Tremblement de terre du 1 novembre 1755 à Lisboa

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Qu’il est bien difficile de ne pas se demander: pourquoi, pire, différent?

Certaines régions des États Unis et du Canada attendent, ces jours-ci, de températures extrêmes, parfois jusqu’à -50 degrés (ressenti -80°C), rester dehors, ne serait-ce que quelques minutes, c’est mettre en péril sa vie. Au Chili, des feux se propagent, les températures dépassent les 40 degrés, on compte de dizaines de morts. Il y a 15 jours, la Californie a subi un énorme cyclone, en Turquie/Syrie les chiffres des morts à la suite du tremblement de terre de ce 6 février vont attendre plusieurs milliers… la guerre continue ailleurs, des ballons sont envoyés par des hommes pour surveiller d’autres hommes…

Quels remèdes? Une chose est sûre: la mère nature est bien plus puissante que l’homme. Rien qu’aux États Unis, les catastrophes naturelles ont coûté 165 milliards de dollars en 2022. Énorme. Bien plus énorme sont les pertes humaines de toutes ces catastrophes à répétition… des informations qui prennent la relève à d’autres, ce qui fait passer, d’autres informations, au second plan.

Le séisme de Lisboa

Nous viennent à la mémoire, les énormes feux de forêts de ces dernières années au Portugal, et si on remonte plus loin, au terrible tremblement de terre de 1755, à Lisboa. Les chiffres de 10 mille morts sont souvent avancés, chiffres terrifiants aggravés par le fait que les églises étaient remplies. On était le 1 novembre, jour de la Toussaint, 9h30 du matin. Lisboa a été entièrement détruite en 6 minutes.

Un peu plus de 200 ans plus tard, en 1969, un autre séisme, avec une même origine, selon les scientifiques, le fait que la croûte terrestre soit en train de scinder en deux, provoquera une douzaine de morts.

Notons que la terre est constituée par ce qu’on appelle des plaques tectoniques qu’on peut définir par de grands blocs rocheux, semi-rigides, qui composent la croûte terrestre. La Terre est divisée en quatorze plaques tectoniques principales, qui se déplacent lentement et en continu sur le manteau, pouvant se rapprocher ou s’éloigner les unes des autres.

Le mouvement des plaques entraîne la formation de montagnes, de fosses océaniques, d’activité volcanique, de tremblements de terre et de tsunamis.

Là où s’est produit le tremblement de terre en Turquie/Syrie, il y a la jonction de trois plaques qui bougent 10 centimètres par an, ce qui en soi n’est pas trop grave, cependant sans qu’on puisse trop prévoir, provoqué par une énorme pression, les plaques se sont déplacées de plusieurs mètres d’un seul coup, provoquant la destruction de plusieurs villes en Turquie et en Syrie.

Portugal est un pays à «risque sismique modéré», et où les tremblements de terre se produisent avec une certaine fréquence. Ce fait est dû à la localisation du territoire portugais par rapport aux limites des plaques lithosphériques: rift médio-dorsal – Atlantique et la faille transformante Açores-Gibraltar, qui sépare les plaques euro-asiatique et africaine.

Des milliers de morts

Concernant le tremblement de terre de Lisboa du 1 novembre 1755, les chiffres varient: Lisboa aurait à l’époque 270.000 habitants. Environ 5.000 sont morts pendant le tremblement de terre et 5.000 autres dans les jours suivants, à la suite de blessures ou de maladies contractées. Mais il existe différentes estimations qui pointent vers vingt mille morts et d’autres encore plus catastrophiques qui atteignent cent mille!

Lisboa s’est retrouvée sans les six hôpitaux de la ville, dont l’hôpital de Todos-os-Santos, sans 33 palais de la grande noblesse, sans son Palais Royal, le Patriarcat, les Archives Royales, la Casa da Índia, le Cais da Pedra, la Douane, mais également sans les églises, bibliothèques, le magnifique Ópera do Tejo, inauguré sept mois plus tôt… Reste comme témoin de ce violent tremblement de terre à Lisboa, les murs du Couvent du Carmo, sur une des collines de la ville.

En plus des destructions causées par le tremblement de terre, le tsunami, énorme vague qui a suivi, a détruit des forteresses côtières et des maisons dans le sud du pays, avec des vagues atteignant jusqu’à 30 mètres d’hauteur.

Chose sur laquelle les scientifiques et les historiens tombent d’accord, c’est que le tremblement de terre de Lisboa fut l’un des plus meurtriers de l’histoire. Les sismologues estiment qu’il a atteint des magnitudes comprises entre 8,7 et 9 sur l’échelle de Richter.

Une reconstruction rapide et moderne

La famille royale portugaise a échappé à la catastrophe. Le roi José Ier et sa Cour avaient quitté la ville après avoir assisté à une messe à l’aube, se retrouvant à Santa Maria de Belém, à la périphérie de Lisboa, au moment du tremblement de terre.

Après la catastrophe, D. José I a développé une phobie des espaces clos et a vécu le reste de sa vie dans un luxueux complexe de tentes à Alto da Ajuda, connu sous le nom de Real Barraca da Ajuda, à Lisboa.

À l’image du roi, le Marquis de Pombal, Secrétaire d’État aux Affaires étrangères et à la Guerre et futur Premier Ministre, a survécu au tremblement de terre. Avec le pragmatisme qui caractérise sa future administration, il ordonne à l’Armée de reconstruire Lisboa immédiatement.

Le Ministre et le Roi mandatèrent les architectes et ingénieurs royaux, et moins d’un an après le tremblement de terre, il n’y avait plus de ruines à Lisboa et les travaux de reconstruction étaient bien avancés. Le Roi voulait une ville nouvelle et ordonnée et de grandes places et de larges avenues droites marquaient le plan de la nouvelle ville. La légende raconte qu’à l’époque on demanda au Marquis de Pombal à quoi servaient des rues aussi larges, ce à quoi il répondit qu’un jour on les trouverait étroites.

Le nouveau centre-ville, désormais connu sous le nom de Baixa Pombalina, est l’un des principaux quartiers de la ville. Ils seront l’un des premiers bâtiments au monde à être construits avec des protections anti sismiques qui ont été testées sur des modèles en bois, en utilisant des troupes en marche pour simuler les vibrations sismiques.

Lors d’une visite que nous avons effectuée à une Fondation d’une banque, Rua Augusta, à Lisboa, nous avons eu l’occasion de parcourir le musée et regarder les fondations de l’immeuble. Dans les fondations de la Baixa Lisboeta, il y a beaucoup de bois, bois submergés dans l’eau souterraine du Tage qui se prolonge dans la Baixa. Cette eau conserve le bois, assurant sa longévité, à l’image de certaines jetées dans les ports.

Durant la visite que nous avons effectuée, nous avons été marquées par une alerte. Il nous a été dit qu’il y avait un certain danger dans cette partie de Lisboa à la suite de la prolongation du métro. Pour, construire celui-ci, on a dû dévier l’eau, assécher certains endroits, certaines fondations. Le bois s’asséchant est attaqué, se fissure, les fondations deviennent moins solides, ce qui n’exclue pas que lors d’un prochain séisme à Lisboa, certains immeubles ne puissent venir s’effondrer. Qu’en disent les sismologues, les scientifiques, les architectes et nos responsables politiques?

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