Des mariages mixtes luso-français liés à la I Guerre mondiale, à Loos-en-Gohelle

Dans la famille par alliance, José Joaquim (lire ICI) était soldat du Corps Expéditionnaire Portugais en France, en tant que Sapeur-mineur. Licencié en 1920, il était Vice-Président de la section locale des anciens combattants portugais de la ville de La Gorgue et s’y était marié avec une Française en 1922. Le témoin du mariage était A. Moreira dont la trace n’a pas été retrouvée.

Difficile de lire dans l’acte, le prénom du témoin lorsque l’Officier d’état civil écrit «à l’oreille» ce qui est dit par une voie étrangère et lorsque la signature n’est pas compréhensible.

A défaut de trouver le témoin du mariage de 1922, un autre Moreira au prénom francisé Albert permet de s’intéresser à une histoire franco-portugaise. Et cette histoire fait voyager du département du Pas-de-Calais à celui du Loir-et-Cher, puis du département du Nord à celui du Pas-de-Calais.

Alberto Moreira est né le 8 septembre 1896 à Bonfim, Porto. Son bulletin militaire le dit fils de Manoel Dominges Moreira (agent de police selon l’acte de mariage) et Emília Augusta d’Andrade, marié à Alice Teixeira, résidente à Porto.

De Lisboa, il embarque avec le CEP pour la France en août 1917. Il est considéré comme rapatrié en avril 1918. En France, il fait carrière aux Mines de Lens, à Loos-en-Gohelle, et aux Mines de Meurchin fosse 3-4, de 1922 à 1951. Il prend sa retraite, silicosé à un degré de moins de 15%.

Dans l’intervalle de 1917 à 1922, sa fille Alberta nait le 22 novembre 1918, naissance issue de la rencontre du soldat portugais avec une jeune française dans la zone de guerre début 1918. Alberta est née sous le nom de sa mère Palade. Elle est née à Couture dans le Loir-et-Cher, où sa mère et sa grand-mère étaient probablement réfugiées après avoir quitté la ville de Loos-en-Gohelle occupée par l’ennemi. De retour dans le Pas-de-Calais, Marie Louise Palade reconnait sa fille le 12 octobre 1920, par acte en Mairie de Saint-Floris. Alberto Moreira reconnait sa fille par acte, également en Mairie de Saint-Floris, le 14 août 1921. Le couple s’est-il rencontré dans cette ville pendant la guerre ?

En 1920, Albert Moreira se trouve à Merville selon un document de déclaration d’étranger. La ville de Merville où est né son fils le 17 août 1921, il lui donnera son prénom. Albert est légitimé par le mariage de ses parents, Marie Louise Palade et Albert Moreira, le 24 janvier 1922, à Loos-en-Gohelle.

Albert a-t-il précédemment divorcé au Portugal d’avec Alice Teixeira, citée plus haut ?

L’acte de mariage n’en fait pas mention.

Albert Moreira est décédé en 1961 et repose avec son épouse Marie Louise Palade au Cimetière de Loos-en-Gohelle.

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Aparté : La fosse 15-15 bis de Loos-en-Gohelle a été détruite lors de la I Guerre mondiale, puis reconstruite après-guerre. Elle disposait alors de 2 chevalements. Durant la Guerre, les soldats britanniques la nommaient Tower Bridge, elle se situait sur la ligne de front, près de la côte 70. C’est à ses pieds qu’a eu lieu la Bataille de Loos, en septembre 1915.

Emilienne Moreau, une jeune fille de mineur âgée de 17 ans a donné aux Alliés des informations sur les positions ennemies, elle deviendra l’héroïne de Loos et obtiendra la Croix de guerre, une citation à l’ordre de l’Armée par le Général Foch. Elle recevra aussi la médaille militaire britannique de Sir Douglas Haig, la décoration royale de la Croix-Rouge de S.M. le Roi George V et la médaille de Saint-Jean de Jérusalem.

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Parmi les mariages mixtes luso-français de la ville de Loos-en-Gohelle, il y a aussi le mariage de João Gaspar, soldat du CEP, puis jardinier, domicilié à Lorgies, selon l’acte de mariage de 1927. Il a 33 ans lorsqu’il se marie avec Marcelle Lombart. Il était le premier gardien du Cimetière militaire portugais de Richebourg (lire ICI).

Un autre mariage en 1927 est celui de Bernardo Manoel et Jeanne Choquet. Il est dit fondeur et domicilié à Saint-Denis (93). Il entrera à la fosse 9 des Mines de Béthune en 1921, où il résidait à la cité 9 d’Annequin. Peut-être est-il arrivé en France pour des raisons économiques et non militaires.

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De la ville de Merville, où le fils Moreira est né en 1921, à la ville de La Gorgue, où Albert Moreira était témoin de mariage en 1922, il n’y a que quelques kilomètres… Et si A. Moreira, le témoin de mariage non identifié, était finalement le portugais Alberto Moreira ? Le doute persiste…

LusoJornal