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L’extraordinaire histoire du Portugal de Sandra Canivet da Costa

Les vacances sont là, elles sont arrivées. Pour les uns c’est signe d’un retour au pays pour «matar saudades», pour d’autres, les vacances 2020 sont «made in France», «made à la maison». Pour les uns comme pour les autres, le moment est propice pour un retour aux sources, au passé historique du Portugal.

Sandra Canivet da Costa, avec son livre «L’extraordinaire histoire du Portugal», nous invite à un voyage, à la découverte ou à la redécouverte de l’histoire du plus vieux (1) pays du monde planté qu’il est à l’extrémité occidentale du vieux continent.

Nous avons rencontré Sandra Canivet da Costa au restaurant Fabrica, à Roubaix.

 

Pourquoi le mot ‘extraordinaire’ dans le titre de l’ouvrage?

Notre histoire est d’abord incroyable quand on prend on compte la taille du pays mais aussi prestigieuse car le Portugal est l’un des rares pays que beaucoup de pays du monde connaissent et sont capables de situer sur une carte… Mais j’ai préféré l’adjectif extraordinaire. L’histoire du Portugal est très peu connue tant par les Lusodescendants que par nos pays voisins et ce pour une raison principale: dans les cours d’histoire, l’Espagne nous vole la vedette! Certains profs disent uniquement l’Espagne, d’autres précisent l’Espagne et le Portugal, mais en nous regroupant ils ne parlent pas de notre individualité. Par cet adjectif, je veux que mes lecteurs s’étonnent de nos exploits d’exception qui ne sont pas espagnols et soient fiers de leurs ancêtres.

 

Qui sont Matilde et Ruben? Quel est leur rôle et quand interviennent-ils dans le livre?

Matilde et Ruben sont des personnages réels. Matilde est ma cousine et Ruben, mon fils. Ils nous représentent, enfants éduqués et nés dans des pays francophones de parents Portugais. Leur rôle est d’interagir avec les grands moments de l’histoire avec leur regard de petit Français ou de petit Luxembourgeois! Ils expriment la fierté, la tristesse, l’étonnement ou encore la curiosité. Ruben étant mon fils, j’ai toujours imaginé quels types de commentaires il ferait face à des anecdotes de l’histoire portugaise.

 

Expliquez-nous le choix des monuments et des personnages sur la couverture du livre?

Les monuments et les personnages choisis sont les plus emblématiques de notre pays. Les monuments sont connus par tous les portugais, petits et grands, et par les étrangers aussi… je pense… Les personnages quant à eux, ont tous un point commun, le courage et la témérité: Viriato et ses batailles contre les Romains, D. Afonso Henriques, fondateur du Royaume de Portugal, D. Henrique dont l’inventivité et la dextérité ont permis aux premiers navires de découvrir le monde et Salgueiro Maia qui n’avait pas froid aux yeux pour mener à bien son objectif de mettre fin à la dictature salazariste. Et tout le monde le reconnaît, nous sommes souvent identifiés comme un peuple courageux!

 

Votre recherche de documents, d’autorisations a-t-elle été facile?

Non cela a été plutôt compliqué en fait… La plupart sont libre de droit mais pour l’époque contemporaine il a fallu trouver les détenteurs des droits, certains collectionneurs sont même inaccessibles et certaines images que j’affectionnais particulièrement n’ont pas pu paraître dans le livre.

 

A qui s’adresse votre ouvrage?

A tous les Lusodescendants qui ont grandi dans un pays francophone quel que soit leur âge, mais aussi aux personnes présentes dans leur environnement non-portugais qui cherchent à mieux les connaître. Je pense que mon livre peut être lu par un enfant à partir de 10-12 ans. Il est très ludique grâce aux splendides dessins de João Serrano. J’ai voulu résumer en 124 pages ce que j’aurais voulu savoir à leur âge. Il se destine aussi aux familles car il peut un outil familial permettant, pourquoi pas, l’échange entre la génération immigrante et sa descendance. Ils sont souvent très pudiques et je les comprends, mais ils doivent maintenant se résoudre à transmettre leur histoire car personne ne pourra le faire à leur place et le temps passe… Espérons que mon livre encouragera les questions… et les aidera à se confier….

 

Pourquoi l’éditer vous-même? Et pourquoi votre maison d’édition s’appelle Cadamoste?

Je l’ai édité moi-même car je n’avais pas le temps de solliciter les maisons d’édition, puis… puis-je être sincère? Je ne me faisais aucune illusion quant à l’intérêt des maisons d’éditions françaises au marché de notre lusodescendance… Les maisons d’éditions portugaises, me direz-vous, si notre marché les intéressait, elles l’auraient fait depuis au moins 30 ans… Car des livres, elles en ont! Pourquoi ne les ont-elles pas traduits? Cadamoste? J’ai voulu prendre le navigateur le moins connu, l’anonyme pour les Lusodescendants… et j’ai bien réussi mon coup car personne ne sait qui sait… faut lire le livre (rires)! Et j’ai fait exprès de prendre un navigateur d’origine italienne… Car le Portugal était aussi un pays d’immigration dans lequel seules les compétences comptaient!

 

On pourrait citer des dizaines, voire des centaines. Je vous demande quelque chose de presque d’impossible: quelles sont pour vous les cinq dates importantes de l’histoire du Portugal?

Oui c’est impossible. Je dirais 711 (date de l’arrivée des arabes. Nous n’aurions jamais eu ni les compétences ni cette idée folle de parcourir le monde sans eux), 1179 (année de consécration pour D. Afonso Henriques – et il a mis du cœur à l’ouvrage – le Portugal devient un vrai Royaume reconnu par le Pape lui-même), 1434 (les Portugais franchissent le Cap Bojador au large des côtes marocaines… à partir de cette date, ils prennent confiance en eux et plus rien ne les arrête. Notre tout petit pays sera le point de rencontre du monde et il reliera tous les continents tant commercialement que culturellement), 1578 (le Portugal perd la bataille d’Alcacer-Quibir. Cette bataille sera son plus grand échec avec la Bataille de La Lys, pendant la Première Guerre Mondiale. Ce fiasco entrainera la perte de son indépendance car le Portugal deviendra… espagnol… pendant 60 ans) et 1755 (le tremblement de terre appelé ‘de Lisbonne’… mais il toucha toute la côte. Je pense que le pays ne s’en remettra finalement jamais. Trop habitué à être riche et à tout acheter à l’étranger, il n’a jamais su être autonome économiquement. Le grand vainqueur de notre drame fut l’Angleterre qui, premier fournisseur du Portugal en tout, initiera sa Révolution industrielle). Allez, une 6ème pour le fun… 1998 (l’Expo98. Je sais c’est idiot mais c’est très personnel. Cette année-là les Portugais étaient heureux de recevoir des étrangers du monde entier… comme si, en 1998, ils reprenaient confiance en eux, l’économie était bonne, j’avais 19 ans et je l’ai senti, j’ai senti qu’une bascule se produisait! J’étais contente pour eux. Ils se sentaient enfin européens et étaient épanouis… Pour moi c’est une date historique!

 

A partir de quel moment, un événement fait-il partie de l’histoire?

Pour moi un événement est historique quand quelque chose bascule économiquement, culturellement, socialement… on ne s’en rend pas compte sur le coup! Puis il reste dans la mémoire collective. Malheureusement la particularité du Portugal c’est que le tremblement de terre et la perte de nombreuses archives nous a sans doute fait oublier de nombreux événements de notre histoire.

 

Avez-vous suivi un plan traditionnel de l’histoire du Portugal ou avez-vous voulu mettre l’accent sur certains aspects que vous avez jugé personnellement importants?

J’ai en effet choisi un plan traditionnel de l’histoire du Portugal, appliqué dans la plupart des livres d’histoire scolaires portugais. Pourquoi n’apprendrions pas l’histoire comme les petits portugais? Mais en effet j’ai voulu insérer des sujets et des remarques dont seuls les Lusodescendants francophones relèveront l’intérêt! Faire un chapitre sur les juifs était important pour moi et j’ai remarqué qu’aucun livre scolaire portugais n’en faisait le relais et pourtant… le séisme intellectuel et scientifique provoqué par le tremblement de terre en Europe, l’esclavage, les Portugais ne sont pas à l’aise avec ce sujet… et nous? Notre diaspora, pourquoi n’enseignons pas aux petits Portugais que nous existons, que nous sommes nombreux, puissants et solidaires dans le monde entier?

 

Le présent, rentre-t-il dans l’histoire (votre chapitre: Une nouvelle référence de réussite?)

Vous parlez de la crise de 2010, des étrangers qui arrivent actuellement au Portugal, de Salvador Sobral? L’histoire se joue aujourd’hui et il est important de faire un Etat des lieux, le Portugal a toujours été un pays d’émigrés mais aussi d’immigrés et il le reste encore! Alors que les Portugais partaient vers le Nouveau-Monde, les Italiens, les Anglais et les Français affluaient aussi massivement au Portugal. Le Portugal s’est toujours relevé de ses difficultés et il continue à rebondir! Notre histoire d’aujourd’hui est la même qu’hier comme elle sera celle de demain…

 

A la fin du livre, Matilde et Ruben nous disent «até breve». Y-aura-t-il une suite?

Tous les gentils messages et les remerciements ne peuvent que m’encourager et Matilde et Ruben ont encore plein de choses à raconter. N’oubliez pas qu’ils sont Portugais… ils sont bavards et fiers…

 

Quels thèmes aimeriez-vous traiter sur le Portugal, sur l’histoire?

Tous les thèmes qu’il reste encore à raconter à nos familles pour renforcer leur orgueil d’être Portugais vis-à-vis de leur pays d’accueil. Le Portugal est un pays riche dans tous plein de domaines. Mon objectif est de nous rendre encore plus fiers de nos origines!

 

Si je vous dis: «J’ai un manuscrit, je souhaiterais que vos éditions le publient». Que me diriez-vous?

Je répondrai que la question peut se poser: Envoyez-le-moi et je vous dirai. S’il relève l’intérêt de Cadamoste Editions! Cadamoste Editions peut être une maison d’éditions pour tous les Lusodescendants qui souhaitent relayer une histoire, un roman, une œuvre.

 

Une phrase ou slogan pour m’inciter à acheter votre ouvrage?

De l’histoire de ton pays… tu peux te la péter grave! Sois fier, apprends et transmets à ton entourage qu’il soit portugais ou pas!

 

Alors, comment se procurer votre ouvrage?

Dans les magasins portugais qui ont accueilli le livre dans leurs linéaires, mais aussi dans toutes les librairies de France et de Navarre (pour celles qui veulent bien faire l’effort de commander). Pour ceux qui n’ont ni magasin portugais, ni un libraire sympa, ils peuvent le trouver sur internet. Le site de la maison d’édition est le premier lieu www.cadamoste-editions.com, puis les market place telles qu’Amazon ou FNAC.

 

(1) Les frontières du Portugal avec le seul pays voisin, l’Espagne, datent de 1297, lors de la signature Traité d’Alcanizes.

 

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