LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG LusoJornal | LSG Home Comunidade Cérémonies de la Bataille de La Lys à Boulogne-sur-Mer et à AmbleteuseAntónio Marrucho·20 Abril, 2024Comunidade Ana Isabel Xavier, Secrétaire d’État à la Défense Nationale du Portugal, dans son discours au Cimetière militaire portugais de Richebourg disait, ce samedi 13 avril, que «toutes les cérémonies sont bien insuffisantes pour honorer la mémoire des combattants». Les cérémonies de la Bataille de La Lys s’étalent désormais, depuis 2020, à la suite de la restauration du monument qui honore les soldats portugais de la I Guerre mondiale, dans le Cimetière de l’Est, à Boulogne-sur-Mer, sur deux jours. À Richebourg et la Couture, elles ont eu lieu, le 13 avril (lire ICI), et à Boulogne-sur-Mer et Ambleteuse, le lendemain. En utilisant un langage théâtral, nous dirions qu’il y a désormais des commémorations de l’avant-scène, du théâtre des opérations, et l’arrière-scène, là où s’effectue la préparation, la répétition, l’entraînement. L’arrière-scène, étant par ailleurs, lieu de mémoire des 44 soldats, qui pour la majorité, ne se sont pas montrés sur l’avant-scène, la maladie, l’accident les ont importés. Par une matinée, bien plus fraîche que la veille, les cérémonies ont débuté à 10h00 au Cimetière militaire de l’Est, à Boulogne-sur-Mer. Après l’appel des officiels à se placer devant le monument, inauguré en 1938 et restauré en 2020, les autorités ont été appelées pour nous rappeler, par leurs discours, les raisons de la cérémonie et de l’honneur rendue en ce cimetière aux 44 soldats portugais (lire ICI et ICI) y enterrés et aux membres du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) en général. Le Maire de la ville, Frédéric Cuvillier, prononce la première allocution. Frédéric Cuvillier se dit fier d’accueillir dans ce cimetière militaire, lieu de mémoire, des représentants de l’armée portugaise. Boulogne-sur-Mer et Ambleteuse, ville voisine, sont la preuve de l’engagement des jeunes portugais dans la I Guerre mondiale, villes qui tissent et contribuent aux liens d’amitiés entre le Portugal et la France, à l’exemple de la saison croisée France-Portugal de 2022 avec l’exposition du peintre Veloso Salgado dans le Musée de la ville. Pendant les deux journées de célébrations, la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine était de toutes les pensées, de tous les discours, ce fut le cas, aussi, dans celui du Maire Frédéric Cuvillier. Boulogne-sur-Mer et ses environs, même si situés à l’arrière du front, leur rôle a été essentiel. Là étaient installés, entre autres, les hôpitaux, notamment britanniques, lesquels ont soigné les soldats du CEP. Le responsable municipal a rappelé le rôle des deux compagnies du CEP qui, en luttant avec des armes inégales, contre côté allemand 4 compagnies, ont contribué, à leurs manière, à freiner l’avancée de ces derniers jusqu’à la mer, contrariant ainsi, l’objectif allemand. Le Général Chito Rodrigues a évoqué, que malgré le moment vécu de pandémie, le Monument en honneur des soldats portugais de Boulogne-sur-Mer a été restauré et inauguré à l’automne 2020. Un rappel chiffré sur les pertes portugaises pendant l’opération Georgette: 50% des combattantes portugais du CEP sont morts, blessés, disparus ou faits prisonniers. Ils ont contribué par leur sacrifice, à la victoire finale. Boulogne-sur-Mer et le Portugal, et tout spécialement Lisboa, ont des liaisons ancestrales, des soldats du Boulonnais ayant contribué à la conquête de Olissibona, future Lisboa, aux Maures. Mathilde du Portugal par mariage a, elle aussi, contribué au tissage des liens entre Boulogne-sur-Mer et le Portugal, liens de paix contrairement à ce qui se passe à l’Est de l’Europe avec la guerre en Ukraine. Chito Rodrigues a appelé de ses vœux à une paix réelle et pérenne dans notre monde, à la paix en Ukraine. Le Sous-Préfet de Boulogne-sur-Mer, Patrick Leverino rappelle le télégramme envoyé par Raymond Poincaré, Président de la République Française, adressé le 14 juillet 1918 au Président portugais Sidónio Pais, alors que la guerre n’était pas encore terminée : «L’amitié du Portugal est très chère à la France. Les braves soldats de votre République ont été acclamés par le peuple de Paris, le nom des Portugais a été donné à une rue de la cité». Le Sous-Préfet évoque le premier contact avec la France, des soldats du CEP, arrivés à Brest et cite le chiffre de 7.300 soldats portugais décédés, disparus, faits prisonniers à la suite de la Bataille de La Lys. Patrick Leverino cite l’écrivain Julien Green : «Le reniement du passé est une funeste attitude. Et pour lutter contre le présent et créer de l’avenir, le passé est souvent l’arme la plus efficace». Le Sous-Préfet rappelle que pendant la I Guerre mondiale, de nombreux ouvriers portugais sont venus en France pour travailler dans l’industrie et dans les champs, on manquait de bras, le chef de famille ou enfants étant sur le front. Il termine : «Je suis satisfait qu’on puisse ici, dans ce cimetière, depuis 2020, célébrer l’amitié entre nos deux peuples». Onze dépôts de gerbes ont été déposés par des autorités civiles et militaires portugaises présentes. Entre chaque annonce et dépôt de gerbes, on entendait les compagnons, les locataires des lieux, les vivants, les oiseaux… ils piaillent… une forme de merci… merci pour eux, les 44 et tous les autres qui y sont enterrés, merci par les honneurs rendus. Le père António Borges Silva, Aumônier de la Garde Républicaine Portugaise conclut la cérémonie par une brève évocation religieuse : «Nous nous souvenons des morts qui ont lutté pour la justice, la liberté, nous les gardons dans notre mémoire, les 44 pierres tombales sont les témoins. Qu’ils reposent en Paix… croyant dans la vie, ils ont donné la leur pour qu’on puisse vivre». Après la minute de Silence, le Général Chito Rodrigues décore la ville de Boulogne-sur-Mer, de l’Ordre du Mérite d’Honneur grade Or, en la personne de son Maire, Frédéric Cuvillier, un remerciement du travail de mémoire en faveur des soldats portugais de la Grande Guerre et de l’entretien des liens entre le Portugal et la France. . Ambleteuse La continuation des cérémonies du dimanche s’est poursuivie à Ambleteuse. Après une visite au cimetière de la ville et à sa croix portugaise, peinte en rouge tout récemment, inaugurée le 17 août 1930, qui rappelle que, là, furent enterrés plus de 300 soldats portugais, dans un premier temps, avant d’être exhumés et transférés à Richebourg. C’est devant le monument portugais de la Croix Rouge Portugaise que les autorités civiles, militaires et le public se sont rassemblées. La prise de parole a tout d’abord été confiée à Stéphane Pinto, Maire de la ville, petit-fils de soldat portugais du CEP. Après quelques indications chiffrées de la participation portugaise, Stéphane Pinto parle de l’engagement de la Croix Rouge Portugaise, en témoigne le monument, le premier construit chronologiquement en honneur de la participation du CEP. La population d’Ambleteuse doit aussi beaucoup à la Croix Rouge Portugaise. Elle est restée sur place, encore quelques mois après la fin de la Guerre, et a soigné et sauvé, tant que possible, des victimes d’un autre mal terrible qui a fait, lui aussi, énormément de morts : la grippe espagnole. Stéphane Pinto révèle : «si je suis là, je le dois, en partie, à l’action de la Croix Rouge Portugaise qui a soigné mon grand-père. Il a fait partie des troupes portugaises qui sont venues défendre les valeurs de la France, de l’Humanité… Stéphane Pinto termine par : «Je suis heureux de voir présents ici, tous ces jeunes cadets des armées… je suis heureux de perpétuer le devoir de mémoire. Vive la France, Vive le Portugal». Les mots que nous avons entendus de José Pinto, père de Stéphane Pinto, malade depuis quelques mois à la suite du Covid mais présent pour les cérémonies, sa première sortie depuis des mois, nous ont ému : «Mon fils… ma bataille». Le Général de Corps d’Armée, Marco Serronha, Vice-Président de la Croix-Rouge Portugaise, prend la parole pour dire tout le plaisir et l’honneur qu’il ressent d’être là tout près du monument de la C.R.P. en rappelant la mémoire des soldats portugais venus en Flandres, sans oublier ceux qui ont défendu le Portugal aussi dans les anciennes colonies portugaises d’Afrique. Une pensée pour les soldats et peuple d’Ukraine qui se bat. La Croix Rouge, depuis sa fondation, défend des valeurs qu’elle continue à mettre en œuvre dans le monde en grand danger d’aujourd’hui. Le Sous-Préfet de Boulogne-sur-Mer, Patrick Leverino, prolonge dans son discours à Ambleteuse, les propos qu’il a tenu au Cimetière militaire Est de Boulogne-sur-Mer. Les jeunes d’Ambleteuse et tout spécialement ceux qui font partie du Conseil Municipal de la Jeunesse, accompagnent les officiels lors des dépôts de gerbes devant et autour du Monument. Au père António Borges Silva, Aumônier de la Garde Républicaine Portugaise de conclure : «…soldats, membres de la Croix Rouge, puisse votre exemple être au service de la Paix tout en la pérennisant». La ville d’Ambleteuse est décorée, en la personne de son Maire, Stéphane Pinto, par le Général Chito Rodrigues, avec médaille de Mérite et Honneur au grade d’Or. Les cérémonies se terminent par un moment de grâce, un moment symbolique, un moment en honneur de la paix : l’envol de pigeons. Une superbe idée de Stéphane Pinto et de sa municipalité, par tous applaudie. Tous les présents ont été invités au vin d’honneur. Des prises de paroles improvisées ont eu lieu ainsi qu’un échange de souvenirs. Le repas est venu renforcer les liens, moment fraternel d’échanges informels, l’amitié c’est bien cela, aussi. Les cérémonies du 13 et 14 avril 2024 resteront comme de beaux hommages aux soldats portugais qui ont participé à la I Guerre mondiale, plus qu’une tradition, un devoir, après bien des années dans l’oubli. La Lys était considérée comme un revers… le régime de Salazar ne voulait pas évoquer les défaites. La démocratie, depuis 50 ans au Portugal, a aussi pris du temps à comprendre et mettre en avant ce morceau de l’histoire du Portugal. Le dicton dit : «Il vaut mieux tard que jamais». Tous les combattants sont à honorer, soie-ils d’un camp ou de l’autre, ils ont donné de leurs vies, tous des humains, tous ont le droit d’être rappelés. Pérennisons leur mémoire. Il n’est pas ringard, même là, au moment, où l’humain développe, se préoccupe, s’efface, devant l’Intelligence Artificielle. La citation de Julien Green reste d’actualité. Si au moins les hommes pouvaient tirer leçon des erreurs du passé ! L’ennemie de l’homme… lui-même !