Quel nom donner au soldat du CEP mort en 1917 : Maltinha ou Martinha ?

Tout un chacun s’est probablement déjà intéressé au sens donné à son nom de naissance, dit aussi nom de famille. Mais son écriture ? Celle-ci évolue en fonction des époques, des personnes qui consignent les noms dans les registres. La création du livret de famille en France a tenté de figer cette écriture.

Il est aisé de se rendre compte aujourd’hui, au détour des bases de données et fichiers établis par divers annotateurs, que l’écriture des noms de famille donne un peu de piment aux recherches généalogiques, historiques, mémorielles, qu’on préfèrerait parfois faciles.

Le cas du soldat du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) suivant, qui a participé à la I Guerre mondiale en France, n’est qu’un exemple pour un peu étayer ces propos.

Ladislau José Maltinha faisait partie du 11ème Régiment d’Infanterie du Corps Expéditionnaire Portugais. Il était arrivé en France en juillet 1917. Son bulletin militaire individuel le dit fils de João Maltinha et Maria Luiza, natif de São Domingos de Ana Loura, Estremoz, Évora.

Après 4 jours de bateau, il débarquait à Brest le 28 juillet 1917. Sa présence vivante en France fut de courte durée, puisque qu’il est mort le 21 novembre 1917, à l’hôpital de Béthune, des suites de blessures de guerre. Il fut initialement enterré au cimetière de la ville de Béthune. Aujourd’hui, il est enterré au Cimetière militaire portugais de Richebourg.

Pour en venir à l’écriture des noms, Ladislau José figure dans les bases de données officielles sous deux écritures différentes.

Le nom Maltinha est écrit au Mémorial virtuel développé par les Archives Historiques Militaires portugaises, en accord donc avec le bulletin miliaire individuel, et au Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette, sur l’Anneau de la Mémoire à Ablain-Saint-Nazaire.

Le nom Martinha est écrit sur la sépulture du cimetière militaire portugais de Richebourg, suivant une liste établie en 1937 à Lisboa, du Service des sépultures de guerre à l’étranger, et également sur l’Anneau de la Mémoire, où le nom du soldat figure donc sous 2 écritures différentes.

C’est le numéro 23.283 de la plaque d’identité du soldat Maltinha/Martinha qui permet de confirmer l’absence d’homonymie. Il y a bien une seule et même personne.

Un rapide questionnement des bases de données généalogiques donne la prédominance au nom de famille, Martinha. Ce soldat est mort célibataire, le questionnement du nom de famille ne se pose pas pour la descendance, mais au niveau Mémoriel, sous quel nom l’honorer ?

Un exemple parmi d’autres qui montre la difficulté de certaines recherches et la nécessité de confronter et vérifier les sources d’informations. Mais surtout il questionne à propos de l’intérêt de centraliser les bases de données nominatives plutôt que de les démultiplier, démultiplication qui peut devenir source de confusion.

Parole de chercheuse !

LusoJornal