Ana Carvalho : La Maison du Portugal explore l’Utopie, entre lumière et ombreKewan Beautrix·Cultura·19 Maio, 2025 Du 7 mai au 30 juin, la Maison du Portugal André de Gouveia, dans la Cité universitaire internationale de Paris, accueille l’exposition photographique «Utopie» par Ana Carvalho, accompagnée de textes inédits de l’écrivain Gonçalo M. Tavares. Une exposition entre image et mot, entre espoir et désillusion. Dans cette exposition, Ana Carvalho invite les visiteurs à plonger dans un univers où la lumière côtoie constamment l’ombre. À travers le jeu des couleurs, des contrastes et des compositions soigneusement travaillées, la photographe cherche à faire émerger une atmosphère irréelle, à la frontière du rêve et de l’illusion – une tentative visuelle de saisir l’essence même de l’utopie. «L’Utopie, explique-t-elle, est une idée séduisante mais insaisissable. Elle est utilisée et parfois manipulée par la politique et la religion, qui promettent un paradis tantôt céleste, tantôt terrestre». Cette réflexion, nourrie par une relecture du célèbre ouvrage Utopie de Thomas More, trouve un écho direct dans l’histoire personnelle de l’artiste. En 1975, en pleine période post-révolutionnaire, Ana Carvalho quitte le Portugal pour étudier en RDA, portée par l’espoir d’un monde meilleur. «Je croyais trouver le paradis. Je me suis trompée. J’ai découvert que le chemin vers l’utopie est tortueux et son prix souvent élevé», confie-t-elle. Pourtant, elle affirme avec conviction : «Vive l’Utopie !», un cri du cœur pour ce concept qui continue d’inspirer et de transformer. Au fil de ses archives, elle redécouvre des images capables de traduire visuellement ce duo inséparable entre utopie et dystopie. «Elles portent en elles l’idée d’une espérance toujours menacée», dit-elle. Ce travail l’a naturellement conduite vers Gonçalo M. Tavares, dont la pensée sur le sujet complète et prolonge sa démarche. L’auteur a accepté d’accompagner les photographies avec des textes originaux, prolongeant la réflexion en mots. La Maison du Portugal André Gouveia, inaugurée en 1967, a été financée en partie par la Fondation Calouste Gulbenkian. Cette fondation qui a pour objectif de sauver et aider par l’art, s’inscrit parfaitement dans le courant de l’utopie que recherche Ana Carvalho, un monde où l’art transporterait un espoir que rien ne viendrait entacher.