Rafaela Lopes: «C’était le meilleur moment de toute ma carrière»

Le 20 janvier dernier, face à l’Ukraine, la milieu portugaise de la VGA Saint Maur, Rafaela Lopes, a connu sa première sélection nationale avec le Portugal. Un moment incroyable sur lequel elle a décidé de revenir plus largement au cours d’un entretien avec LusoJornal.

 

Tout d’abord, pour revenir sur votre première sélection, comment avez-vous vécu ce moment?

Je l’ai bien vécu. Il n’y a pas eu de stress, les gens autour de toi sont là pour t’aider, pour que tu donnes le meilleur de toi-même. Quand le Sélectionneur m’a donné cette opportunité, j’ai sauté sur l’occasion et j’ai tout donné. C’est vraiment une charge d’adrénaline quand tu rentres sur le terrain, que les gens scandent ton nom. C’était énorme ces six premières minutes. Sans doute le meilleur moment de toute ma carrière.

 

Quel est le sentiment qui prédomine au moment de rentrer sur le terrain avec le maillot portugais pour la première fois?

La joie. J’avais le sourire aux lèvres, je rigolais bêtement, je regardais autour de moi. Quand j’ai tendance à stresser, j’ai le réflexe de regarder autour de moi l’environnement. Et je vois tout le monde, le stade énorme, les joueuses en face de moi. J’avais le sourire et je me disais «enfin je suis là, j’y suis». Il y avait beaucoup de fierté.

 

Quand on vit une première sélection, est-ce qu’on pense aussi tout de suite aux sacrifices qui ont été réalisés pour en arriver là?

Oui, j’y pense. Quand je commence à redescendre de mon petit nuage, à prendre conscience de ce qu’il vient de se passer, mon premier réflexe est d’appeler ma mère. Elle est vraiment fière de moi. Elle sait que j’aime profiter de ces petits instants là au téléphone. Et sur le chemin du retour, je pense aux choix de vie qu’elle a dû faire. En réalité la seule personne qui a fait des sacrifices, c’est ma mère. Le fait d’avoir fait le choix de déménager ici en France, etc. Ce sont des faits de vie qui ont fait que je suis arrivé jusqu’ici. Aujourd’hui, ce sont les sacrifices de ma famille qui ont fait que j’en suis là. Et je ne peux que les remercier. Je pense à eux à chaque match, à chaque entraînement. Et je me dis, si elle n’avait pas fait ce choix-là, que serais-je devenue tout simplement?

 

Pour revenir un peu plus largement sur cette semaine avec la Sélection, comment s’est passée l’intégration au groupe?

J’appréhendais un peu mon intégration étant donné que je suis quelqu’un de réservée, dans mon coin. Mais malgré cela, tout s’est bien passé. Les Capitaines Dolores Silva, Sílvia Rebelo et Ana Borges ont été extraordinaires avec moi. Les autres joueuses aussi comme Jessica Silva, Carolina Mendes,… Je me suis entendue avec toutes les joueuses. C’était fou rire avec chacune d’entre elles et même avec le staff qui était incroyable. C’était une très bonne intégration. De toute façon, là-bas ça se passe toujours comme cela. Si quelqu’un ne se sent pas bien, on fait tout pour qu’il se sente chez lui, qu’il puisse donner le meilleur de lui-même.

 

Avec quelles joueuses vous êtes-vous le mieux entendue? Y’en a-t-il une qui vous a prise sous son aile?

Il n’y en a pas eu qu’une seule, c’était un peu toutes les anciennes: Carolina Mendes, Ana Borges, Dolores Silva,… Il y avait aussi Jessica Silva qui parlait beaucoup avec moi. Tout comme la Coach adjointe, Marisa Gomes, qui me demandait tout le temps si j’allais bien, etc. S’il fallait quelque chose, je pouvais lui demander sans aucun souci. Je me suis sentie vraiment très entourée.

 

Avez-vous par moment rencontré des difficultés au niveau de la langue durant cette intégration?

Non, ça a été, je parle portugais avec ma mère à la maison. La seule difficulté que j’ai eue, c’est parfois d’enchaîner des phrases. J’ai l’habitude de parler en français, d’entendre parler en français tout le temps. Et quand, du jour au lendemain, tu te retrouves avec des gens qui parlent des portugais différents, avec divers accents, parfois c’est compliqué de comprendre. Mais sinon, je n’ai pas eu de difficulté particulière à me faire comprendre. Et puis il y avait trois joueuses qui parlaient français, si jamais…

 

Quels sont vos liens avec le Portugal, vos origines?

Notre famille à la base est de Lisboa, Amadora plus précisément. Ma mère a fait le choix de venir en France quand j’étais jeune car elle souhaitait de meilleures conditions de vie et aussi parce qu’elle a toujours rêvé de s’installer ici. Donc on s’est installés chez ma grand-mère pendant un an avant d’avoir notre maison. Sur mes origines, ma mère est portugaise et est née là-bas, mais mes grands-parents sont capverdiens.

 

Pourquoi avoir fini par choisir la Sélection portugaise?

Tout simplement car je suis fière d’être née au Portugal. C’est un pays que j’aime énormément. Même la langue portugaise, j’adore l’entendre et la parler. Je souhaitais aussi être la fierté de ma famille. C’est vrai que j’ai découvert le football féminin à travers l’équipe de France lors de la Coupe du monde 2011. Je n’avais qu’en tête l’EDF car je n’avais pas conscience qu’il y avait d’autres nations comme le Portugal à côté. Mais dès que j’ai su que le Portugal possédait aussi son équipe féminine, c’est devenu un rêve. Et au fur et à mesure de mes évolutions, c’est devenu un objectif qui aujourd’hui est atteint, même si j’en ai encore plein d’autres derrière.

 

Donc, si par exemple le Cap Vert avait eu une équipe de football féminin plus compétitive, ça n’aurait pas forcément été une option…

Je n’ai pas de relation particulière avec le Cap Vert. Ce sont mes origines, mais je ne suis pas parti là-bas et n’est pas une très grande relation avec ce pays. Ça reste le Portugal avant tout. J’aurais pu faire le choix de prendre une double nationalité et tenter la France. Mais le Portugal a toujours été la première option.

 

Maintenant que vous avez connu votre première sélection avec le Portugal, pensez-vous déjà aux prochaines échéances avec le Portugal, avec en tête l’Algarve Cup qui aura lieu fin février?

Oui, une fois qu’on goûte à la Sélection, on a envie d’être présente à chaque convocation. C’est vrai que la prochaine en date sera celle de l’Algarve Cup. C’est un peu la compétition incontournable de la Sélection portugaise. Donc si je suis parmi le groupe, j’en serais très fière. C’est encore une fois un groupe «fermé» dans les compétitions. Donc en faire partie, serait pour un moi un grand pas en avant.

 

Pour finir, que peut-on vous souhaiter pour la seconde partie de saison, aussi bien en Sélection qu’en club?

On peut me souhaiter une bonne route car le chemin est encore long. Ce ne sera pas toujours facile mais il va falloir continuer à aller de l’avant quoi qu’il arrive. Concernant le club, repartir sur une série de victoire jusqu’à la fin de la saison, ça serait pas mal. Je pense qu’on a le groupe pour le faire. Et en Sélection, j’espère qu’on réalisera une très bonne préparation en vue des matchs de qualification pour l’Euro. C’est déjà dans la tête du Sélectionneur et de la Sélection toute entière. Le tout pour que le Portugal apparaisse une deuxième fois à l’Euro.