Lusa / Luís Forra

Opinion : Les entraîneurs portugais de football s’exportent

Les entraîneurs portugais font parler d’eux.

Deux d’entre eux ont été ces deux dernières semaines sur le feux de l’actualité:

Jorge Jesus est devenu, en à peine 6 mois, un Dieu au Brésil, en remportant avec Flamengo la Coupe Libertadores le 23 novembre dernier par le score de 2-1 contre River Plate. La dernière fois que le club a remporté cette compétition remonte à 1981. Cerise sur le gâteaux, il remporte le week-end suivant, le Championnat du Brésil.

Le plus connu et médiatique entraîneur lusitanien, reprend du travail à Tottenham : José Mourinho. Le transfert récent de deux entraîneurs adjoints portugais de Lille vers le nouveau club de Mourinho a créé une certaine polémique.

Les entraîneurs portugais s’exportent. L’Éthiopie et le Kenya exportent des athlètes de haut niveau en athlétisme, le Portugal exporte des entraîneurs de football.

On remonte à l’année 1985-1986 pour trouver le premier entraîneur portugais à succès à l’étranger, en la personne de Rui Caçador, à Maputo (Mozambique). José Castro s’est sacré champion du Mozambique en 1988 avec le Desportivo de Maputo. On peut également citer le nom de Fernando Cabrita qui a gagné le Championnat marocain au service du Raja Casablanca.

Le premier entraîneur portugais à avoir du succès en Europe a, sans nul doute, été Artur Jorge qui remporta le Championnat de France en tant qu’entraîneur du Paris Saint Germain. Artur Jorge a contribué à ce que des portes, à l’étranger, s’ouvrent à Jaime Pacheco, Jesualdo Ferreira, Manuel José

Les portes s’ouvriront d’une forme encore plus massive, aux entraîneurs portugais à l’étranger, avec le succès de José Mourinho à partir de la saison 2004-2005. Mourinho remportant son premier titre anglais avec l’équipe de Chelsea, après 50 ans de disette de cette équipe.

De rappeler que José Mourinho est un des 4 entraîneurs Champions en quatre pays européens différents. Il n’y a que le Croate Tomislav Ivic, qui le bat, ayant été Champion en 6 pays européens différents.

On comptabilise plus de 70 titres obtenus à l’étranger par les techniciens portugais. Manuel José étant probablement le plus titré avec 6 Championnats d’Égypte comme entraîneur de l’équipe d’Al Ahley SC, 2 Coupes, 4 Super Coupes d’Égypte, 4 Super Coupes CAF et 4 Ligues des Champions du continent africain.

Dans un pays grand et peuplé comme un continent, la Chine, Vítor Pereira y a été Champion la saison 2017-2018 avec le Shanghai SIPG.

Une petite histoire récente: ce 28 novembre, Manchester City achète 65% du club Mumbai City, club indien créé en 2014, actuellement entraîné par Jorge Costa. Un des joueurs emblématiques de ce club, a été le Français Anelka.

Selon l’Associação Nacional de Treinadores, on recense 200 entraîneurs portugais à l’étranger, en comptabilisant les techniciens principaux, adjoints et équipes techniques.

Actuellement 28 pays au monde ont des entraîneurs de nationalité portugaise.

Entraîneurs dans des grands Championnats européens, mais aussi dans des pays parfois insolites, comme Macau, Hong Kong, Malaisie, Vietnam, Libye ou les Maldives, mais aussi le Costa Rica, la Corée du Sud, Chypre, l’Arabie Saoudite, Israël, la Tunisie et même le Mexique.

Avec les départs d’Arsène Wenger d’Arsenal et de Claude Puel de Leicester, il n’y a plus qu’un seul entraîneur français dans un club européen de première division : Zinedine Zidane.

Proches de nous, il y a 3 entraîneurs portugais dans le Championnat français de Ligue 1, avec pour l’instant, avouons-le, un certain succès: Leonardo Jardin à Monaco, André Villas Boas à Marseille et Paulo Sousa à Bordeaux. De noter que sur 5 entraîneurs étrangers de la Ligue 1 française sur un total de 20, 3 sont portugais.

L’Angleterre possède 20 équipes en 1ère division, dont 11 entraîneurs étrangers, 3 desquelles sont portugais : José Mourinho à Tottenham, Marco Silva à Éverton et Nuno Espírito Santo à Woverhampton.

En Italie, sur 3 entraîneurs étrangers pour un total de 20 équipes en 1ère division, un est Portugais, il s’agit de Paulo Fonseca à l’A.S. Roma.

De noter qu’en Espagne, sur 20, 3 entraîneurs sont étrangers et aucun n’est portugais. En Allemagne, sur 18 équipes, huit entraîneurs sont étrangers, aucun n’est portugais.

Citons comme entraîneurs connus: Luís Castro au Shakhtar Donetz, Pedro Martins à l’Olympiakos, Abel Ferreira au Paok Salonique, Rui Vitória au Al-Nassr Riyad, Paulo Bento en Corée du Sud, Carlos Queirós en Colombie…

Chose curieuse, et qui prouve que le Portugal ne manque pas d’entraîneurs de qualité, c’est le fait que toutes les 18 équipes portugaises sont dirigées par des techniciens nationaux !

Au vu de tout ce qu’on vient de dire, pourquoi ce succès des entraîneurs portugais à l’étranger ?

Un des facteurs, est sans nul doute, pour une raison financière. A l’exception des trois grands clubs du Portugal, les autres ne sont pas en mesure de bien payer les entraîneurs. Ceci est sans nul doute une des raisons, aussi, pour laquelle le Championnat portugais n’attire pas non plus des entraîneurs étrangers.

L’autre raison, c’est la bonne formation des entraîneurs portugais, formation bien moins coûteuse que dans bien d’autres pays. De la quantité d’entraîneurs diplômes, sort une certaine qualité et un choix important.

Une troisième raison, vient du don des Portugais pour les langues. Les entraîneurs portugais parlent, d’une façon générale, plusieurs langues, ce qui facilite son intégration à l’étranger.

Je cite ici quelques déclarations récentes de José Pereira, le Président de l’ANTF: «nous sommes les meilleurs du monde». Il poursuit: «Nous entraînons bien et nous conduisons bien les équipes… les entraîneurs d’autres pays commencent à vouloir apprendre avec nous».

«Le succès de l’entraîneur portugais à l’étranger est dû à la compétence reconnue à l’échelle internationale. Les entraîneurs portugais rassemblent des prédicats qui font la différence. La technique, le leadership et la proximité du groupe de travail sont quelques-uns des facteurs qui distinguent les entraîneurs portugais», a-t-il souligné. «Quand les entraîneurs portugais ont eu l’opportunité de partir à l’étranger, ils en ont profité».

Pour terminer, nous ajoutons que le succès de nos joueurs à l’étranger, en commençant par Cristiano Ronaldo, le succès de l’équipe du Portugal avec Fernando Santos et la reconnaissance internationale des bonnes écoles de formation des clubs portugais, FC Porto, à titre d’exemple, ayant remporté la dernière saison la UEFA Youth Ligue, contribuent à la renommé des entraîneurs portugais à l’étranger.

 

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