LusoJornal / António Borga

Elisabeth Oliveira laisse la Présidence de l’association Alma, Association des Gardien(ne)s d’Immeuble à Paris

Elisabeth Oliveira, Présidente de l’association Alma – Association des Gardien(ne)s d’Immeuble à Paris – a annoncé lors du Gala annuel de l’association, qu’elle ne se représentera pas au poste de Présidente lors de la prochaine Assemblée générale d’Alma.

Pour LusoJornal, Elisabeth Oliveira a expliqué les raisons de son départ, mais a également fait un bilan de sa Présidence, et a donné quelques pistes pour ce que devra être la suite de la présidence et du métier en soi.

 

Vous laissez la Présidence de l’association, pourquoi?

Je pense qu’il est temps que la présidence change de main. Je suis heureuse d’être la Présidente depuis le début de l’association, mais je pense qu’au bout d’un moment il doit y avoir une rotation au niveau du pouvoir. Un nouveau Président ou une nouvelle Présidente pourra apporter de nouvelles idées car au bout d’un moment, quand c’est toujours le/la même Président(e), on peut tourner en rond. Il faut des nouvelles réalités, de nouvelles expériences pour donner une nouvelle impulsion à l’association. Ce sont les raisons qui me disent que je dois passer la main à la prochaine Assemblée Générale.

 

Quel bilan peut-on faire de votre Présidence?

Ma Présidence a été très positive. Cela m’a permis de connaître énormément de personnes intéressantes, de faire connaître l’association, de parler des problématiques de nos adhérents. On doit se battre pour que notre association soit encore plus connue. Des personnes pensent parfois qu’on est un syndicat, mais ce n’est pas le cas. Nous essayons d’aider les adhérents du mieux que l’on peut. Je suis donc très satisfaite de ce qu’on a réussi à faire, mais évidemment il y a beaucoup plus de choses à faire, comme mettre en place un site, ou renforcer notre présence sur les réseaux sociaux, on ne peut pas s’endormir sur nos lauriers et tout ne peut pas être fait d’un seul coup, il faut du temps.

 

Y-a-t-il eu des points négatifs?

Je n’en trouve pas, car je suis quelqu’un de très pragmatique, je ne fais que ce que je peux faire. Notre association n’a pas beaucoup de moyens, donc je fais en conséquence, je n’essaye pas de rentrer dans des difficultés, c’est-à-dire essayer de faire des évènements sans moyens et ensuite ramer pour combler les trous dans la trésorerie. Donc aucun point négatif à noter.

 

Le but de l’association reste intact?

Evidemment. Comme je le disais, nous sommes une association, avec une petite cotisation de 20 euros par an, et nous essayons d’aider tous les gardiens et toutes les gardiennes avec nos spécialistes. Nous comptons sur deux avocates, sur une psychologue et également sur ceux qui connaissent les lois ainsi que la comptabilité pour aider du mieux que l’on peut. Chaque adhérent peut nous envoyer ses questions, ses problématiques pour qu’on puisse lui donner les meilleures réponses. On est un soutien pour des problématiques, mais on peut être là physiquement aussi, car on peut envoyer des courriers en lieu et place de la personne, on peut la représenter en fait dans les contacts avec son syndic par exemple. On n’est pas un syndicat, on ne cherche pas à rentrer dedans et à être dans le conflit obligatoirement, on essaye de conseiller et d’entrer dans une voie diplomatique.

 

Le travail a-t-il changé sur ces quatre années d’existence?

On peut dire oui. Aujourd’hui un gardien ou une gardienne a un rôle un peu plus administratif, c’est-à-dire qu’il ou elle vont devoir communiquer beaucoup plus par mail, donc il y a des connaissances et des compétences en informatique à acquérir. Tout cela sans oublier les tâches habituelles que nous avons. Je continue d’ailleurs à affirmer qu’on n’est pas assez reconnus.

 

Les clichés subsistent?

Oui, clairement. Les gardien(ne)s ne sont pas souvent valorisés, pourtant notre travail est souvent essentiel au sein d’un immeuble ou d’une résidence. On ne se rend pas compte, mais en plus des tâches que nous avons à faire, nous sommes également, psychologues, assistantes sociales, considérées comme une mère, une amie de substitution. Ce n’est pas aussi facile que certains laissent entendre. D’ailleurs j’ai une problématique, pourquoi personne ne se penche sur le fait que beaucoup de gardien(ne)s sont seuls ou divorcés? Car ce n’est pas un métier facile et que le ou la conjoint(e) doit supporter tout cela, ainsi que soutenir la personne. S’il y a une dévalorisation au niveau de la famille, cela créé des difficultés familiales. Mais évidemment ce n’est pas une généralité, mais ce sont des problématiques que je constate.

 

Que faudrait-il pour changer cette image?

Je ne sais pas. Mon idée serait de changer le nom, car concierge ou gardien(ne), je ne trouve pas cela très valorisant. On peut voir que d’autres métiers ont été valorisés comme une caissière qui est devenue une hôtesse de caisse ou une femme de ménage est devenue une technicienne de surface. Cela permet de mettre un autre nom sur son métier et cela change la vision des gens, même si certains seront toujours très terre à terre.

 

Côté parité homme/femme, on a une idée chiffrée sur ce point?

Non. Je ne saurais pas vous en dire plus. Je sais que durant des années, les syndics cherchaient des couples pour que la femme s’occupe des tâches ménagères et que l’homme puisse faire des petites bricoles contre une petite rémunération. Aujourd’hui cela dépend, il y a des demandes pour des couples, pour des femmes, mais également pour des hommes seuls.

 

Et les sociétés qui remplacent les gardien(ne)s, c’est un vrai danger pour le métier?

Cela dépend énormément. Selon les quartiers, selon les propriétaires, selon plein de circonstances, il n’y a pas de règle générale. Par exemple dans certains quartiers parisiens, le prix du bien immobilier est directement lié au fait qu’il y est ou pas un(e) gardien(ne)s. Dans certains quartiers, s’il n’y a pas quelqu’un, le prix baissera, donc les propriétaires veulent à tout prix garder quelqu’un pour pouvoir vendre au meilleur prix. Après, on a le cas inverse, s’il y a beaucoup de locataires, qui sont de passage dans l’immeuble, le/la gardien(ne) n’est pas vu comme primordiale et des sociétés sont contactés pour nous remplacer. Mais il n’y a pas de règle générale, et je confirme qu’avec le départ de beaucoup de personnes à la retraite, il y aura évidemment cette interrogation pour les propriétaires.

 

Que pouvez-vous laisser comme message aux gardien(ne)s?

Que ces personnes ne perdent jamais confiance en elles. Elles sont formidables et importantes dans le fonctionnement d’un immeuble. Et surtout si elles ont besoin, l’association Alma est là pour les aider. Elles ne sont pas seules et surtout elles doivent être conscientes des droits et des devoirs qu’elles ont.

 

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