LusoJornal | Emanuel Guedes LusoJornal | Emanuel Guedes LusoJornal | Emanuel Guedes Home Cultura Francisco Leal, alias Ochico : entre deux cultures, l’art en héritageEmanuel Guedes·6 Julho, 2025Cultura Francisco Leal est né en Auvergne, au cœur de la France, mais c’est au Portugal, à Fátima, qu’il passe les premières années de sa vie. Là-bas, avec ses parents et ses frères, il découvre un quotidien où l’imaginaire se mêle aux traditions, et où les gestes de la main ont toujours quelque chose de sacré. «Le dessin a toujours été présent, l’art manuel en globalité», confie-t-il au LusoJornal. Une sensibilité précoce, nourrie par la lumière, les couleurs, et les récits populaires du pays lusophone. À l’âge de dix ans, il revient en France. Cette fois-ci, ce n’est plus la campagne auvergnate mais Paris, et avec elle, l’effervescence d’une autre culture, d’un autre rythme. Ce va-et-vient entre deux mondes, il ne l’a jamais perdu. Il l’a même cultivé comme une richesse. «J’aurais pu faire les Beaux-Arts, mais je ne l’ai pas fait» nous explique-t-il en parlant de son parcours. . Une double culture comme boussole créative Installé aujourd’hui dans la capitale française, Francisco Leal est à la fois peintre, graveur, et cofondateur de l’atelier Oblik, un espace collectif qui réunit onze artistes dans une dynamique d’échange, d’exposition et de création continue. Au-delà du travail artistique, l’atelier se veut lieu de transmission, un mot qui résonne fort pour lui. Car sa double culture, il ne la vit pas seulement dans sa peinture. Elle l’accompagne aussi dans sa vie de famille. Marié à une Française, il tient à transmettre à ses enfants cette part essentielle de lui : la culture portugaise. «Ma femme parle un peu portugais. Mais mes enfants ont reçu cette transmission importante», explique-t-il. Il s’engage ainsi en tant que Président de l’Association des parents d’élèves de la section portugaise du Lycée international Honoré de Balzac à Paris. Une manière de rendre visible et vivante cette identité parfois discrète, mais jamais absente. «Je retourne au Portugal plusieurs fois dans l’année», ajoute-t-il. Ce lien au pays natal, à ses paysages et à sa mémoire, nourrit son œuvre de façon intime. Certains de ses travaux sont directement inspirés de poètes portugais, comme Sofia de Mello Breyner, figure majeure de la littérature lusophone. D’autres puisent dans ses souvenirs d’enfance. «Continuer de créer, c’est aussi retrouver cette magie de l’enfance», dit-il, comme pour rappeler que l’artiste a vécu ses 10 premières années à Fátima. . Des chaises abandonnées au rythme du jazz Sa dernière exposition en date, «Rag’Time», présente actuellement à l’atelier Oblik, est le fruit de deux années de travail. Une démarche à la fois poétique et écologique, née d’un hasard de rue : «J’ai jeté trois chaises, et pendant plusieurs jours, elles sont restées là. Passant devant elles, et voyant que personne ne les avait récupérées, je les ai prises et j’ai commencé mon travail autour de ces boîtes que j’expose». L’objet abandonné devient alors point de départ. Francisco collecte, assemble, transforme. «Des éléments récupérés au gré des rencontres et promenades», dit-il. Le tout orchestré comme une partition visuelle inspirée par le jazz. Le nom de l’exposition, «Rag’Time», fait écho à cette musicalité du hasard et à cette improvisation permanente que l’artiste affectionne tant. . Une œuvre au carrefour des mondes Dans ses gravures comme dans ses peintures, Francisco Leal oscille entre la puissance brute du geste et le souci du détail. La couleur y est parfois vive, parfois absente. Le noir et blanc lui permettent d’explorer une autre forme d’intimité. Ce sont les deux visages de sa création, comme les deux facettes de son identité. Son engagement au sein d’Oblik, son travail sur les matériaux de récupération, son amour pour la poésie et le jazz, tout cela compose le portrait d’un artiste singulier, profondément habité par la mémoire, mais résolument tourné vers le partage et l’expérimentation.