Augusto de Castro, le premier portugais de Tourcoing

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Grâce aux recensements de la population, nous avons pu déterminer la probabilité que le premier résident portugais à Tourcoing soit Augusto de Castro, de nom complet : Adelino Augusto Arrais de Castro.

Avant de parler d’Augusto, trois événements, presque anecdotiques des liaisons entre le Portugal et Tourcoing :

– Roubaix a eu pendant quelques années, au début du XXème siècle, un Agent consulaire représentant le Portugal en la personne de Juste-Louis Lepoutre, négociant en tissus. Il aurait exercé entre 1912 et quelques années après la Grande Guerre. Cette même présence aurait fonctionné pendant un temps, au 14 rue Nationale, à Tourcoing.

– Dans l’hôtel-restaurant l’Amitié, 39-43 rue des Piats, le repas de fin année 1931 comportait un potage portugais au menu.

– Dans le journal Égalité de Roubaix-Tourcoing du 8 février 1939, il est indiqué que Mesdames E. Rasson, G. Masurel et M. Heyndrickx, famille du textile régionale, a offert au Musée de la peinture de la ville de Tourcoing le portrait de leur père peint par l’artiste portugais Veloso Salgado en 1895, un des plus grands peintres portugais du début du XXème siècle, qui a fait partie de l’école de Wissant. Tableau que nous avons déjà cherché à savoir où il serait, car demandé au Portugal pour exposition, mais pour lequel nous n’avons pas eu de réponse.
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Revenons à Augusto de Castro et sa famille.

Il est arrivé à Tourcoing après la fin de la I Guerre mondiale. Un contingent de 55 mille soldats portugais étant arrivé, en partie, dans les Flandres Françaises à partir de janvier 1917. À Richebourg, le Portugal possède le seul Cimetière militaire portugais à l’étranger. 1.831 soldats y sont enterrés. Un monument dans le centre de La Couture honore les soldats du Corps Expéditionnaire Portugais.

Augusto de Castro et sa famille ont habité au 112 rue Anor et, plus tard, au 91 de la même rue. Cette dernière étant l’ex-maison de ses beaux-parents.

Adelino Augusto Arrais de Castro est né le 27 janvier 1895 à Freixo (Ponte de Lima) dans le nord du Portugal. Il était fils de António Arrais Esteves Costa et de Delfina Araújo Torres. Au moment de son embarquement vers la France, il était marié à Felicidade de Jesus Coelho et habitaient Braga.

Le soldat a embarqué en tant que Sergent, du port de Lisboa, en direction de Brest, le 30 juin 1917, il sera démobilisé le 30 mai 1919. Augusto de Castro restera en France, élisant comme premier domicile la ville d’Isbergues, dans le Pas de Calais.

Pour la petite histoire, en tant que soldat, Augusto de Castro a deux punitions inscrites dans sa fiche militaire. Le 16 avril 1918 il est condamné à 20 jours de prison correctionnelle par le Commandant du 4ème Bataillon d’Infanterie, pour être sorti le 11 du même mois à 10h30, sans licence, du campement, à Crèques, et prenant la direction de La Gorgue, avec une voiture du bataillon, ne rentrant que le lendemain, le 12. Avec la voiture militaire, il conduit des femmes jusqu’à Dellete. La date de cette punition est étrange et pose question, car elle n’intervient que quelques jours après le début de la Bataille de Lys, le 9 avril, bataille la plus importante de la participation du Corps Expéditionnaire Portugais dans la I Guerre mondiale, avec une perte significative de soldats et une armée qui reculait.

La deuxième punition de 5 jours de prison disciplinaire, date du 9 novembre 1918, pour avoir joué à l’argent aux cartes avec un camarade, partie qui se termine par une bagarre entre les deux.

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Au recensement de 1926, Augusto de Castro apparaît comme habitant le 112 rue Anor, à Tourcoing, en compagnie de Marthe Desrousseaux, de la petite Esther et du compatriote dénommé Emídio da Silva Vasques, qui serait né à Viana do Castelo en 1898.

Notons le fait que Marthe Desrousseaux est déclarée comme étant portugaise. La loi française de l’époque déterminait que toute femme française qui se mariait à un étranger perdait sa nationalité en faveur de celle du mari, perdant, par la même occasion aussi les droits sociaux français. Pour le cas, du couple De Castro / Desrousseaux, c’est d’autant étrange qu’ils ne se sont mariés que le 18 décembre 1928, à Tourcoing, après que Augusto de Castro ait obtenu son divorce au Portugal de Felicidade de Jesus Coelho.

Marthe Desrousseaux est née à Tourcoing le 13 décembre 1895 et avait comme profession déclarée, marchande de quatre saisons, comme son mari, lors de leur mariage.

Augusto de Castro, au moment de son arrivée sur Tourcoing, exerçait le métier de menuisier-charpentier dans l’entreprise Quatannens, entreprise dans laquelle était également embauché son pensionnaire, Emilio da Silva Vasques. Ce dernier a été l’un des deux témoins de mariage.

Notons, qu’en général, dans les couples ainsi créés, le mari portugais demandait le plus souvent la nationalité française, par la même occasion l’épouse qui avait perdu, par le mariage, la nationalité française, la récupérait.

De signaler que pendant la deuxième guerre mondiale, il était presque impossible d’acquérir la nationalité française, la perdant même. Sous le régime de Vichy, 15 mille naturalisés ont été dénaturalisés, dont 71 d’origine portugaise. Treize de ces derniers ont contesté le retrait de la nationalité, un seul a eu gain de cause : Eugénio Verde, né à Lisboa le 11 août 1893, familier du poète Cesário Verde.

Quant à Augusto de Castro, nous n’avons pas trouvé trace de sa naturalisation. Au recensement de 1936 il était toujours déclaré comme étant de nationalité portugaise, d’ailleurs comme son épouse.

Avant le mariage, une fille est née le 8 avril 1925, de la relation entre Augusto de Castro et Marthe Desrousseaux, prénommée Esther, qui sera reconnue par son père juste avant le mariage, le 7 décembre 1928. Esther acquiert le nom de famille de son père.

Augusto de Castro prend une part importante à des actions portugaises dans la région, dans les années 1930. Le journal l’Égalité de Roubaix-Tourcoing annonçait le 28 mai 1932 que, le lendemain, l’Association des Anciens Combattants Portugais organisait un concert au profit des chômeurs, à la Fraternité, rue de la Vallée, à Tourcoing. Au programme, bien portugais, en première partie, nommé Porto-Lisboa, on a pu apprécier, notamment, les dons de comédien d’Augusto de Castro, son locataire, Emidio a par ailleurs joué des claquettes. En deuxième partie, le Rancho de Vapor a donné de son mieux. Le concert se terminera par La Marseillaise et l’Hymne national du Portugal.

Des réunions, des visites au Cimetière militaire de Richebourg ont eu lieux avant, toutefois l’officialisation d’Augusto de Castro Augusto comme Président actif de l’Association des Anciens Combattants Portugais de Wasquehal-Croix-Flers qui n’aura lieu que le 11 septembre 1933 à la suite d’une réunion, au siège, La Fraternité, rue de Flers, à Wasquehal.

C’est sur la conduite de son Président, que l’Association des Anciens Combattants Portugais de Wasquehal-Croix-Flers organise un très riche programme le 21 janvier 1934 au moment de la bénédiction du nouveau fanion de l’association. Les horaires sont précisés : 9h30 réunion au siège, ‘La Fraternité’, départ en cortège pour rejoindre la place Fénelon et de là, l’église de Saint Nicolas pour y assister à ladite bénédiction. Après la cérémonie, et en compagnie de l’Abbé Catry, l’assistance s’est rendue au monument aux morts, place de la République, pour y déposer une gerbe de fleurs. S’en est suivi, à 13h00, au siège, un banquet avec une quarantaine de convives, la journée se terminant par un concert familial animé par la Symphonie de Tourcoing.

En 1937 Augusto de Castro est toujours Président de l’Association.

Sa fille, Esther Marthe de Castro se mariera à Michel Lagache. On sait que l’épouse De Castro meurt à l’âge de 76 ans dans sa ville de naissance, Tourcoing, le 28 février 1972.

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