Football féminin / D1 – Natascha Honegger: «Le Brésil fut un choix du cœur»

Gardienne suisso-brésilienne du Paris FC cette saison, Natascha Honegger a pris son temps pour s’imposer dans la cage parisienne. À 22 ans, celle qui vient d’être appelée pour le Tournoi de France avec le Brésil continue de faire preuve d’ambition comme elle l’a confié au LusoJornal après PFC-Reims (0-0).

 

Tout d’abord, votre réaction après ce match nul face à Reims?

Un peu de déception car nous n’avons pas gagné. On a eu les occasions pour marquer mais on n’a pas réussi à trouver le chemin du but. On a aussi fait beaucoup d’erreurs en manquant de qualité dans les passes. Donc on a aussi eu de la chance de ne pas prendre de but.

 

On a vu un match assez fermé avec peu de situations de chaque côté et aucune équipe qui prend le dessus. Comment l’expliquez-vous?

Il y a eu des différences par rapport aux derniers matchs. Mathilde [Bourdieu, ndlr] était suspendue pour cette rencontre, donc il a fallu changer certaines choses devant. On n’était pas aussi déterminées que d’habitude. Résultat, on a commencé à jouer avec un peu de peur et on n’a pas tenté d’aller vers l’avant. Malheureusement, on a aussi fait beaucoup d’erreurs. C’est dur d’expliquer pour le moment, il faudrait revoir et analyser le match. Je ne sais pas si on avait du mal avec les positions ou autre chose. Mais on n’a pas sorti le genre de match que l’on fait à chaque fois et que l’entraîneure souhaiterait voir.

 

Sur ce début d’année, il y a eu certes l’élimination face à Bordeaux en Coupe de France mais aussi trois victoires et un match nul en quatre rencontres en D1. Le PFC est de nouveau 5ème au classement, tout est au vert en 2020…

Oui 2020 a très bien commencé pour nous. Mais on n’est pas encore à la place que l’on voulait. On a beaucoup de choses à améliorer encore. C’est une bonne chose d’avoir débuté cette année de cette manière. C’est positif pour le mental de l’équipe. On va travailler encore plus intensément durant la semaine qui vient pour gagner la prochaine rencontre car on veut continuer à prendre des points au classement.

 

Pour parler plus au niveau personnel, vous avez commencé la saison sur le banc. Désormais vous êtes titulaire et enchaînez les matchs. Quel bilan faites-vous de votre saison jusqu’à présent?

Quand je suis arrivée ici, j’ai eu une période difficile. Je me suis blessée en arrivant alors que je n’étais jamais blessé en Suisse. Je ne savais pas comment gérer cette situation. Je n’avais jamais été deuxième gardienne également. Je ne savais pas quoi faire à cette place, comment parler, comment jouer et comment donner le meilleur de moi-même pour l’équipe. Cette situation m’a rendue meilleure mentalement et je les en remercie. Après, je pense que Dieu a un plan pour nous tous. Donc si c’est le plan qui est prévu pour moi, maintenant que tout se passe bien et que j’ai l’opportunité de m’approcher de la Seleção, je suis heureuse.

 

Comment s’est passé l’intégration au Paris FC et quelles différences avez-vous rencontrées ici?

Il a fallu s’adapter au changement. En Suisse, j’habitais avec mes parents. Ici, je suis venue seule sans rien. Les entraînements aussi sont différents. On s’entraîne une à deux fois tous les jours alors qu’en Suisse je n’ai jamais fait deux entraînements en une journée. J’allais travailler, étudier, j’avais toutes ces choses à côté. Dans le jeu également, c’est différent de ce qui se fait en Suisse même si ça reste du football. En France, c’est plus athlétique.

 

La barrière de la langue a aussi été difficile au début?

Oui (rires). La langue a aussi été une grande différence. Je parlais déjà un peu français en Suisse mais ici, je me devais de le pratiquer car tout le monde discute avec vous en français. J’ai mes amis qui parlent allemand mais je dois le parler et le pratiquer pour apprendre. J’habitais dans la partie de la Suisse qui parle allemand vers Zurich. Mais quand je bougeais, j’ai eu l’occasion de parler un peu français même si je ne comprends pas tout le monde (sourire).

 

Dans le vestiaire, vous avez plusieurs joueuses d’origine portugaise qui le parle. Cela vous-a-t-il aidé ou pas tant que cela?

Le portugais m’a beaucoup aidé car il y a pas mal de mots similaires. Ça m’a aidé à comprendre pas mal de choses mais aussi à parler. Souvent, je pense à un mot en portugais et je le change un peu en français.

 

Comment se porte du coup votre français désormais?

Je le parle à peu près (rires). Je parle français comme-ci, comme ça.

 

Pour évoquer la suite, quels sont les objectifs désormais pour l’équipe et pour vous personnellement sur cette fin de saison?

Pour l’équipe, continuer de proposer du jeu, de progresser ensemble et grandir aussi pour devenir capable de battre les grandes équipes du Championnat. Tout le monde aimerait battre Lyon ou le PSG. Après, continuer de prendre des points et de monter au classement. Personnellement, continuer de travailler pour continuer d’être titulaire ici au Paris FC, pour enchaîner les matchs et aider mon équipe. Je veux aussi prendre de l’expérience avec la Seleção et saisir les occasions que l’on me donnera de jouer.

 

Sur la Sélection justement, vous avez été appelée pour le Tournoi de France en mars prochain avec le Brésil. Quelle a été votre réaction et qu’espérez-vous de cette première convocation?

Je ne pensais pas que j’allais être appelée. Je suis jeune, je n’ai que 22 ans et les autres gardiennes qui y sont ont déjà 30 ans ou plus. Je n’ai jamais pensé qu’on allait m’offrir cette opportunité. Après, je savais qu’ils m’observaient et ce qu’ils pensaient de moi. Mais je ne pensais pas que Pia Sundhage allait m’offrir cette chance maintenant. Il y a une certaine fierté. Je la remercie de m’avoir donné cette opportunité et je vais donner le meilleur de moi-même pour montrer qu’elle n’a pas fait un mauvais choix en me prenant.

 

Vous avez joué avec la Suisse en jeune, désormais vous évoluez avec le Brésil. Pourquoi ce changement et ce choix?

Au début, j’ai joué avec les moins de 19 ans en Suisse car j’ai été appelée. Mais depuis toute petite, je veux jouer pour le Brésil. Je suis suisso-brésilienne mais je suis plus brésilienne pour certaines choses et plus suisse pour d’autres. Mais j’ai toujours dit à ma mère que je voulais jouer pour la Seleção et elle m’a répondu à l’époque de tout de même savourer cette convocation avec la Suisse, de donner le maximum car j’ai grandi là-bas. Je suis suisse et fière de l’être car ce pays m’a beaucoup apporté et je l’en remercie. Mais le Brésil fut un choix du cœur.

 

Pour terminer, il y a ce Tournoi de France en mars et un peu plus loin, cet été, les Jeux Olympiques. C’est dans un coin de la tête?

Non, pas du tout. Je suis jeune, je n’ai que 22 ans. Je vais saisir cette opportunité pour vivre une expérience et grandir personnellement. Je vais en profiter aussi pour améliorer mon jeu. Je sais ce que Pia Sundhage pense de moi et je veux lui prouver qu’elle ne s’est pas trompée. Mais il est encore trop tôt pour penser aux JO. C’est déjà positif de m’avoir appelée maintenant et ce qu’elle a dit sur moi en conférence de presse quand elle a annoncé la liste.

 

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