Exposition de textile dans une ancienne usine de Roubaix: le Burel portugais y est montré

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Une exposition «Tisser le monde» a été présentée, pendant les 3 premiers week-ends de mai, dans les anciens bâtiments de l’usine Cavrois-Mahieu – 117 rue Montgolfier – à Roubaix (59). À la base de cette exposition, il y des tissus collectionnés par une Finlandaise, Tuulikki Chompré.

De cette collection fait partie une couverture en laine naturelle, qu’on appelle Burel.

Le Burel est une laine d’origine médiévale de la Serra da Estrela, au Portugal. La laine est filée, lissée, puis feutrée, cardée et, pour terminer, séchée au soleil. Par ailleurs, une fois le tissage terminé, le tissu va être mis dans un foulon. Les fils se resserrent et le drap se rétrécit et gagne en densité, donnant au tissu une imperméabilité naturelle à l’eau, au vent, au froid ainsi qu’à la résistance.

Nous avons assisté, personnellement, lors de nos études, à la fin des usines textiles de Manteigas. Depuis, à l’initiative, em 2006, d’Isabel Costa e João Tomás, une jeune entrepreneure, tout en utilisant les machines anciennes, la fabrication artisanale a repris dans l’usine des Amieiros Verdes, à Manteigas, la Burel Factoy.

En plus des pièces de collection exposées de Tuulikki Chompré, on a fait appel à différentes personnes d’origine immigré qui ont travaillé dans le textile de Roubaix et qui possédaient des pièces en tissu originelles de leur pays. On a invité toutes ces personnes à présenter et parler de leur pièce de tissu.

Un travail audio a été monté par Frédéric Tentelier dans lequel on peut écouter Virginia Vila Verde pendant la visite de l’exposition. Un enregistrement vidéo a aussi été réalisé, en collaboration avec Catherine Loison, enseignante au Lycée Jean Moulin de Roubaix et Nicolas Demeester, petit-fils d’António da Cruz, ancien ouvrier dans le textile. Voir ICI.

Dans l’audio, Virginia Vila Verde nous parle d’une pièce exposée, de sa collection personnelle: une cape unisexe imperméable de berger, en tissu laine Burel bouillie, fabriquée artisanalement dans la Serra do Caramulo et qui lui a été offerte par Manuel Farias.

Pour la petite histoire, lors de l’ouverture d’un des casiers encore présents dans l’usine, nous pouvons lire: en haut: 8h30-8h45, 14h30-14h45, à gauche, Portugal, à droite, Benfica et en bas Lisboa. Des simples mots qui en disent long, témoignant du passage d’un portugais par cette usine, un parmi des dizaines, voire plus. On apprend, probablement d’où il vient et quel était son club favori. Les plages horaires indiquées étant les deux quarts d’heure de pause.

 

Le textile à Roubaix

À la question que nous nous posions sur l’existence de traces du textile sur Roubaix, la réponse est oui. Signalons la présence de La Manufacture, Musée de la Mémoire et de la Création Textile, La Condition Public, établissement public de coopération culturelle (EPCC) et donc, l’Usine Cavrois-Mahieu, entre autres.

Cette dernière a bien failli disparaître, pour donner place à la création d’un parking.

L’Association Non-Lieu est créée en 2002, cette association travaille autour du lien entre le patrimoine, les mémoires collectives et la création artistique contemporaine. Son territoire d’origine l’a naturellement conduit à creuser la question du patrimoine industriel.

Le Non-lieu développe une démarche militante et transdisciplinaire qui se singularise par quelques lignes d’exigence récurrentes: l’intégrité des lieux et des supports patrimoniaux, la sollicitation et l’hommage aux mémoires collectives vivantes, la prise en compte de ces sources comme inspiration d’une création artistique faisant sens.

Les actions de l’association naissent de rencontres fortes, de l’envie de réaliser des projets originaux hors normes.

L’association s’installe dans l’Usine Cavrois-Mahieu.

La ville de Roubaix propriétaire des lieux projette de raser l’usine pour y faire construire un parking.

Devant le patrimoine industriel, avec machines, battements, bobines, armoires,… encore présents, le temps semblant s’être arrêté il y a de cela quelques dizaines d’année, décision a été prise de revenir sur le projet à condition que l’association achète les locaux, chose qu’elle a fait en 2007. Celle-ci continue, par ailleurs, à payer les impôts locaux, ce qui n’est pas simple.

 

L’Usine Cavrois-Mahieu

L’usine fait maintenant partie d’un ensemble de lieux industriel auxquels il a été donné le nom de «Les Beffrois du Travail».

Faisons un peu de l’histoire sur cette usine que nous avons découvert et qui nous a fait revenir des années en arrière, on imagine même les ouvriers au travail. Presque tout a été conservé.

L’histoire nous est ainsi racontée: «À 3 km de la fameuse Villa, l’usine Cavrois-Mahieu est le témoin de l’aventure industrielle de la famille Cavrois, mais aussi des milliers d’ouvrières, ouvriers et cadres divers qui y ont travaillé de 1887 à 2000.

Jean Cavrois-Mahieu, industriel du textile possédant une filature de coton à Roubaix, a fondé en 1887 la ‘société Cavrois-Mahieu & fils’, rue Montgolfier, pour installer ses fils Jean et Auguste Cavrois-Lagache. C’est d’abord une filature de laine à laquelle s’ajoutent rapidement les activités de tissage, teinturerie et apprêts.

En 1919, après la guerre dans laquelle meurt son frère aîné Jean, Paul Cavrois-Vanoutryve, commanditaire de la Villa Cavrois (construite en 1932 par l’architecte Robert Mallet-Stevens), intègre l’entreprise fondée par son grand-père. Il y reste jusqu’en 1965, à son décès. L’industriel parvient à développer l’affaire familiale dont il prend la direction en 1935 et qui atteint son apogée dans les années 50. Il place chacun de ses quatre fils à la tête d’un secteur: Jean à la filature, Francis au tissage, Michel à la teinturerie, Paul fils aux apprêts. A cette époque, l’entreprise florissante compte environ 800 salariés, qui animent le quartier aux heures d’entrées et sorties par la rue Volta et la rue Montgolfier.

Entreprise de pointe jusqu’aux années 70 (avec notamment le lancement, en 1968 et 1975, de fibres synthétiques pour la bonneterie), elle peine ensuite comme beaucoup d’autres à atteindre la compétitivité que requiert la mondialisation de la production textile. En 1996 la cinquième génération de Cavrois se dessaisit de l’affaire, reprise par deux cadres qui la maintiennent pendant quatre ans. L’activité textile cesse définitivement en 2000».

Le site a été entièrement requalifié par la «sem ville renouvelée» en «hôtel d’entreprises», regroupant des activités diverses: BTP, cartonnage, fabrication de vélo, bijoux, communication, etc. Il conserve néanmoins de multiples éléments patrimoniaux remarquables: les deux cheminées voisines, la chaufferie, des ateliers, les bureaux, qui en font un fleuron de la mémoire collective roubaisienne.

 

L’association Non-Lieu gérée à partir de Porto

Le site occupé par Le Non-Lieu est un ensemble comportant l’ancienne chaufferie de l’usine, les ateliers d’électricité et de plomberie qui lui sont attenants, l’ancienne forge (qui était devenue atelier de mécanique), le «magasin» et son étage, un couloir parallèle à la rue Jouffroy, puis longeant les autres pièces, en passant dans la cheminée de l’usine.

L’association Non-Lieu est notamment animée sous l’impulsion de Raphaël Decoster, qui a, pour l’instant, décidé de s’installer à Porto.

Né à Roubaix en 1988, Raphaël Decoster a étudié le dessin à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai avec la professeur Saskia Weyts. Dès lors, il met en relation sa pratique avec différents domaines tels que la musique, la vidéo ou la scénographie. Il se passionne rapidement pour la gravure et la lithographie, qu’il part étudier pendant deux ans aux Beaux-Arts d’Helsinki (Finlande) puis aux Beaux-Arts d’Anvers, avec le professeur Ingrid Ledent. Il y reste pour réaliser un Master spécialisé en lithographie.

C’est à partir de Porto que Raphaël Decoster construit actuellement ses œuvres. Il lui arrive d’inviter le groupe «Sopa de Pedra» à chanter dans les locaux de l’association à l’usine de Roubaix. «Sopa de Pedra» étant un groupe de chants polyphoniques portugais originaire de Porto composé uniquement de femmes qui chantent à capella des chansons traditionnelles portugaises.

Le samedi 14 mai, l’association a repris ses bals traditionnels trimestriels, le bal commençant à 19h32, la petite histoire étant que Paul Cavrois-Vanoutryve, commanditaire de la Villa Cavrois, intègre l’entreprise fondée par son grand-père en 1932.

 

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