Cinq siècles après, la «Circumnavigation» du navire Sagres ne sera pas bouclée

Même en mer, les programmes changent. On l’a presque oublié. Il était parti pour faire le tour du monde. Dimanche 5 janvier, le navire Sagres prend le départ pour le tour du monde, sur les traces de Magellan. Un voyage festif, celui de commémorer les 500 ans de la Circumnavigation, le retour à Lisboa étant prévu pour le 10 janvier 2021, après 23 escales, dont Tokyo pendant les jeux Olympiques.

Ce 27 mars on peut lire sur le tableau de bord du Sagres: «Nous avons une nouvelle priorité: rentrer au Portugal en garantissant la sécurité et la santé de tous. Maintenant que nous avons un nouvel objectif qui nous a été tracé, nous continuerons à remplir notre mission avec la même détermination et persévérance. La mer et le vent fort nous poussent dans la bonne direction, nous naviguons vers le nord-ouest».

Le 10 août 1519, 5 navires partent d’Espagne pour faire le tour du monde, à bord 237 marins. Le retour aura lieu le 06 septembre 1522 avec un seul bateau et pas plus que 18 marins à bord.

Pour le voyage entamé par le Sagres le 5 janvier dernier, au départ de Lisboa, 144 marins composaient l’équipage, dont 5 femmes, l’objectif étant de revenir au point de départ avec les mêmes 144 aventuriers.

Le 1er tour du monde est bouclé, malgré les pertes, par naufrages, maladies, pandémies… En 2020, pas de doute, le Sagres dompte la mer, toutefois un mal change les plans du beau voyage.

Le Sagres interrompt la belle aventure pour revenir à son port de départ bien plus vite que prévu. Au 5 mars, tout juste deux mois après le départ de Lisboa, le navire avait déjà fait escale à Tenerife, Praia, Rio de Janeiro et Montevideo.

Arrivé dans cette dernière ville fin février, le Sagres a accueilli en trois jours 2.700 visiteurs. Il largue les amarres le 3 mars pour rejoindre Buenos Aires. À cette date, 6.385 milles avaient été parcourues, soit 20% du trajet prévu pour boucler le tour du monde.

Le 14 mars, le navire est à 50% de son parcours entre Buenos Aires et la ville sud-africaine du Cap. Le moral est bon et on ne parle pas encore de rentrer au pays. Au matin du 20 mars le navire et son équipage croisent l’Ouest vers l’Est, le méridien de Greenwich. La joie est immense de la part de toute l’équipe, quand, le 23 mars ils aperçoivent des baleines pilotes.

À cette joie, succède l’inquiétude. Les marins prennent conscience que quelque chose ne tourne pas rond sur Terre. Ils pensent aux parents et à la souffrance que le monde est en train de vivre sur la terre ferme. A l’approche du Cap une conférence d’information sur le Covid-19 est organisée par le médecin et l’infirmière du navire à destination de tous les marins. Des informations importantes, des données, des mesures de protection individuelles ont été présentées, ainsi que les actions à mettre en œuvre pendant le séjour au Cap.

À l’approche du Cap les marins observent l’incontournable montagne à sommet plat, le Table Mounbtain.

Pour l’accostage, des briefings de sécurité ont été donnés et du matériel de protection individuelle a été distribué. Toutes les précautions ont été prises en compte pour éviter tout type de contact avec l’extérieur. Tous les marins du Sagres sont arrivés en bonne santé au Cap. C’est également en bonne santé qu’ils ont voulu quitter le Cap. Le contact le l’équipage du navire avec l’extérieur a été réduit au minimum nécessaire, le ravitaillement étant la principale priorité. Après avoir fait le plein de carburant et de nourriture, le navire était prêt à poursuivre sa nouvelle mission de retour à Lisboa.

L’ensemble du navire a été nettoyé et désinfecté: les câbles, balises, klaxons, filets, escaliers, sol,… Sans alarmisme, l’équipage a essayé d’agir consciemment et préventivement.

Reste à vivre une longue étape, la santé et la sécurité étant ce qui compte le plus. Tout le matériel et les fournitures expédiés ont été désinfectés par une équipe spécifique, puis chargés par tout dans le navire.

Avant le départ, l’équipage a profité pour jeter un dernier coup d’œil curieux à la ville qu’ils se promettent de visiter dans d’autres circonstances.

Le Sagres largue ses amarres le 25 mars, vers 18h00, heure locale du Cap.

Dans quel état sera le monde à l’arrivée du Sagres à Lisboa?

Les pandémies du temps de Magellan étaient un obstacle avec lequel les navigateurs devaient compter et faire face. Ils savaient que tout le monde ne reviendrait pas au port de départ. Cinq siècles plus tard, le monde se rend compte que le pandémie reste un danger. Danger pour lequel ont n’était pas armée. Autres temps, autres dangers, autre manière d’aborder la vie!

The Tall Ship Races 2020, une course entre vieux voiliers, prendra cette année le départ de Lisboa et aura pour arrivée le port de Dunkerque. Organisée par la Sail Training International depuis 1956, les Tall Ships Races sont des courses internationales de grands voiliers, conçues pour encourager l’amitié internationale, la formation des jeunes dans la connaissance de la navigation et la vie en communauté.

À vos agendas donc. Entourez les 6, 7, 8 et 9 août ou tout simplement une de ces journées. Parmi les bateaux attendus à Dunkerque, trois seront portugais, dont le Sagres.

On a envie de dire: pourvu que chance soit avec nous et que les 6, 7, 8 et 9 août on puisse faire la fête dans le Nord. Qu’on puisse trinquer.

 

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LusoJornal