Home Cultura Charles Aznavour, un amoureux du fadoJean-Luc Gonneau·2 Outubro, 2018Cultura Charles Aznavour vient de nous quitter. Grand professionnel perfectionniste, auteur compositeur de talent, une présence en scène impressionnante, «monument» de la chanson française et vedette internationale, il fut tout cela. Mais il confessa plusieurs fois son admiration pour le fado, qui ne se limitait pas à sa relation avec Amália, pour qui il composa le célèbre «Aïe mourir pour toi», créé par Amália en français lors d’un concert à Bobino en 1957. Ce concert (où elle était accompagnée par Domingos Camarinha à la guitarra et Santos Moreira à la viola) et cette chanson ne comptèrent pas pour rien dans la carrière internationale d’Amália. Charles Aznavour et Amália firent connaissance en Belgique au début des années 1950, alors qu’ils se produisaient dans le même établissement. Ils devinrent ensuite amis très proches «Un amour amical», précisa Charles, une sœur en chanson. Domingos Camarinha, qui fut vingt ans plus tard un de mes amis, me confirma cette relation amicale. Et c’est Amália qui confia un jour à Charles qu’elle aimerait «chanter quelque chose en français». Ce fut «Aïe mourir pour toi». La genèse du titre est amusante: Aznavour ne parlait pas le portugais et avait été charmé par la mot «mouraria», qu’il pensait lié à l’idée de mort, ignorant qu’il s’agissait d’un quartier de Lisboa qui fut l’un des berceaux du fado. Il trouva donc une proximité phonétique entre «mouraria» et «mourir pour toi». Cela dit, musicalement, «Aïe mourir pour toi» est certes un grand succès mais pas pour autant un fado. Nous avons écrit que l’intérêt d’Aznavour pour le fado ne se limitait pas à son amitié avec Amália. Il en aimait l’atmosphère musicale, les thématiques. Même s’il n’a pas fréquenté vraiment le milieu fadiste, il avait manifesté une grande admiration pour Alfredo Marceneiro, qui fut l’un des parrains en fado de la jeune Amália et le maître incontesté du fado pendant un demi-siècle. Qui plus est, Charles Aznavour chanta souvent les amours malheureux, bien fréquents aussi dans les paroles de fado, et sa voix voilée peut rappeler celle de certains interprètes de fado. Il écrivit aussi les très belles paroles de «Lisboa», chanson moins connue du grand public ici. Fut-il le plus «fadiste» des chanteurs français? Certains le pensent.