LusoJornal / Luís Gonçalves Home Cultura Fernando Galrito: Plus qu’un réalisateur, plus qu’un Directeur de La Monstra… un philosopheAntónio Marrucho·24 Janeiro, 2018Cultura Rencontre avec Fernando Galrito, Directeur du Festival d’Animation de Lisboa – La Monstra. Dans le cadre du festival d’animation “La Monstra de Lisbonne” à Arras qui a eu lieu entre le 18 et le 24 janvier, nous avons rencontré Fernando Galrito, Directeur du festival internationale d’animation de Lisboa – La Monstra, dont la 18ème édition se déroulera cette année entre les 08 et 18 mars. L’échange que nous avons eu avec Fernando Galrito a été bien plus qu’une interview, mais plutôt un moment de partage, d’amitié autour de quelques plats de tapas, accompagnés d’un rouge de Lisboa, mis en bouteille tout spécialement pour “La Monstra de Lisbonne 2018”. Née de parents venus de Castro Verde et Monção, le petit Fernando Galrito a vécu ses premières années à Samora Correia, la bibliothèque Gulbenkian étant sont terrain de jeux dès sont très jeune âge. Cela aura son influence sur l’avenir professionnel et artistique de Fernando. De son grand-père maternel, Francisco Galrito, Fernando gardera des souvenirs bien précis. Il n’avait pas la stature d’un vrai Portugais, avec ses 2,02 mètres d’hauteur, même si par ailleurs il respectait la tradition du “copito daguardente” dès le matin. Francisco a souffert toute sa vie d’une blessure qui l’a éloigné du champ de bataille deux mois avant la fin de la I Guerre Mondiale. Il a fait partie de 55.000 soldats portugais mobilisés pour venir en terres de Flandre. Il a participé à la Bataille de La Lys. La bibliothèque fixe de Samora Correia a été le déclencheur de l’avenir artistique de Fernando Galrito. C’est là qu’il y 50 ans, à l’âge de 8 ans, il a réalisé son premier film d’animation. Après son adolescence, lui aussi, a immigré, pour venir suivre des études de cinéma à Grenoble. Avec l’association Collodion Humide il va parcourir toute la France et l’Europe pour travailler avec des enfants dans l’art de l’animation. Fernando Galrito a plusieurs cordes à son harpe. A la suite de nombreuses formations qu’il a suivi, dont une licence d’anthropologie. Actuellement il enseigne à Escola Superior de Arte e Design de Caldas da Rainha et donne des cours au Brésil, Suède, Allemagne, Suisse et autres pays qui le sollicitent. Pour lui, parcourir le monde, permet d’enseigner, mais surtout d’apprendre, comme il dit. À un mois et demi de la 18ème édition du Festival international d’animation de Lisboa, nous avons voulu savoir un peu plus sur cet événement qui a fait déplacer l’année passée 55 mil personnes dans les salles de cinéma et d’expositions. Comment a été créée le festival et quelle a été l’idée fondatrice? L’idée est venu de 4 copains dont je faisais partie. Très vite je me suis retrouvé seul. Les principes pour la création de la Monstra ont été: montrer ce qui ce fait de mieux au niveau mondial dans le film d’animation, créer une compétition, promouvoir par la formation, créer des liaisons entre différents arts. Il y a eu des évolutions, telles que celle d’inviter tous les ans un pays différent tout spécialement. L’année dernière l’invité a été l’Italie, en 2018 ça sera l’Estonie. Pourquoi le festival s’appelle «La Monstra»? Ce titre est en rapport avec la salle de cinéma dans laquelle le festival a fait ses premiers pas et qui est encore de nos jours lieux de projection: le Sao Jorge. Le Montre, le dragon de Cuca qui lutta, selon la légende, contre São Jorge, inspira les initiateurs du festival, le nom Monstra est né. Qui appuie le festival, et quelles structures avez-vous créé? Nous recevons l’appui financier de plusieurs institutions, qui vont du Ministère de la Culture, à des institutions européennes, en passant par des initiatives individuelles. Pour mettre en œuvre le festival, deux structures existent et cohabitent: une association et une entreprise. Le développement de l’informatique ne vient-elle pas mette en cause le film d’animation, l’art ne devient-elle pas une affaire individuelle? Non. Bien au contraire, l’évolution technologique va bien au-delà du pouvoir de nos têtes, nous devons accepter l’évolution de la technique, c’est un instrument, elle ne vient pas nous remplacer. L’informatique permet que des gens se retrouvent dans un jeux alors qu’ils sont dans des continents différents, nous pourrons dire que la production peut se faire, alors que les personnes sont à des milliers de kilomètres de distance. Comment se porte le cinéma d’animation au Portugal? La production est faible en nombre, toutefois elle est internationalement jugée de qualité. Nous sommes parmi les 5 pays au monde dont le film d’animation compte le plus. Nous avons reçu 2 Oscars pour des films d’animation. En Europe, seulement l’Angleterre a eu le même nombre de prix. Comme dans bien d’autres domaines, nous avons su dans nos productions, maintenir notre âme, mettre en évidence nos qualités de Portugais, nous parlons de nous. J’aime bien la phrase qui dit: «si tu veux parler au monde, parle de toi-même». À quoi sert le film d’animation? Le film d’animation, comme l’art en général, est fondamental. Il développe et fait passer des idées, une philosophie, il nous aide à regarder le monde d’une manière différente, il aide à le transformer. Comme dans un poème d’une seule ligne, quelques secondes d’un film d’animation font passer des sentiments, parler du réel, il y a du mouvement dans l’écran mais aussi à l’intérieur de nous-mêmes. Le film d’animation donne des mouvements à des choses qui sont inertes, donne de l’émotion, souvent le film commence quand la lumière s’étend, il y a l’après. Pour terminer, un détail qui a marqué votre vie? J’étais jeune, j’avais soif d’apprendre. J’ai pris mes valises pour me retrouver à Moscou. Je voulais rencontrer le réalisateur le plus important du cinéma d’animation de l’époque. Sans le prévenir, je sonne à sa porte. Première question qu’il me pose: «que venez vous faire ici?». Ma réponse a été brève et timide, quand je lui ai dit que, je voulais apprendre avec lui. La deuxième «avez vous fait déjà des films». Un petit peu, j’ai répondu. Une troisième question s’en est suivie: «croyez-vous dans ce que vous faites». Le cœur battant, j’ai répondu oui. La porte s’ouvra. Voilà une phrase, un geste qui marquera ma vie: croyons en nous, croyons dans nos réalisations.