Linda de Suza : Témoignage, mises au point d’un proche, Frédéric Garçon

«Est-ce par hasard…» c’est le début d’une des chansons de Dave. Dave, un des amis que Linda de Suza remercie dans son livre «Des larmes d’argent» aux éditions Carnetsnord.

Oui, est-ce par hasard que nous nous sommes retrouvés au Cimetière de Gisors sur la tombe de Linda de Suza avec Frédéric Garçon ?

La première phrase complète de la chanson de Dave, est en forme d’interrogation : «Est-ce par hasard si j’ai suivi une étoile ?».

Oui… Est-ce le hasard, qui a provoqué la rencontre entre Frédéric Garçon et Linda de Suza ?

Dans le livre «Des larmes d’argent», Linda de Suza, en date du 12 septembre 2015, dédicace : «à mon Petit Fred Bébé d’amour… à Fred qui m’a donné l’amour d’un enfant, je t’aime très fort. Merci, bisous».

En route entre Versailles et Gerberoy, nous faisons une pause pour nous recueillir sur la tombe de Linda de Suza. La rencontre, par hasard, entre nous et Fred a lieu. Fred vient au cimetière tous les fins-de-semaine décorer, nettoyer, entretenir la tombe de Linda de Suza… celle qui fut bien plus qu’une chanteuse… elle a fait sortir plus d’un million de portugais de France de l’anonymat. On était en 1978, la chanson : «Um português».

La suite ? L’interview de LusoJornal. Un témoignage sincère, émouvant à Frédéric Garçon. Une mise au point, un point sur les «i», des révélations ? Une longue interview ? Peut-être. Une nécessité ? Surement. À vous d’en juger.

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Comment avez-vous fait connaissance avec Linda de Suza, dans quelles circonstances, en quelle année ?

J’ai rencontré Linda en 2005, j’étais coanimateur sur une radio locale. Pour la rentrée, nous cherchions des personnalités à inviter pour la nouvelle saison de l’émission. Je savais que Linda n’habitait pas loin de chez moi, j’ai donc décidé de me rendre chez elle et de lui laisser un mot dans la boîte aux lettres. Le temps de rentrer chez moi et environ dix minutes après, mon téléphone se met à sonner, c’était Linda. Elle me dit : «Jeune homme, merci pour votre petit mot, mais je n’ai rien à vendre, je n’ai pas de promotion à faire, mais si vous souhaitez nous pouvons nous retrouver dans quelques minutes dans un bar pour nous prendre un café». Ni une, ni deux, je me retrouve devant le Jean Bart, à Gisors, où Linda arrive avec Tomy, son chien qui venait de se faire opérer (castration). Nous avons échangé longuement, nous avons parlé de tout, de la vie… Depuis cette rencontre, nous ne nous sommes plus jamais quittés. Ce jour-là, il s’est passé une chose rare entre deux personnes, «nous nous sommes adoptés», mots qu’elle dira sur notre rencontre.

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Étiez-vous fan de Linda de Suza ?

Non, pas du tout. Je me souviens vaguement, quand j’étais petit, de la série «La Valise en carton», j’avais 8 ans à l’époque de la diffusion sur France 2. J’ai appris à connaître sa carrière en étant à ses côtés. J’étais totalement détaché du côté «Star», je pense que c’est aussi ça qu’elle a apprécié. Nous étions deux amis tout simplement.

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Le terme «mes petits» était souvent cité par Linda de Suza. Étiez-vous un de «ses» petits et avait-elle beaucoup de «petits» les dernières années de sa vie ?

Linda se considérait comme «la Mama» et appelait souvent les personnes «mon petit» ou «ma petite». Alors, oui, je faisais partie de ses petits. Pour les quatre proches, sa «garde rapprochée», ses quatre «mousquetaires», elle nous appelait, aussi, ses «bébés». Oui nous étions très proches, même si tous les quatre, nous avons des caractères différents. Il y avait Bruno, Eddie, Olivier et moi, nous étions complémentaires, auxquels nous devons ajouter ses voisins et d’autres amis fidèles avec lesquels elle était proche et sur lesquels elle pouvait compter.

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Se sentait-elle abandonnée par certains ?

J’ai entendu et lu beaucoup de choses à son départ. Il faut savoir que Linda n’était pas seule, il y avait du monde autour d’elle, peu, mais des personnes sincères. Nous étions là, les uns pour les autres. Il y avait nous, les quatre mousquetaires, les voisins et les amis ainsi que Fabien Lecoeuvre. Nous étions d’une amitié sans faille et ce jusqu’à aujourd’hui, d’ailleurs nous nous voyons régulièrement entre nous, nous avons participé il y a peu à un grand repas tous ensembles avec son fils João en visio, lui n’habitant pas en France. Linda était «le trait d’union», comme elle disait et c’est aussi pour cela que ce trait d’union restera pour toujours et que nous nous voyons tous, régulièrement, pour faire vivre la flamme. Elle s’est sentie abandonnée, oui, par sa famille. Famille qui n’était là que pour profiter d’elle. Linda en parle sur ce sujet, dans son dernier livre «Des larmes d’argent».

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Elle habitait à Gisors depuis quand ? Qu’est-ce qui l’a poussée à venir dans cette ville ?

Elle a d’abord habité, en 1990, à Saint Aubin-en-Bray (60), dans l’Oise, à 20 minutes de Gisors, où elle emménage après avoir quitté la maison de la Garenne-Colombes, en région parisienne. Puis elle emménagea à Tierceville, commune de Gisors, à environ 7 km. À la suite de la vente de sa maison de Saint Aubin, devenue trop grande, elle voulait quelque chose de plus petit, de plus simple, «la maison de Blanche neige» comme elle disait. Elle est arrivée dans la région, à Gisors, au vu d’être qu’à une heure environ de Paris. Elle pouvait profiter du calme de la campagne et de Paris pour le travail. J’avais fait des post sur la page Facebook Officiel sur les lieux où elle se rendait, où elle habitait avec des photos et aussi des témoignages des personnes de l’époque, c’est toujours disponible. Beaucoup de personnes publiques habitent les environs de Gisors, on est au calme et les gens les laissent tranquilles.

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Comme bien d’autres, Linda de Suza devenant connue et populaire, on a fini, parfois, par dire n’importe quoi. On a créé des «on dit». Les dernières années ont-elles été difficiles au niveau financier pour Linda, ainsi qu’au niveau de la santé ?

En effet, le «on dit» a été alimenté par des gens qui ne connaissent rien. Linda ne roulait pas sur l’or, c’est sûr qu’elle ne touchait qu’une petite retraite, à l’époque où elle a débuté sa carrière d’artiste, les producteurs ne déclarent pas tout, donc pas de cotisations pour la retraite. D’autres artistes, aujourd’hui, se rendent compte de cela. On ne peut pas être sur scène, se consacrer au public et gérer l’administratif, il y avait des personnes pour cela, dont elle avait confiance à cette époque. Elle vivait avec sa petite retraite. Linda était propriétaire de sa maison et avait une vie très simple, pas de superflus, ni de goût de luxe. Entre la maison de Saint Aubin et la dernière, elle s’est séparée de beaucoup de choses, meubles, vêtements, etc… Il ne restait que l’essentiel pour vivre, elle donnait tout, ne voulait rien garder. Son seul luxe et sortie était les jeux de hasard. Nous étions là quand elle en avait besoin, dans les bons, comme dans les mauvais moments. Au niveau santé, elle n’avait rien, jamais malade, juste un doliprane de temps en temps, c’était tout.

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On dit aussi que son fils l’a abandonné pendant une grande partie de sa vie. Comment sentiez-vous les relations entre une mère, Linda, et son fils, João ?

Qui sont ces gens qui se mêlent de tout, comme ça, tout le temps ? Être artiste c’est se donner sur scène, oui ! Mais la vie privée, doit rester privée. Je me demande si, ces mêmes personnes, aimeraient que leur vie soit déballée comme ça, commentée par tous et déformée ? La relation entre Linda et son fils était une relation forte, fusionnelle. C’était l’homme de sa vie, ils étaient dans une relation de mère et fils, mais aussi une relation d’amis. Vous vous imaginez ce qu’ils ont vécus ? Leur histoire est forte, même si nous l’avons lue ou regardée dans la série, on ne peut pas ressentir ce qu’ils ont réellement vécus et ça, il n’y a qu’eux deux qui savent. Je sais qu’ils s’aimaient tous les deux mutuellement depuis le jour où, dans la petite baraque, elle donne la vie à João, ils se sont aimés jusqu’ au dernier souffle de Linda. Son fils a fait sa vie à Lisbonne. Linda a, en effet, eu du mal à admettre que l’oiseau sorte du nid, elle voulait le garder avec elle toute sa vie, mais les enfants ça grandit, elle était un peu jalouse qu’une autre femme prenne sa place, mais ils n’ont jamais coupé le lien. Quand son fils venait en France, il venait la visiter, nous allions ensemble à Lisbonne le voir et puis, il y avait le téléphone et les appels WhatsApp.

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Avez-vous suivi Linda de Suza jusqu’à ses derniers jours ? Comment était-elle ? Consciente, perdue, sans force de lutter ?

J’ai été à ses côtés durant les 18 dernières années de sa vie au quotidien. En juillet 2022, quand elle est entrée à l’hôpital, nous étions un cercle très réduit à ses côtés pour la préserver et protéger. Linda avait baissé les bras de cette vie de galère, elle n’en voulait plus lutter depuis plusieurs années, elle nous répétait qu’elle voulait rejoindre le Seigneur. C’était un réel souhait, une envie de sa part, peut être difficile à comprendre pour certains, mais pour elle, c’était comme une belle récompense, la finalité. Elle a donc arrêté de s’alimenter et de boire, ce qui l’a conduit à l’hospitalisation. Nous ne pouvions le faire avant, car on ne force pas comme cela quelqu’un à entrer à l’hôpital contre son gré. Durant les quatre mois à l’hôpital et les deux mois en maison de repos, elle et nous, ses amis, savions ce qui allait se passer, elle en avait décidé ainsi. Nous avons profité à fond de sa compagnie, ce n’était pas triste. Il y avait des chants, des rires et même des éclats de rire dans sa chambre. Nous quatre, Bruno, Eddie, Olivier et moi, nous nous relayons pour ne pas la fatiguer trop et qu’elle ne soit pas seule durant toute la journée. Nous en avons profité, elle était radieuse et heureuse de ses moments, pour nous, c’était notre amie et pas la chanteuse, il faut bien comprendre cela. Elle avait repris du poil de la bête en maison de repos, mais pas assez, encore faible. Il y a eu une vague de Covid, celui-ci a pris le dessus, et le mercredi 28 décembre 2022, à 10h10, Linda nous a quittés pour rejoindre le Seigneur qu’elle aimait tant.

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A-t-elle exprimé certains désirs avant son départ ? Son caveau, hommages, etc.

Oui, on a tout abordé. C’est Fabien Lecoeuvre qui a lancé le sujet, le jour des obsèques de la reine Elizabeth d’Angleterre. Nous étions en train de regarder la retransmission à la télé depuis sa chambre d’hôpital. Fabien lui demande : «et toi, qu’est-ce que tu aimerais ?». C’est à ce moment-là, que nous avons commencé les démarches pour suivre ces souhaits. Nous nous efforçons encore aujourd’hui. Nous lui avons fait la promesse de respecter ses vœux. Elle souhaitait quelque chose de sobre, de couleur noir, sans plaque ou autres objets. Linda ne souhaitait pas de fleurs artificielles, elle détestait ça dans les cimetières, on a fait quelques enterrements ensemble, elle offrait uniquement des fleurs naturelles.

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Sa tombe a été aménagée en deux parties. Il y a une raison ?

Il faut savoir que l’emplacement où se trouve sa sépulture, Linda l’a acheté de son vivant, elle connaissait le lieu exact où elle serait. L’idée de faire en deux parties est liée à ce qu’en général les artistes ont beaucoup de visites. Pour éviter que les fans ou visiteurs ne montent sur la tombe d’à côté ou pour ne pas détériorer le marbre, le côté gauche de la tombe a été imaginé pour qu’on puisse y déposer les fleurs.

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Que voulait-elle qu’on mette sur sa tombe ?

Elle souhaitait mettre une partie du texte d’une de ses chansons : «Comme-vous».

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Par qui a été fiancée, construite, la tombe ?

A son décès, beaucoup de personnes m’ont contacté, ils voulaient donner un peu pour participer aux fleurs, etc… donc j’ai eu l’idée de faire une cagnotte et merci à toutes les personnes qui ont participé. Nous avons reçu plein de messages et de témoignages. Une partie de la cagnotte a aidé à financer la sépulture, un cadre de remerciement nominatifs a été installé au cimetière. Ses amis, et bien sûr son fils, y ont participé.

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Vous venez toutes les semaines nettoyer, embellir la tombe de Linda de Suza. C’est quelque chose qui se prolonge pour vous ?

Oui, j’y viens tous les week-ends, par tous les temps. Une promesse, c’est sacré, on la tient. Je lui ai promis de respecter ces vœux et d’entretenir sa mémoire, c’est ce que je fais. Quand je suis en vacances, Isabelle, une amie que Linda avait dans les années 90, vient me relayer, parfois nous le faisons ensemble. C’est aussi un lieu où nous rencontrons ces admirateurs et nous échangeons avec plaisir avec eux.

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Y-a-t-il un site officiel pour honorer Linda de Suza ?

Il y a la page Facebook Officiel (lire ICI) qui a été créée par Linda et moi depuis le 18 juin 2012. C’était la page de Linda, elle était totalement libre dessus. Je venais chez elle ou elle venait chez moi, pour aller dessus et publier. Linda n’avait pas internet, ni de téléphone portable, tout se faisait de mon téléphone ou de mon ordinateur. Nous faisions des ‘lives’ dessus, c’est elle qui décidait quoi mettre et, sinon, elle m’appelait pour me dire «tiens, mets ceci, mets cela», elle aimait ça, elle trouvait ça super, elle était curieuse de tout. Il y a plein d’autres pages qui lui rendent hommage, c’est super de faire vivre sa mémoire, il y a toutefois une page qui se dit «officielle» mais qui ne l’est pas, cela induit les gens en erreur, je trouve ça dommage. Linda a été assez abusée pendant sa vie et c’est toujours les mêmes qui continuent à essayer de tirer profit. Auparavant, il y avait un site et un skyblog, mais Linda a demandé leurs fermetures, elle n’avait pas confiance dans les personnes qui avaient ouvert ces sites.

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Qui alimente ce site et par quels moyens ? Que publiez-vous dans ce site ?

Aujourd’hui c’est moi qui l’alimente, avec l’aide d’amis de Linda. Il y a une dizaine d’années, Linda avait donné à l’un d’entre nous quatre, un énorme carton rempli de cassettes-vidéo. Aujourd’hui, nous sommes en train de tout numériser afin de partager avec un grand nombre sur la page Facebook ou la page Youtube Officielle. Cela prend du temps. Nous voyons, toujours les mêmes, télécharger les vidéos que nous mettons, en mettant leurs marques dessus. Nous avons décidé malheureusement d’apposer aussi le nôtre sur les vidéos que Linda nous a transmises.

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Y a-t-il des manifestations régulières, annuelles ou autres pour honorer Linda de Suza ou envisage-t-on cela ?

Pour le moment non. Son départ est encore très présent, nous mettons les choses en place tranquillement pour faire de vraies belles choses, mais ce sont des projets. Nous nous réunissons déjà entre proches. Ça serait avec plaisir de faire un événement et de parler de Linda. Des choses sont en cours mais, chut, je vous en dirais plus sur les réseaux, quand tout sera en place.

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Avez-vous des appuis d’organismes officiels français, portugais, associations, groupes et personnes informelles ?

Nous n’avons aucun appui à part celui du public, les institutions, je les ai contactées au début, ils m’ont bien tous répondus, mais, par la négativité, une association a même voulu financer toute la sépulture, mais à leurs goûts, sans respecter les souhaits de Linda, c’était hors de question ! Beaucoup de parole, sans actions…

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Y a-t-il un souvenir plus marquant que les autres qui vous vient à l’esprit de votre amitié avec Linda de Suza ?

J’en ai des milliers, vous imaginez ? 18 ans de vie, de souvenirs, beaucoup de choses me font penser à elle au quotidien, nous avions nos habitudes, j’en ai gardé aussi. On a vécu de merveilleux moments, d’autres plus tristes, mais ça fait partie de la vie. Nous aimions partir chez nos amis, que ce soit en Belgique, chez Caro ou dans le sud de la France, du côté d’Hyères, chez Manu et Daniel. Là, elle était resplendissante, heureuse comme jamais, c’est d’ailleurs un de nos amis, lors de nos vacances, qui a pris cette photo, le portrait d’elle pour les obsèques, portrait qui est aussi sur le profil Facebook et sur sa tombe. Cette photo a une histoire, mais ça sera peut-être pour une prochaine fois que je vous la raconterai.

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Avez-vous un souhait ?

Je souhaite que nous avancions, tous ensemble, sereinement et dans la paix, pour la mémoire de Linda. Qu’on ne l’oublie pas. Chaque partage sur les réseaux, chaque interview, chaque visite sur sa tombe fait que sa mémoire perdure. Je voulais remercier toutes les personnes qui nous suivent sur les réseaux et de leur immense gentillesse depuis toutes ces années. Merci au personnel soignant qui a été admirable, à Bruno, Eddie, Olivier, ses voisins Annie, Denis, Nana, Michel et amis Isabelle, Clotilde, Greg, Fée, Cynthia, Manu, Daniel, Gilles, Claude, Christelle, Caro, Evelyne, merci de cette belle union qu’il y a entre nous, Linda étant le trait d’union. Merci, bien sûr, à Fabien Lecoeuvre, un vrai ami, mais aussi, son agent, grâce à lui, Linda a pu mieux vivre ces dernières années, il lui a apporté du travail (livres, cd, émissions…) et l’a fait remonter sur scène, retrouver son public. Et enfin, merci à João, son fils, merci de sa confiance. C’est l’union de toutes ces personnes qui ont fait que nous ayons accompagné Linda tout le long de sa vie et même au-delà.

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Que dire de plus ? Le temps de le dire est venu, chose ici faite, Linda étant partie depuis deux ans et demi.

Ces jours-ci, Nicolle Croisille vient de rejoindre Linda de Suza.

Selon sa volonté, une partie de la chanson de Teolinda Joaquina de Sousa Lança «Comme-vous» est gravée sur sa dernière et éternelle demeure :

«Tout ce que j’ai rêvé

comme une belle histoire

m’est arrivé par vous.

Et malgré les lumières

je peux vous jurer,

pour moi, rien n’a changé

je reste comme vous»