Alex Monteiro : la photo par l’arthographie ou l’arthographie de la photo?

Alexandra Monteiro de Almeida, Alex Monteiro, Arthographie, ne font qu’une et même personne.

Les années passant dans d’autres terres… des racines poussent, d’autres branches naissent, l’horizon s’élargit, se clarifie, les choses changent d’importance… Selon le moment, le contexte, le message à vouloir passer évolue… faut-il pour autant tailler ?

Le mot Arthographie, ne fait encore partie d’aucun dictionnaire, peut-être un jour, qui sait !

Arthographie est un concept, un point de vue, peut-être déjà existant chez certains artistes, mais auquel Alexandra Monteiro de Almeida a donné un nom. On vous explique… levons un peu du voile : arthographie = la poésie de la photographie.

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Qui est Alexandra Monteiro de Almeida ?

Âgée de 25 ans, elle a passé la moitié de sa vie au Portugal. Née à Alpiarça (Santarém), Alexandra Monteiro de Almeida est arrivée en France avec ses parents et sa sœur Ana (1) en 2013, à Lamothe, dans les Landes. Après le bac littéraire, option langues, obtenu à Mont de Marsan, Alexandra Monteiro de Almeida poursuit ses études à Bordeaux où elle a vécu 7 ans et obtenu deux Licences, une en sociologie et l’autre dans le cinéma, ainsi qu’un Master de recherche en sociologie du cinéma.

Actuellement, à Angers, Alexandra Monteiro de Almeida a repris ses études en vue d’obtenir un Master dans la direction et gestion de projets culturels, spécialisation en médiation culturelle et communication.

LusoJornal l’a interviewé.

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Que représente pour vous la photo ?

La photographie dans ma vie, c’est ma façon de m’exprimer et de démontrer mes émotions. Je suis passionnée du noir et blanc, je trouve que les émotions sont mieux transmises, intensifiées. Je photographie actuellement en numérique, même si parfois il m’arrive aussi de photographier en argentique.

La photo en tant qu’art, c’est quoi pour vous ?

L’art pour moi est le vestige de mon interculturalité, la Saudade je la ressens dans chaque cliché que je prends, peut-être ceci explique la poésie qui en découle, à l’instar de mes doutes perpétuels et questionnements sur autrui, la société, sur moi-même.

L’art de faire de la photo vous la définissez par le mot Arthographie. Ce mot que vous avez inventé veut dire quoi ?

L’arthographie est un concept que j’essaie de décrire au travers de mes clichés. À mes yeux, c’est la façon dont je me décris moi-même, un cliché de paradoxes, une quête de compréhension du monde qui m’entoure tout comme des émotions qui en découlent. L’athographie pour moi est une poésie, des rimes qui se forment devant chaque tirage et parfois l’envers, un tirage qui apparaît après une poésie.

Comment est apparue l’idée de ce mot, de ce concept ?

Le terme d’arthographie m’est venu lorsque je cherchais à définir, à conceptualiser mon envie de jumeler la photographie avec les autres arts. Poésie oui, mais aussi la peinture, comme sur le tirage, sélectionné pour être exposé au Musée des Beaux-Arts d’Angers : le questionnement sur les codes sociaux et la simulation contemporaine en juxtaposition avec le tableau l’«Allégorie de la simulation de Lorenzo Lippi».

Odyssée est un mot qui vous est également cher, non ?

L’odyssée est un autre point d’intérêt dans mes clichés, une quête d’une vie à comprendre : qui sommes-nous, nous appartenons à, où, à qui,… une quête de tout immigrant et même de tout être, le doute éternel : cogito ergo sum, je pense donc je suis.

Dans l’odyssée – dans votre odyssée – il y a plusieurs pays ?

Oui. Cette odyssée, je l’ai apaisée en Islande, l’île des paradoxes qui m’a aidé à pardonner à mon pays et à celui qui m’a accueilli. Aujourd’hui je travaille sur un film sur la quête de l’identité, sur l’arrivée en pleine enfance, adolescente, sur le «au Portugal, nous sommes les français et en France, nous sommes les portugais». Finalement, qui sommes-nous?

Pourquoi parlez-vous de votre pardon au Portugal et à la France ?

Le pardon à mes deux pays, c’est plutôt en raison de notre vécu. Ana le dit en musique, et moi en poésie, dans mes photographies, dans mes films. Nous sommes partis du Portugal car on ne pouvait plus continuer ainsi, c’était la Troïka, l’austérité. Maman travaillait à l’usine, et était femme de ménage dans deux bureaux de comptabilité. Papa avait été licencié à cause de la crise, son entreprise avait fait faillite. En arrivant en France en 2013, je pensais avoir tout perdu, notamment la saudade de ma mamie. Aujourd’hui, je sais… j’ai même gagné. J’ai eu la chance de pouvoir étudier et juste vivre. Aux deux pays, j’ai longtemps reproché d’être obligée de répondre à la question «lequel préfères-tu?» Je ne sais pas… aujourd’hui… je suis européenne et je n’ai plus honte d’affirmer mon accent, qu’il soit en portugais ou en français, c’est l’interculturalité, je suis Lusogauloise désormais, j’ai passé 13 ans au Portugal et 12 en France… je suis les deux, je pense. Les deux pays, je les aime, autant que parfois je les déteste, j’avoue que c’est différent pour les matchs de foot… CR7 y est pour beaucoup.

Pour vos goûts artistiques et ceux de votre sœur, Ana (1), vos parents y sont pour quelque chose ?

Mes parents sont amateurs des arts dites «populaires», telles que la musique un peu commerciale. Mon père, par exemple, est fan du rock des années 80 et ma mère plus de Céline Dion et les musiques portugaises romantiques, telles que Beto et Carlos Paião, mais aussi le Fado. Maman aimait jouer de l’accordéon, elle a fait partie d’un «rancho». Je suis convaincue que papa rêve d’apprendre la guitare et la photographie, mais il n’ose pas. Au-delà de la musique, mes parents aiment le cinéma de grand public, notre saga familiale est Fast and Furious. Ils sont ouverts à tous les arts, oui, mais ils ne vont pas s’intéresser d’eux-mêmes, c’est un peu moi et Ana, ma sœur, qui les font consommer d’autres formes d’art, mais cela reste «rare», sans faire de jeux de mots avec le groupe d’Ana (2).

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Alex Monteiro a participé à deux expositions de photographie, une troisième est en préparation.

Les premières photos exposées l’ont été en 2023, à la Mairie de Talence, le thème était «Passage du Temps». La deuxième, à La Parenthèse, à Angers, en 2024, dans le cadre du Festival des Inattendu.e.s. La troisième exposition aura lieu à partir d’avril aux Beaux-Arts d’Angers, le thème étant «La simulation contemporaine».

On peut suivre Alex Monteiro sur Instagram (voir ICI) et sur son site Xanaflurry.

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(1) A 16 ans, Ana a participé à The Voice France, en 2020. Elle a fait partie de l’équipe d’Amel Bent, elle est allée jusqu’en quart de final.

(2) Le groupe de rock d’Ana s’appelle «Rare»