Robert Badinter, l’ami du Portugal, s’en est allé


Robert Badinter s’en est allé dans la nuit du 8 au 9 février. C’était un ami des libertés, un ami du Portugal.

Robert Badinter restera dans l’histoire comme étant le dernier avocat à avoir défendu un condamné à mort en France et celui qui va mettre en place une des promesses de François Mitterrand s’il arrivait au pouvoir : celle d’abolir la peine de mort.

Chose faite le 18 septembre 1981.

Le Portugal est un des premiers pays au monde à abolir la peine de mort, en 1867.

Robert Badinter a toujours pris comme exemple le Portugal.

A l’occasion du 150ème anniversaire de l’abolition de la peine de mort au Portugal, l’ancien Ministre français de la Justice, Robert Badinter, a salué les Portugais pour avoir réalisé «ces progrès considérables avec beaucoup de courage». Après tout, «la démocratie ne peut pas soutenir le recours à la peine de mort», a défendu ce sénateur et professeur d’université dans un message vidéo adressé aux participants à la célébration de cette date, qui a lieu le 7 juillet 2017 au Centre Culturel de Belém, à Lisboa.

«La peine de mort est le signe permanent de la barbarie, disait Victor Hugo, et c’est aussi la marque du pouvoir totalitaire sur les êtres humains», a-t-il ajouté. «Si la dictature recourt à la peine de mort, c’est pour affirmer que les citoyens ne sont rien, et que ce sont les États et leurs chefs qui peuvent disposer de la vie et de la mort, une proposition que nous ne pourrons jamais accepter tant elle est contraire à l’humanité». Un message de 11 minutes.

Cette attitude de l’abolition de la peine de mort au Portugal a été dans son temps saluée par Victor Hugo.

Le décret-loi qui met fin à la peine de mort au Portugal a été signé par le roi D. Luís, mais ses principaux mentors étaient des criminologues Levy Maria Jordão, António Aires Gouveia, ainsi que Barjona dos Santos, Ministre de la Justice. La peine de mort restera en vigueur dans la justice militaire. On enverra à partir de cette date des prisonniers être envoyés vers les anciennes colonies portugaises pour y purger leur peine.

L’inclusion de la loi dans le code civil portugais a été considérée comme une contribution importante à l’histoire, à la culture et aux idéaux de l’Union européenne et a été reconnue par la Commission européenne comme label du patrimoine européen en avril 2015.

Petit rappel, toutefois. En 1916, la peine de mort pour trahison en temps de guerre est réadmise, en raison de l’entrée du Portugal dans la I Guerre mondiale, la garantie constitutionnelle est modifiée, en vertu de la loi n°635 du 28 septembre 1916, qui définit le régime d’exception. «En ce qui concerne la peine de mort, uniquement en cas de guerre avec un pays étranger, dans la mesure où l’application de cette peine est indispensable et uniquement sur le théâtre de la guerre».

João Augusto Ferreira Almeida est condamné par un tribunal de guerre à la peine de mort pour crime de trahison contre la patrie et exécuté, place de Picantin, près de Laventie, dans le Pas-de-Calais, le 16 septembre 1917. Son corps est enterré au Cimetière militaire portugais de Richebourg, ainsi que 1.831 autres combattants. Un seul fut fusillé de l’Armée portugaise pendant la I Guerre mondiale. Un condamné pour l’exemple (lire ICI).

En 1976 est inscrite l’abolition totale, par la Constitution de la République portugaise.

Rappelons une des pensées de Robert Badinter sur la tauromachie qu’il considère également comme «l’une des expressions de la culture du sang et de la mort», il ajoute. «Ce ne sera jamais la mienne».

Dans une de ces dernières prises de parole, Robert Badinter dira de son grand espoir que le Etats Unis rejoignent le concert universel des pays qui ont abolit la peine de mort.

Robert Badinter disait en 2008 dans une interview : «La vie, nul ne peut la retirer à autrui dans une démocratie. Il y a ce principe que l’État doit respecter».

LusoJornal