I Guerre mondiale: La Borne commémorative dite ‘portugaise’ de Beuvry, oubliée


En France, les Bornes sont nées après la I Guerre mondiale. Elles sont d’abord dites ‘commémoratives’ pour marquer la ligne de front du 18 juillet 1918 et la fin de l’avancée allemande. Elles deviennent ‘Vauthier’ du nom de leur sculpteur, Moreau-Vauthier. Aujourd’hui, 7 Bornes sont dites ‘portugaises’, parce que financées par le Portugal.

Qu’est devenue la Borne nommée Béthune, l’oubliée du Devoir de Mémoire ? Rappelant l’objectif de ces petits monuments, commémorer pour les générations présentes et futures, un évènement de l’histoire et rendre hommage aux soldats portugais.

Après guerre, des Bornes miniatures en bronze, en grès, en biscuit de Sèvres, ont été vendues aux sociétaires du Touring Club de France et de Belgique. A usage de presse-papier, d’encrier de bureau, ou d’objet décoratif, elles font aujourd’hui le bonheur des collectionneurs.

Des appels à souscription ont été renouvelés pendant au moins 6 ans.

Les donateurs ont été multiples, particuliers, Maires, communes, groupes cyclistes, Universités, journaux, entrepreneurs, etc. Les dons étaient à la fois privés et publics. Seuls les noms des souscripteurs d’un montant de 3.500 francs, prix d’une borne, sont gravés en-dessous des mots «Touring Club de France».

A noter que, par l’intermédiaire des nombreux délégués de l’étranger du Touring Club, des souscriptions ont également été obtenues auprès du Brésil.

Au Portugal, la Commission des ‘Padrões da Grande Guerra’ est constituée après-guerre, pour honorer la participation portugaise à la I Guerre mondiale. L’objectif est de collecter des fonds pour ériger des monuments commémoratifs au pays, mais également en Afrique et en France, dont le monument de La Couture et les 7 Bornes du secteur portugais du Pas-de-Calais.

Les photos, prises pendant la Grande Guerre, en France, par le soldat photographe Arnaldo Garcez, ont servi à l’édition de cartes postales pour récolter des fonds nécessaires au financement des monuments.

Des textes ont été écrits concernant ces 7 Bornes (lire ICI). Pour rappel néanmoins, ce sont des petits monuments de granit. Les noms de communes gravés au sommet des 7 Bornes sont Saint-Floris, Robecq, Mont-Bernanchon, Hinges (2 Bornes), Locon, Béthune, communes proches de l’ancien front portugais des Flandres.

Des plaques fournies par le Souvenir Français (SF) remplacent les inscriptions disparues «Ici fut repoussé l’envahisseur 1918».

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Une Borne commémorative Vauthier, portugaise, oubliée

La Borne commémorative nommée Béthune est la 1ère Borne dite portugaise inaugurée le 11 novembre 1923, en présence du Maréchal Joffre et de la Mission portugaise. Située à Beuvry – Le Hamel, plus rien ne se lit, ni “Ici fut repoussé l’envahisseur 1918”, ni “Touring Club de France Don du Portugal”. Elle est à une dizaine de kilomètres de l’unique Cimetière Militaire Portugais de Richebourg.

4 ans après l’écriture de textes (lire ICI), les mêmes questions sont posées concernant le Devoir de Mémoire: Pourquoi cette Borne commémorative ne dispose pas d’un panneau d’informations concernant la participation du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) à la I Guerre mondiale? Pourquoi le tourisme de Mémoire commencé après-guerre ne s’est pas perpétué avec cette Borne située à Beuvry ?

Elle mérite autant d’attention que la Borne nouvellement inaugurée le 24 mars à Mont-Bernanchon, étant donné son parcours inhabituel pour un monument commémoratif. L’histoire de cette Borne est reprise ici, avec la collaboration de Rik Scherpenberg et de ses photographies.

Rik Scherpenberg a parcouru les routes de Belgique (son pays) et de France pendant 30 ans pour photographier les Bornes Vauthier. Il a aussi collectionné, entre autres, les livres écrits par le sculpteur Paul Moreau-Vauthier.

La première image qu’il propose, de la Borne commémorative de Béthune, date d’octobre 1991. Si un désherbage intensif n’est pas pratiqué, la Borne passe inaperçue du fait de sa taille et de l’envahissement végétal.

Un évènement permet d’expliquer pourquoi la Borne semble avoir changé de place ou d’orientation. En effet, elle a été percutée en 2002. Elle est photographiée, allongée, entière, dans les hautes herbes. C’est Michel Héniart qui s’est préoccupé du sort de cette Borne, à Beuvry, en la récupérant et la déplaçant.

L’état de la Borne en septembre 2003 semble bon. Les inscriptions au sommet “Béthune” et à la base “Touring Club de France – Don du Portugal” sont lisibles.

Des photos prises en juin 2019 présente un aménagement de pavés à la base de la Borne. Il permet la visibilité et évite l’envahissement végétal. Mais seul reste, des inscriptions d’après-guerre, le mot Béthune au sommet sur la couronne de lauriers. Où sont les inscriptions de la base marquant la Mémoire portugaise et le Don du Portugal au Touring Club de France ? N’est-il pas dommage d’enterrer une partie de la Borne et ses inscriptions, puisqu’elles étaient encore lisibles ? Cette première Borne “portugaise” inaugurée en novembre 1923 ne mérite-t-elle pas mieux ?

“Marquer pour le voyageur oublieux le siège de suprêmes résistances” (portugaises) “les lieux où en 1918 la victoire prit son vol”, les propos du Ministre des régions libérées en 1923 sont toujours d’actualité. A Beuvry, où en sont le Tourisme et le Devoir de Mémoire portugaise ?

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Les photos sont aimablement proposées par Rik Scherpenberg.

LusoJornal