Henri Joaquim, un scénographe qui intervient dans des lieux des plus prestigieux

Henri Joaquim, et son équipe de La Fabrique Créative, est lauréat du concours lancé par Paris Musée, pour la conception et le suivi de réalisation de la rénovation du site des Catacombes, Paris 14ème, au niveau de toute la sténographie (groupement Letellier architectes, mandataire).

Un concours de plus, une réalisation de plus, pour l’une des plus belles entreprises de scénographie française.

Henri Joaquim, invité de Conversas Soltas de LusoJornal (lire ICI), annonce que «toute l’équipe est d’ores et déjà à pied d’œuvre, prête à relever les défis de ce très beau projet».

Les Catacombes de Paris sont un extraordinaire labyrinthe au cœur du Paris, un site unique dans d’anciennes galeries de carrières. Ouvertes au public depuis 1809, les Catacombes sont visitées par plus d’un million de personnes par an. Elles sont le plus grand ossuaire au monde, abritant les restes de plusieurs millions de parisiens au fur et mesure de la fermeture des cimetières de Paris. Citons quelques chiffres : 20 mètres de profondeur, 243 marches, 1.500 mètres de longueur pour le parcours de visite, 11.000 m² de superficie de l’ossuaire. C’est sur cet ensemble qu’Henri Joaquim et son équipe sont appelés à travailler pour éclairer, projeter, raconter, rendre encore plus compréhensible ce site remarquable.

Originaires de la région de Guarda, au Portugal, les parents d’Henri Joaquim sont arrivés à Paris au milieu des années 1960 ; ils ont ensuite déménagé vers la région d’Orléans.

Né en France, Henri Joaquim a étudié 3 ans dans une école d’art avant de s’inscrire dans une école de design pour y terminer son cursus artistique.

La sténographie voit le jour au début des années 1980 ; vingt ans plus tard, Henri Joaquim rentre dans le métier. De 2000 à 2004 il collabore à l’ensemble des projets de l’agence Integral Studio fondée par Philippe Délis, un des premiers processionnels de la scénographie en France.

En 2004, Henri Joaquim collabore à la création de l’aménagement muséographique de la Tour Eiffel (concours mené aux côtés de Rainer Verbizh), puis au sein de la Cité des Sciences à la scénographie de l’exposition «Opération Carbone».

De 2006 à 2007, il travaille pour l’agence MPRA à la scénographie du Musée du Rhum à la Réunion, du Musée Charles Mérieux, à divers projets à la Cité des Sciences et de l’Industrie, à la Cité de la Mer…

Les collaborations et réalisations s’enchaînent de 2006 à 2007 au sein de l’Agence Itinérance, aux côtés de Philippe Noir : Musée Archéa à Louvres, Mémorial de la Bataille d’Arras, Donjon de Vincennes…

En 2007, après un parcours scénographique très éclectique, Henri Joaquim fonde La Fabrique Créative avec Régis Lindeperg, Bruno Praudel et Philippe Retière. Depuis, que de belles réalisations !

La Banque (Musée des Cultures et Paysages), la Carrière Wellington, le Centre d’Informations Touristique du Mont Saint Michel, La Maison de Jeanne d’Arc…, expositions au Musée de l’Homme, au Muséum National d’Histoire Naturel, à la Corderie Royale de Rochefort, à la Cité du Train… pour le Ministère de la Culture et de la Communications, le Centre des Monuments Nationaux, Universciences, L’Oréal, la Mairie de Paris… pour n’en citer que quelques-uns.

Les Carrières Wellington (Mémorial de la Bataille d’Arras) ont rouvert récemment ; Henri Joaquim y intervient pour la seconde fois au niveau scénographique. Un site muséographique, musée, centre d’interprétation, château, monuments historiques, évolue, plus ou moins, tous les 10 ans ; dans le cas des Carrières de Wellington, 14 ans séparent les deux interventions.

Afin de mieux comprendre quel est le rôle de la scénographie, nous avons posé la question à Henri Joaquim : de quelle a été son intervention au niveau de la Carrière de Wellington à Arras ?

Il nous a répondu que «notre rôle a été de mieux mettre en évidence le travail des tunneliers Néo-zélandais pendant la I Guerre mondiale. Un premier espace, dans le bâtiment d’accueil rénové, donne les clefs de lecture au visiteur, avant sa descente dans les profondeurs physiques et historiques. 20 mètres plus bas, c’est l’ensemble du parcours de la carrière qui fait peau neuve, tout en conservant sa sobriété, le lieu parle déjà de lui-même. Les projections d’images prennent vie à même la roche ; le parcours est désormais scandé en 5 actes, 5 temps forts. Notre travail consiste à décortiquer les choses pour mieux faire comprendre l’histoire. Comme un architecte, une fois le projet conçu, on en fait le suivi, jusqu’à sa réalisation, jusqu’à son début d’exploitation publique. Notre temps d’installation est bien souvent compté (2 mois de chantier pour les Carrières Wellington) ; en cas de problèmes, il faut donc réagir au plus vite pour permettre un parfait recollement des prestations de réalisation (agencements, Impressions, équipements lumières, audiovisuels, soclages, productions numériques…)».

La conception et réalisation des projets est parfois très courte, cinq mois pour la carrière Wellington, trois mois pour le Centre d’Information Touristique du Mont Saint Michel, parfois très longue, 5 ans pour le projet du centre d’interprétation de la Narbonnaise, en cours de livraison, à Narbonne.

Les premières phases des projets (conceptions, études, développements créatifs) se font majoritairement en atelier, à La Fabrique Créative. L’équipe se déplace ensuite sur site pour les réunions d’avancement ou de coordination essentielles et notamment le suivi de réalisation.

Actuellement, l’agence mène de front une dizaine de projets dont 4 à Paris, le Musée Pasteur qui verra le jour d’ici 5 ans, l’exposition empreinte carbone qui ouvrira à la rentrée au Musée des Arts et Métiers, un centre d’art qui sera inauguré d’ici deux ans sein du château de Chamarande et le Musée du Fromage qui ouvrira en juin prochain, au cœur de Paris, sur l’île Saint Louis.

D’autres projets viennent de voir le jour en province : le Musée du Chocolat (pour la marque Ethiquable) dans le Gers, l’espace d’introduction à la visite des tours et remparts d’Aigues Mortes, l’exposition Thierry Smolderen au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.

Le 13 mars dernier vient d’être inauguré le Lieu d’Europe, à Strasbourg sur lequel Henri Joaquim et son équipe ont travaillé ces 3 dernières années. Cet espace, au cœur du quartier européen de la capitale alsacienne, est un lieu d’éducation à la citoyenneté européenne ouvert à tous, ayant pour vocation de faire connaître l’Europe aux citoyens et de renforcer leur sentiment d’appartenance à une communauté de valeurs ; les prochaines élections européennes ont lieu le 9 juin.

À la question que nous avons posée à Henri Joaquim, sur quels projets il a été les plus sensibles, il nous a répondu que tout travail, toute exposition, est une thématique à appréhender d’un œil neuf. Chaque œuvre lui apporte beaucoup. Il a toutefois cité : La Carrière Wellington, à Arras, l’exposition Dans ma peau conçue pour l’Oréal au Musée de L’Homme, au Trocadéro, à Paris, l’exposition Météorites, entre ciel et terre, qui, après avoir été présentée en France, au Muséum National d’Histoires Naturelles, ouvrira en Chine, à Pékin, sur plus de 3.500 mètres carrés.

Il arrive, à Henri Joaquim, de travailler parfois avec des artistes lusodescendents, tel que Thierry d’Oliveira, spécialiste de la lumière, une collaboration qui se prolonge depuis les débuts d’Henri dans la scénographie dans les années 2000.

De nombreux stagiaires passent par La Fabrique Créative, dernièrement, la lusodescendante, Luciana.

Henri Joaquim aimerait un jour pouvoir travailler et participer à des créations franco-portugaises, pourquoi pas avec la très belle agence portugaise, plusieurs fois primée, P06.

LusoJornal