Concert de Fado d’Ana Lains à Béthune: un moment magique

Elle est bien portugaise. Jugez-en par son nom complet: Ana Margarida Lains da Silva. Et quoique originaire de la région de Ribatejo, plus précisément de la ville de Torres Novas, elle est née pour la chanson de Lisboa, le Fado.

Ana Lains nous a scotché, nous a fait bouger. Plus d’une heure et demie de spectacle… de bonheur! Et quelle présence sur scène! Elle occupe l’espace, elle joue un fado presque théâtral. Elle emmène le spectateur tout près d’elle… sur scène.

Quel dommage que le Théâtre de Béthune n’ait été qu’à moitié plein…

Pour tous ceux qui ont occupé l’autre moitié, Ana Lains leurs laissera un bon souvenir.

Le Portugal a la chance d’avoir actuellement des interprètes de Fado d’une qualité rare. Il n’y a pas un Fado… il y a des Fados. Chaque artiste le fait évoluer en intégrant de nouvelles sonorités, de nouveaux instruments. Ana Lains en fait partie.

Sur scène elle n’est pas seule. Elle nous a présenté deux fois ses musiciens, au début et à la fin du spectacle: au piano Paulo Loureiro, à la guitare portugaise Bruno Chaveiro, à l’accordéon Carlos Lopes, à la basse Hugo Ganhão et aux percussions João Coelho.

Ana Lains avec ses chansons, ses fados, nous a fait un voyage au Portugal: un voyage dans l’espace mais aussi dans le temps. Dans son premier fado, elle nous parle de son amour avec lequel elle s’est fâchée, et elle nous surprend avec une chanson dans la deuxième langue du Portugal: le mirandês.

On voyage dans le temps, on remonte huit siècles en arrière pour écouter une chanson écrite pour le roi D. Dinis, en galaico-portugais. De noter qu’Ana Lains, en 2014, a été ambassadrice des commémorions autour de la langue portugaise. Est-ce une des raisons pour laquelle elle a été choisie pour que son spectacle s’intègre dans les commémorations du Centenaire de la Bataille de la Lys?

Pour certaines de ses chansons, Ana Lains nous demande de fermer les yeux et d’ouvrir nos cœurs.

Déjà petite, elle aimait Florbela Espanca. Elle la chante dans son premier CD. Elle nous chante la vie et ses inquiétudes, de ses chemins, de nos chemins, de nos vies. Inspiration qui lui vient d’un homme du nord du Portugal: Jorge Fernando. Elle fait appel au public, le public qui essaye de chanter, tape dans les mains.

Le silence se fait pour écouter une chanson de sa «professeure», Dulce Pontes, mondialement connue: «Canção do mar». L’interprétation est sublime, le silence de la salle pour l’écouter en dit long.

Elle nous fait rappeler par une de ses chansons que «nous mourrons doucement… et que nous naissons par le matin».

Ana Lains, s’émut avec le Fado traditionnel, difficile de contenir ses émotions. Elle nous chante un fado d’il y a deux siècles, il avait été interprété par l’aristocrate Maria Teresa de Noronha.

Accompagnée au piano, elle nous parle du temps, de la vie, des heures qui passent, elle fait participer le public, lui demande de danser tout en se posant la question: «O tempo perguntou ao tempo quanto tempo o tempo tem…».

Le voyage continue, elle nous parle de certains instruments traditionnels du folklore portugais, elle interprète «Senhora do Almotrão» tout en jouant avec un «adufe», instrument traditionnel de Beira Baixa.

La musique qui paraît triste, libère selon Ana Lains. On arrive à la fin du spectacle, après des applaudissements, les musiciens reviennent sur scène, presque à genoux elle nous interprète «Je ne regrette rien» de Piaf, d’une façon magistrale, terminant avec un Fado traditionnel: «Não passes na minha rua».

L’heure et demie du spectacle a vite passé. Ana Lains, un nom à retenir, une artiste pleine de talent, une belle voix qui peut s’adapter à tout type de chansons.

 

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LusoJornal