culpabilise-t-on les portugaises quand on a du mal à entendre?

Recherches faites, cette expression bien française daterait d’il n’y a pas si longtemps que cela. Elle a été utilisée pour la première fois en 1953, dans un livre d’Albert Simonin «Touchez pas au grisbi», roman duquel le film du même nom, réalisé par Jacques Becker sortira en mars 1954, film qui a été présenté en compétition à la Mostra de Venise dès 1954. Il connut le succès à sa sortie en salle. Il marqua par ailleurs les débuts de Lino Ventura à l’écran et relança la carrière de Jean Gabin.

Par ailleurs, le roman «Touchez pas au grisbi» est le premier volet de la trilogie de Max le Menteur et dont les volumes suivants, également adaptés à l’écran, sont «Le cave se rebiffe», adapté sous le même titre en 1961, et «Grisbi or not grisbi», adapté sous le titre «Les tontons flingueurs» en 1963.

Revenons à nos moutons… Pourquoi «les portugaises ensablées»?

Les portugaises, sont une variété d’huîtres qui, par ressemblance avec l’oreille, désigne cet organe en argot (*). Par plaisanterie, les oreilles bouchées sont devenues par la suite des portugaises ensablées.

Remarquez, à y voir de plus près, que les huîtres portugaises ressemblent autant à l’oreille, que les huîtres françaises.

Quant à l’ensablement, si on considère qu’une huître naît et grandit en bord de mer, on comprend qu’elle puisse contenir du sable.

Transposé à l’oreille, si on considère que du sable bien tassé dans le conduit auditif, cela ne doit pas mal gêner pour bien entendre, on peut comprendre l’image de notre expression.

Pour la petite histoire, l’huître d’apparence casanière est dans la réalité une voyageuse. Les huîtres portugaises qu’elles soient d’Aveiro, de Setúbal ou d’Algarve, on leur doit… les huîtres françaises. On vous expliquera dans un autre écrit la raison de notre affirmation.

Retenons que pour dire la même chose sur l’état de vos, mes oreilles, au Brésil on dit «surdo como uma porta», que nous traduisons par «sourd comme une porte», alors qu’au Portugal on vous dira «ter muita cera no ouvido», ce qui veut dire «avoir beaucoup de cire dans l’oreille».

La langue est un mystère. En France, au lieu de dire «avoir les portugaises ensablées» on peut dire aussi également: «sourd comme un pot», en Angleterre «sourd comme un poteaux», en Allemagne «sourd comme une canne», en Espagne «sourd comme un mur», en Italie «sourd comme une cloche», en Irlande «sourd comme un tambour»,…

Ai-je bien entendu?

J’entends quelques-uns d’entre vous qui me disent que je suis en train de vous «embouteiller les portugaises», autrement dit «casser les oreilles».

En tout cas, merci de m’avoir entendu, alias lu…

Même si parfois on ne s’entend pas bien, la distance étant là, on finit toujours par bien s’entendre, par se comprendre.

Il y a entendre et entendre.

Décidément, je ne comprendrais jamais rien à la langue française!

Vous me dites quoi?

À suivre?

Oui à suivre.

(*) Le dictionnaire Larousse, définit le mot argot ainsi: Ensemble des mots particuliers qu’adopte un groupe social vivant replié sur lui-même et qui veut se distinguer et/ou se protéger du reste de la société (certains corps de métiers, grandes écoles, prisons, monde de la pègre, etc.).

Synonymes: jargon, parler.

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