Suggestion de lecture: “Menus souvenirs”, de José Saramago

[pro_ad_display_adzone id=”46664″]

 

Publié dans sa version originale en 2006, sous le titre de «As pequenas memórias», ce récit autobiographique de 150 pages est un des derniers livres de José Saramago, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1998, décédé en 2010. Il paraît en français en 2014, aux éditions du Seuil, traduit par Geneviève Leibrich, sous le titre de «Menus souvenirs» qui, à notre humble avis, ne rend pas l’extraordinaire pouvoir de reconstruction de la mémoire auquel se livre l’auteur. En effet, les mémoires évoquées dans ce livre n’ont pas seulement la valeur de souvenirs, elles sont aussi le fruit d’un travail ardu de reconstitution de ces souvenirs qui passe par un dialogue permanent entre l’écrivain et sa propre mémoire, qui devient le fil conducteur de son récit, et aussi par un dialogue avec le lecteur que José Saramago interpelle constamment, avec élégance et simplicité, pour lui avouer ses doutes ou ses certitudes.

Dans «Menus souvenirs», José Saramago reconstitue une mosaïque de souvenirs de son enfance et de son adolescence. Entouré par les eaux du Tage et par son affluent l’Almonda, le petit bourg d’Azinhaga, où est né l’écrivain le 16 novembre 1922, est l’espace privilégié de ce livre dès les premières pages: «Ce fut dans ces lieux que je vins au monde, ce fut de là, quand je n’avais pas encore deux ans, que mes parents, migrants poussés par le besoin, m’emmenèrent à Lisbonne, vers d’autres manières de sentir, de penser et de vivre».

À Lisbonne, José Saramago fréquente un lycée technique et obtient la formation de serrurier mécanicien. Entretemps, il retourne fréquemment dans son village natal pour passer des vacances auprès notamment de sa grand-mère analphabète et de son grand-père, car les relations avec ses parents furent souvent tendues et conflictuelles. Entre Azinhaga et Lisbonne, images, sensations et anecdotes reviennent pêle-mêle à la mémoire de l’écrivain: une famille de paysans pauvres, un enfant qui court dans les oliveraies, passe de longues heures sur les rives du Tage, contemple les beautés d’un ciel nocturne, marche pendant plusieurs jours en compagnie de son oncle pour aller vendre des cochons à une foire aux bestiaux, s’évade, solitaire, dans la lecture, ou cède à la magie des cinémas lisboètes.

Écrit dans un style simple, dans une écriture limpide et poétique, «Menus souvenirs» n’est pas dans la lignée des autres livres de José Saramago. Cependant, fidèle à sa façon de raconter les histoires ou les événements réels de la vie, les mémoires reconstituées par l’auteur dans ce livre confirment son goût pour la digression, pour le flashback et pour l’ironie, sans oublier une certaine mélancolie poétique qui lui est si familière. Enfin, le lecteur trouvera aussi dans ce livre des passages qui confirment son statut d’écrivain-militant, anticonformiste, avec sa manière bien personnelle de voir et de comprendre le monde.

Signalons, à la fin du présent ouvrage, les 17 photos en noir et blanc de l’auteur et de sa famille, légendées en espagnol par José Saramago lui-même.

 

[pro_ad_display_adzone id=”37509″]

LusoJornal