{"subsource":"done_button","uid":"D6F36DED-B6FC-4BA3-BB82-CD549B447625_1586793111523","source":"editor","origin":"gallery","source_sid":"D6F36DED-B6FC-4BA3-BB82-CD549B447625_1586793111552"} Home Comunidade De Richard de Gaulle et Ferdinand le Ferrand… à Charles de Gaulle et à SalazarAntónio Marrucho·18 Junho, 2020Comunidade On célèbre aujourd’hui les 80 ans de l’Appel du 18 juin 1940, prononcé par le Général de Gaulle sur les ondes de la BBC. L’enregistrement de ce message est, sans nul doute, un des actes radiophoniques des plus marquants, des plus célèbres. L’appel a été adressé au peuple français, toutefois sa portée a eu une résonance au niveau mondiale. De Londres, le Général appelait à la résistance en refusant l’Armistice. Le 3 août 1940 des affiches – «A tous les Français» – étaient placardées sur la capitale anglaise, avec comme phrase mobilisatrice: «La France a perdu une bataille! Mais la France n’a pas perdu la guerre!». Sorti fin 2019, le film «De Gaulle» reprend aux cinémas le 22 juin prochain: «Mai 1940. La guerre s’intensifie… Charles de Gaulle, veut infléchir le cours de l’Histoire. Sa femme, Yvonne de Gaulle, est son premier soutien, mais très vite les évènements les séparent. Yvonne et ses enfants se lancent sur les routes de l’exode. Charles rejoint Londres. Il veut faire entendre une autre voix: celle de la Résistance». Qu’elles ont été les relations entre la famille de Charles de Gaulle, le Général, la France, pendant une bonne partie du XXème siècle, avec le Portugal? On trouve de probables relations entre la famille de De Gaulle et le Portugal qui daterait du XIIIème siècle. Du côté paternel, Charles de Gaulle est issu d’une famille fidèle aux grands principes moraux au service de la France depuis le Moyen Âge. Au XIIIème siècle, Richard de Gaule (le nom vient de «galle», le chêne en Gaulois, l’arbre sacré des druides), aurait participé (1) aux côtés du Roi Philippe Auguste à la victoire de Bouvines (1214). Rappelons que la Bataille de Bouvines est un des actes les plus forts de l’affirmation de la royauté sur les seigneurs. Philippe Auguste a combattu dans cette bataille, avec ses alliés, contre une coalition des Seigneurs, parmi lesquels Fernand ou Ferdinand du Portugal ou de Bourgogne, plus connu sous le nom de Ferrand de Flandre. Ferdinand Ferrand est né le 24 mars 1188. Il était fils du 2ème roi de Portugal, Dom Sancho 1er et de Douce d’Aragon. Vaincu à Bouvines (2), le 27 juillet 1214, fut fait prisonnier et ne sera libéré que le 6 janvier 1227. Dans cette bataille, on aurait eu donc, côté vainqueur un ascendant du Général De Gaulle, Richard de Gaulle, et côté des vaincus, Ferdinand Ferrand, fils du Roi du Portugal, Sancho I. Jean de Gaulle, Gouverneur d’Orléans, participa à la Bataille d’Azincourt en 1415. Il est fait prisonnier à Vire et a dû choisir entre le Roi de France et celui d’Angleterre. Ses biens furent confisqués et il fut condamné à l’exil. Les De Gaulle se fixent alors pour partie en Flandre et pour l’autre partie, en Bourgogne. Des De Gaulle flamands, on ne sait pas grand-chose. De ceux de Bourgogne, ancêtres directs du Général, son sait à peu près tout. Le trisaïeul de Charles, Jean-Baptiste de Gaulle, était Procureur au Parlement de Paris quand éclata la Révolution. Il n’échappa à l’échafaud que par la grâce du 10 thermidor (3). Jean-Philippe de Gaulle, grand-père du Général était un fervent monarchiste. Le père du Général de Gaulle, Henri de Gaulle, était professeur. On parle de lui comme étant un phénomène en tant qu’enseignant. Son éloquence était aussi exceptionnelle que sa culture. Les plus mystérieuses des racines du Général viennent du côté maternel: celles des Mac Cartan, seigneur de Kinelarty. Une des photos les plus connues et symbolique du Général De Gaulle est celle du mythe encore vivant (4) sur une terre de légende: on voit la haute silhouette noire qui arpente sous un ciel de tempête la plage irlandaise de Derrynane. Une visite du Général en forme de rendez-vous avec ses ancêtres, un mois après avoir quitté le pouvoir. Des chroniques dès le XIIème siècle attestent que les Mac Cartan, habitants du Comté de Down s’opposaient déjà aux Anglais. Cette opposition va durer pendant 5 siècles. Les derniers Mac Cartan ont vu leurs châteaux brûlés, les terres confisquées, cela les a conduits à qu’ils prennent le chemin de la France et s’engagent comme officiers dans les armées de Louis XIV, pour finalement venir habiter à Lille et à Valenciennes. Charles de Gaulle voit le jour, le 22 novembre 1890 à Lille, rue Princesse, dans la maison de ses grands-parents. Il naît dans un milieu où le respect des traditions n’est jamais un obstacle à la liberté. Il s’affirme très jeune comme un surdoué. A douze ans, on dit de lui qu’il avait déjà une mémoire prodigieuse. Lors d’interminables parties de soldats de plomb avec cousins et frères, il a toujours demandé à commander les Français. Il disait même: «Je ne veux être que la France». Lors de l’examen correspondant à l’actuel BAC, Charles obtiendra 6 premiers prix, dont celui d’histoire, littérature et allemand. Il fera l’école de Saint Cyr et choisi un métier dans l’armée. Son choix se portera sur l’infanterie, «l’arme du peuple» comme il dit. La suite, est plus connue… La question que nous nous posons, c’est celle des relations de De Gaulle avec le Portugal et le pouvoir en place, celui de Salazar. Il y a peu de choses écrites sur les relations entre le Général et le pouvoir dictatorial au Portugal. Des documents consultés, nous pouvons conclure qu’il y a eu une compréhension bienveillante de part et d’autre. Qui ne se rappelle pas de la phrase répétée par nos parents, voir des grands-parents, attribuée à Salazar? «Livro-vos da guerra, mas não vos livro da fome», qu’on pourrait traduire par «Je vous protège contre la guerre, mais pas contre la faim» (5) (6). Les files d’attentes dans les soupes populaires, créées par Sidónio Pais, vont s’allonger dans les années 30 et 40 à la suite de la guerre d’Espagne et de la 2ème Guerre Mondiale, pour cause de rationnement alimentaire. De Gaulle dira de Salazar qu’«il était l’idole de Vichy». L’Estado Novo de Salazar, de 1926 à 1933, était un mouvement d’idées. Des gens de la droite très conservatrice à l’extrême droite française ont été inspirés par le Portugal et la politique de Salazar. Pétain, très proche de ces mouvances, ne pourra qu’être influencé favorablement par le régime de dictature du Portugal. Cette proximité on la trouvera même dans la devise de Vichy «Travail, famille, patrie», très proche du «Dieu, patrie, famille» de l’Estado Novo. Salazar a aidé la France en 1940, lors de l’Armistice. Il a eu un rôle très important, à l’époque, dans des négociations discrètes. Malgré la proximité des idées de Salazar avec Vichy, la position du dictateur portugais était ambiguë. Il avait besoin des gaullistes, même s’il était toujours très réticent à leur sujet. Il a accusé le Général De Gaulle de permettre aux Communistes de rejoindre son comité d’Alger. Cela aura été pour Salazar la pire des horreurs: avoir des Communistes dans le Gouvernement de la France libre. Mais il était très désireux d’acheter le phosphate qui se trouvait au Maroc et qui était contrôlé, à partir de 1942, par les Alliés et par la France libre – raison pour laquelle Salazar a fermé les yeux sur certaines attitudes des gaullistes. Il ne les a pas fermés complètement, mais il les a fermés en grande partie, sans atteindre la reconnaissance de la France libre. Reconnaître le Gouvernement de la France libre signifiait ne pas reconnaître Vichy. Salazar était très légaliste, il souhaitait vivement maintenir des relations diplomatiques avec le Gouvernement de Vichy et comme il ne pouvait pas y avoir deux reconnaissances, il a trouvé cette solution fragile et ambiguë: la reconnaissance officielle de Vichy en même temps qu’il reconnaissait les gaullistes de facto. Il était essentiel en 1945 d’être bien considéré par les grandes démocraties. Salazar a tout fait, notamment, pour être bien vu par le Royaume-Uni, l’allié traditionnel et historique. Salazar a remarquablement réussi à maintenir la relation avec les Alliés occidentaux. Contrairement au mal absolu – le régime de Franco en Espagne – celui du dictateur Salazar n’était pas considéré comme un régime sanguinaire. Le magazine Times, en 1946, titrait: «Salazar, le dernier des dictateurs». Le régime de Salazar était un partenaire acceptable pour les Occidentaux, de sorte qu’en 1949 le Portugal sera accepté dans l’OTAN, la plus grande consécration pour le régime. Il n’a pas été immédiatement accepté à l’ONU. Le Portugal n’entrera dans cette institution qu’en 1955, au même temps que l’Espagne. Charles de Gaulle n’aurait jamais apprécié Salazar. Le Général a visité, pendant son mandat, presque tous les pays d’Amérique, Brésil inclus, et presque tous les pays d’Europe, à l’exception de l’Espagne et du Portugal. En fin de vie, en 1970, De Gaulle rend visite à Franco, par courtoisie, mais ne rencontrera jamais le dictateur Salazar. De Gaulle se souvenait de la passion sans limites de l’extrême droite française pour Salazar et il se souvient des petits obstacles que Salazar a placé, parfois, à la représentation gaulliste. Même s’il a fermé les yeux sur ses activités, Salazar n’a jamais reconnu le Gouvernement provisoire de De Gaulle. Le Général ne pardonnera jamais Salazar d’avoir pris cette position. Du côté français, du côté de De Gaulle, il y aura toutefois, aussi, une certaine ambiguïté: la France de De Gaulle va apporter le soutien à la colonisation du Portugal dans les années 1960 à 1968, soutient qu’ira même jusqu’au niveau des institutions mondiales. À l’époque, la France était impliquée dans la guerre d’Algérie. Aux Nations Unies, le Portugal et la France ont été à plusieurs reprises du même côté. Tous deux ont défendu la présence de la mère-patrie dans les colonies. La France s’est finalement retirée d’Algérie, mais a maintenu des liens de soutien militaire privilégiés et très discrets avec le Portugal. Que ce soit en envoyant des experts, que ce soit de la logistique ou des armes dans la lutte que le Portugal menait pour maintenir son empire colonial. La France, même après avoir perdu l’Algérie et abandonné la forme traditionnelle de colonisation en Afrique, a maintenu des liens privilégiés avec le Portugal. Mais il n’y a jamais eu, à la grande surprise, de tentatives d’organisation d’une rencontre entre de Gaulle et Salazar. De 1965 à 66, on dit que De Gaulle était très préoccupé par la réaction des immigrants portugais qui commençaient à arriver en masse en France. Il pensait qu’une rencontre avec Salazar serait désapprouvée par cette Communauté, il n’y avait, donc, aucun intérêt à avoir des complications à cause d’un homme pour qui il avait peu de sympathie. De Gaulle restera dans l’Histoire comme le Libérateur, un homme de principes, un homme que beaucoup de partis politiques aujourd’hui en France se disent proches, oubliant parfois que De Gaulle combattait les extrêmes. Autres temps, autres appels: le 18 juin 1940, De Gaulle appelait à la Résistance, le 18 juin 2020 l’appel unanime de la planète Terre est de continuer à combattre le Covid-19. En ce jour où l’on célèbre les 80 ans de l’Armistice et où le monde globalisé traverse une crise sanitaire qui va avoir des répercussions à tous les niveaux de la société et de la planète, nous avons envie de dire: vive la France, vive le Portugal. Notes: (1) Certains historiens présument que Richard de Gaulle aurait participé à la Bataille de Bouvines pour, d’une certaine façon, remercier le roi Philippe-Auguste de lui avoir confié le fief d’Elbeuf en 1210. (2) A l’église de Bouvines (Nord) de très beaux et rénovés vitraux racontent cette fameuse bataille. On y voit Ferdinand Ferrand se faire prisonnier. (3) La chute de Robespierre est consécutive à une série d’événements qui se sont déroulés du 8 thermidor an (26 juillet 1794), vers midi, au 10 thermidor (28 juillet) vers deux heures du matin et qui ont abouti au renversement de Robespierre et des robespierristes. La chute de Robespierre marque la fin du régime de la Terreur. (4) De Gaulle décédera presque un an après, le 9 novembre 1970, à Colombey-les-Deux-Eglises (5) Portugal n’a pas participé à la II Guerre Mondiale, même si individuellement des Portugais se sont engagés, essentiellement, du côté des Alliés. Des études ont été faites sur les Portugais qui se sont engagés à côté de la France, par le biais de la Légion étrangère. Des recherches sont également en train d’être approfondies sur la déportation de Portugais. (6) Le régime politique, et d’une certaine façon la faim, qui se prolongera pendant les décennies du régime totalitaire de Salazar, vont conduire dans les années 1960 et 1970 à l’exil politique et à une émigration massive et clandestine. [pro_ad_display_adzone id=”37510″]