Milo Machado Graner : Révélation Masculine aux Césars et une nomination à Cannes

Il y a un dicton portugais que dit “Quem sai aos seus, não degenera”, qu’on pourrait comparer au diction français : «Tel père, tel fils». Dans le cas de Milo Machado Graner, ce n’est pas tout à fait cela… mais presque.

Milo Machado Graner est un jeune homme qui fête ses 17 ans le 31 août prochain. Fils du chercheur François Graner et de l’artiste scénographe Susana Machado (lire ICI), il s’est déjà fait un nom dans le milieu du cinéma.

Ses débuts au cinéma se sont faits par le biais d’un casting sauvage (*). La Directrice de casting Elsa Pharon, cherchait l’enfant qui jouerait à l’écran le fils de Virginie Efira et Romain Duris dans le film «En attendant Bojangles», réalisé par Régis Roinsard.

Dans un premier temps Milo devait incarner ce personnage, c’est finalement son petit frère Solàn qui aura la vedette. Milo Machado Graner décoche tout de même 3 jours de tournage. C’est pas mal du tout quand on n’a jamais mis sa frimousse devant une caméra, pour jouer le rôle d’un garçon qui «casse la gueule» au personnage en pleine cour de récréation. Belle consolation pour se «venger» du rôle qu’il n’a pas eu ?

Milo Machado Graner tournera ensuite dans la série à succès «En Thérapie», où il joue le fils du psychiatre et psychanalyste campé par Frédéric Pierrot.

D’autres tournages suivront, pour la télé ou le cinéma (notamment la comédie «8 rue de L’Humanité» de Dany Boon, sortie sur Netflix).

Les années 2023 et 2024 n’ont pas été comme les autres pour Milo Machado Graner, tout spécialement avec le film «Anatomie d’une chute» de Justine Triet.

Dans ce film à succès, il incarne Daniel, un enfant malvoyant, rôle pour lequel il a dû avoir beaucoup de préparation autour de la cécité et l’apprentissage du piano, fils de Sandra, interprétée par Sandra Hüller, dont le personnage est accusé d’avoir tué son mari.

«Anatomie d’une chute» a, à lui seul, obtenu de nombreuses récompenses et nominations : notamment aux Golden Globes (prix du meilleur scénario), aux Oscars (meilleur scénario original et meilleur film en langue étrangère), au Festival de Cannes (Palme d’or) et aux Césars (6 Césars décrochés).

Grâce à ce film et à sa prestation, Milo Machado Graner a reçu quant à lui, le prix de la Meilleure jeune performance, au Seattle Film Critics Society en 2024, ainsi que plusieurs nominations : En 2023 au Chicago Film Critcs’ Association (Meilleure révélation masculine), au Dublin Film Crtics’ Circl (Meilleur acteur), au San Diego Critics Society (Meilleure jeune performance) et au Washington D.C. Area Film Critics Association (Meilleure jeune performance). En 2024 à la Cérémonie des César (Meilleure révélation masculine), à l’International Cinephile Society (Meilleur acteur dans un second rôle), ou au Lumière de la Presse Internationale (Révélation masculine).

Pour ce film, la réalisatrice a tout d’abord cherché avec ses collaboratrices de Casting, Jill Gagé et Cynthia Arra, un garçon réellement mal-voyant. Puis, après des centaines de recherches et beaucoup de découragements, elles ont fini par «ratisser plus large», et c’est là qu’elles sont tombées sur Milo Machado Graner.

Justine Triet dira par la suite qu’«il a tout de suite été impressionnant, comme s’il ne jouait pas. Il a appris le piano de manière intensive, et puis, avec Cynthia, on a cherché ensemble le niveau de malvoyance avec l’aide de personnes spécialisées dans la déficience visuelle».

Après la folie des Golden Globes et des Oscars, Milo Machado Graner retourne début 2025 aux États Unis. Cette fois-ci à Tampa, en Floride, pour y tourner le court métrage «Five stars» de Todd Wiseman, réalisateur rencontré la même année lors du Festival de Deauville. Milo Machado Graner y tient le rôle principal, un jeune geek détruisant tout à son passage. Le réalisateur demandera d’ailleurs à la maman de Milo d’y incarner le rôle de la mère.

Que ce soit en Californie, en Floride, ou à Cannes, la maman l’accompagne partout, avec son petit frère Solàn, restant très attentive à la carrière de ses enfants. C’est donc ainsi que tout naturellement elle accompagne pour la troisième fois, son fils à Cannes, avec le film «Spectateurs» du réalisateur Arnaud Desplechin.

Milo Machado Graner montait les marches, cette fois-ci aux côtés de Mathieu Amalric et Françoise Lebrun.

Milo Machado Graner réapparaît à l’écran aux côtés de Jamel Debbouze dans le film «Mercato» de Tristan Séguéla. Le film n’a pas vraiment connu de succès en salles, mais qui le connaîtra sans doute prochainement sur Netflix, vu le thème qu’il aborde : les coulisses du football d’aujourd’hui, industrie planétaire où les intérêts se chiffrent en milliards. Milo Machado Graner y incarne Abel, le fils d’un agent de joueurs de foot qui n’a que sept jours pour sauver sa peau avant la fin du mercato…

En mars 2025, est sorti en salles «Ma mère, Dieu, et Sylvie Vartan» de Ken Scott, avec Leïla Bekhti et Jonathan Cohen. C’est un succès : plus de 1,5 millions d’entrées comptées à ce jour. Il raconte l’histoire bouleversante d’une mère prête à tout pour que son fils, atteint d’une malformation, puisse mener une vie «normale». Milo Machado Graner y incarne un des frères du protagoniste, rôle lui vaut les louanges de la presse. Le Parisien titra : «Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan» : «Milo interprète un petit rôle, celui du frère aîné du héros. Mais en quelques scènes, sa prestation frappe par son naturel et sa justesse…».

De noter que dans ce film participe également un autre luso-descendant, Bertrand Gonçalves.

Nous n’avons plus qu’à attendre que sorte le prochain film où Milo Machado Graner a déjà fini de tourner, mais qui est encore en phase de montage : il s’agit de «Adieu monde cruel», premier long métrage du réalisateur Félix de Givry, connu comme producteur et acteur, premier rôle dans le film Eden, tourné entre août et octobre 2024. Milo Machado Graner y tient le rôle principal, celui d’Otto, un enfant âgé de 14 ans qui adresse à sa famille et à ses camarades de classe une lettre annonçant son suicide. Il rate sa tentative. Trop honteux pour rentrer chez lui, il se cache. La nuit tombée, il hante les rues de la ville, comme un fantôme, jusqu’à ce qu’une fille de son lycée, Léna, le reconnaisse…

Malgré tous ces beaux rôles déjà derrière lui, Milo Machado Graner garde la tête froide.

Une autre préoccupation l’occupe ces jours-ci : l’obtention du Bac et ses futures études. Il vient d’être accepté en classe préparatoire à Condorcet. Il nous a annoncé avoir passé les épreuves de français avec brio l’an passé, place maintenant aux autres matières qui se déroulent cette semaine.

La famille va régulièrement au Portugal, et tout spécialement dans le nord, Milo Machado Graner nous dit ne pas y avoir été depuis quelques années, les tournages de films pour lui se passant principalement pendant les vacances.

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(*) Pierre Charpilloz, qui vient de signer un papier sur le sujet dans le dernier numéro de la revue Sofilm, donne la définition suivante de casting sauvage : «Le casting sauvage part de l’idée que certains rôles, certains personnages, certaines sociologies ne peuvent pas être joués par des comédiens, qu’on a besoin de profils qu’on ne trouve pas dans les agences habituelles, et qu’on est donc obligé d’aller sur le terrain pour les trouver. (…) Il y a le terme d’acteur kleenex qui s’est développé un peu dans les années 90 pour parler de ces acteurs qui sont formidables dans un rôle et puis qui ont complètement disparu et c’est un peu le problème quand on cherche à en faire un personnage plutôt qu’un acteur».