Covid-19: François Despatures explique comment ses usines de France et du Portugal fonctionnent

Pronal est une entreprise industrielle française spécialisée depuis près de 60 ans dans la conception et la fabrication de systèmes clé en main à base de structures flexibles (textiles techniques enduits de caoutchouc) destinées à apporter des solutions de levage/stockage/obturation/protection.

L’entreprise emploie 170 personnes réparties dans deux usines en France et au Portugal. Pronal est présente dans plus de 90 pays, cela représente 70% de l’activité.

Le 23 février 2018, Pronal a reçu la visite du Premier Ministre français, Edouard Philippe.

Nous avons interrogé, pour LusoJornal, le patron ce groupe innovant, installé au Portugal, à Aljustrel, et en France, à Leers (Nord), François Despatures, sur la situation actuelle au niveau personnel et de son entreprise.

 

Que faites-vous actuellement?

Dès la mi-mars nous avons décidé de suivre les recommandations de confinement instaurées par le Gouvernement français et l’entreprise a donc fermée ses portes, une situation étrange pour tous. Rapidement, après quelques jours, plusieurs clients à l’international nous demandaient d’être livrés des commandes qu’ils avaient placés avant le confinement. Nous avons donc étudié les possibilités de refabriquer à la condition de pouvoir respecter pour les collaborateurs de parfaites conditions d’hygiène et de sécurité sur notre site de Leers (France). La sécurité était la priorité majeure, nous avons repris l’activité de production vers le 20 mars. L’ensemble des activités support (commerce, achat, finance, bureau études…) sont en télétravail depuis le début du confinement avec beaucoup de réunions et contacts à l’aide du digital. Nous avons dû équiper en un temps très réduit les personnes d’ordinateur portable et d’une liaison reliée à notre propre système informatique. Jamais en temps normal, nous aurions fait si vite.

 

Et sur l’usine au Portugal?

En parallèle, l’usine du Portugal de Aljustrel s’est adaptée et dispose des mêmes conditions de travail que la France avec les masques, gants, prise de température et respect de la distance entre collaborateurs. La collaboration entre les deux sites est parfaite, toutes les équipes sont mobilisées. Fort heureusement, les transports entre les deux pays n’ont pas été coupés, ce qui est vital pour acheminer à la fois les matières premières et marchandises de produits finis. A ce jour, les deux usines sont opérationnelles, aucune infection par le virus et nous livrons nos clients. Une majorité est dans le domaine de l’énergie, de la sécurité, du médical… ce sont des domaines stratégiques qui doivent assurer le service même en situation de pandémie.

 

La situation actuelle vous préoccupe-t-elle?

Au début de la crise, nous avons du définir nos priorités et nous organiser: Sécuriser nos collaborateurs (priorité majeure), gérer l’opérationnel, être présent pour nos clients car les activités allaient être impactées, surveiller les finances, communiquer et rassurer les équipes. Aujourd’hui, nous pilotons et nous faisons face quotidiennement aux différentes problématiques d’approvisionnement, d’expédition… nous nous adaptons, une grande solidarité s’est construite durant cette période, l’entraide est même plus forte qu’en temps normal. Nous n’avons pas beaucoup de visibilité sur les commandes à venir et naviguons à vue comme énormément d’industriels, mais nous avons du travail contrairement à d’autres, c’est une chance et il est évident que l’international est un atout pour Pronal. Ce qui est certain est que ce virus va nous accompagner plusieurs mois, nous n’aurons pas d’autre choix que celui de vivre avec, nous devrons nous protéger sans toutefois rester tous confinés si nous ne voulons pas mettre par terre toute l’économie mondiale. Personne ne peut prédire comment la situation va évoluer, mais nous finirons par vaincre ce fléau. Ne paniquons pas, soyons patients et prenons le temps de réfléchir à notre lendemain et trouvons un vaccin rapidement!

 

Quand la pandémie sera passée, qu’attendez-vous du «nouveau monde»?

Le modèle du nouveau monde dépendra de chaque pays et de leur volonté de coopérer ensemble ou pas. Avant la crise, plusieurs exemples nous ont démontré que nous n’allions pas tous dans cette direction et qu’une désolidarisation s’installait petit à petit. Chacun voulant devenir indépendant et plus fort que l’autre, cela a peu de sens et nous orientera à terme, vers un chaos. Nous pouvons espérer que l’énorme crise économique que nous allons traverser, serve aux Nations à construire collectivement un monde différent en se recentrant sur de nouveaux enjeux. Nous ne respectons pas notre planète, nos ressources naturelles s’épuisent peu à peu, les bulles financières sont de plus en plus grosses. Nos générations futures vont être fortement impactées de ce que nous avons fait. Cette pandémie doit pouvoir déclencher et accélérer des décisions et de nouveaux processus de transformations sur le plan mondial, c’est un immense chantier, pas facile pour ceux qui en prendront la conduite, mais essentiel pour l’avenir. Il ne faut pas compter uniquement sur les autres pour changer les choses, chacun d’entre nous peut apporter une contribution au changement vers le «nouveau monde», nous pouvons changer notre quotidien sans attendre, cette crise va avoir un effet déclencheur pour beaucoup d’entre nous. Le Coronavirus nous a obligé à vivre différemment pendant quelques semaines, c’est une situation inédite et finalement nous avons constaté que des choses irréalisables pouvaient être mise en place et plus rapidement qu’en temps normal. Avons-nous besoin de consommer autant? Pourquoi autant gaspiller? Que pouvons-nous mutualiser entre nous? Plein d’interrogations pour remettre en question notre mode de vie, nos méthodes de travail, notre environnement… Important aussi: un élan de solidarité entre nous s’est installé pendant la crise, cela doit rester et servira à nous transformer ensemble plus rapidement.

 

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