LusoJornal / António Marrucho

Opinion: Le Cap Espichel, réflexion sur nos caps

Étrange, bizarre ou coïncidence?

À un moment de notre vie où un cap est franchi, visiter, parler écrire sur des caps est pour nous-mêmes source de questionnement. Parler, écrire sur un cap, nous amène à réfléchir sur nos propres caps, nous propres limites.

Le cap, au sens paysagiste, est là où la terre se termine et la mer commence, Luís de Camões nous l’a dit, c’est écrit sur la roche, au Cap de Roca.

Monsieur Camões, ne pourrait-on pas également dire le contraire? Là où la mer se termine et la terre commence?

Monsieur Luís Vaz de Camões, qu’il a été heureux que vous ayez trouvé le commencement de la terre pour saveur votre œuvre des eaux! L’œuvre majeure d’un pays, de son histoire: les Lusíadas. Le jour de votre décès, rappelons-nous, est le férié national du Portugal. C’est également le jour de tous ceux qui ont dû traverser bien des caps terrestres et maritimes: le jour des Communautés portugaises.

Dans nos vies, n’avons-nous pas aussi des caps à traverser, à franchir? Est-ce le début ou la fin de quelque chose?

Il y a bien évidemment des caps bien plus difficiles que d’autres. Dépasser un cap c’est souvent dans la logique des choses. Ne peuvent-ils pas être source de plaisir, de fierté, voire de victoire?

Traverser des caps peut parfois prendre des années, il nous faudra parfois se préparer pendant des années au passage de tel ou autre cap. Cette préparation, l’expédition, n’est pas exempt de surprises. Il y a l’inconnu, la peur de cet inconnu.

N’a-t-il pas des caps désirés et d’autres forcés?

Nous divaguons…

Nous imaginons déjà le Directeur de notre/votre journal, Carlos Pereira, qui se dit: «António, va directement au sujet», alors que lui-même et le journal est à un tournant, à un cap de son existence.

J’en ai trop dit, j’en n’ai pas assez dit. Les caps de notre vie, voilà, selon nous, un beau sujet à traiter, nous y reviendrons, peut-être un jour.

Revenons à nos moutons: à l’école de Sagres, toute une préparation et l’accumulation de savoir ont permis à Gil Eanes de passer au-delà du Cap Bojador, en 1434. Il a fallu attendre le 3 février 1481 pour que Bartolomeu Dias double le Cap de Bonne Espérance.

Cap de Bonne Espérance, un cap connu aussi par ses naufrages, à l’image de Bartolomeu Dias, qui après avoir accompagné Pedro Alvares Cabral à la découverte du Brésil, décide de continuer sa route. Le Cap de Bonne Esperance est devenu le drame de sa vie, lui qui restera dans l’histoire comme étant le navigateur qui l’a dominé, traversé, puisque à la suite du naufrage de son navire il y perd sa vie le 29 mai 1500.

Le 1er novembre dernier, LusoJornal a publié notre article sur le Cap de Roca. Un cap hyper touristique, contrairement à ce que nous pensions avant de le visiter, à la mi-octobre.

Aujourd’hui je vous fais voyager jusqu’au Cap Espichel.

En voici une description succincte: le Cap Espichel, en portugais Cabo Espichel, se situe à l’ouest de la ville de Sesimbra. Il est bordé au sud et à l’ouest par l’océan Atlantique et au nord par la route nationale 379 et la rivière des Caixeiros. Il marque la limite sud-ouest de la péninsule de Setúbal.

Cette pointe sauvage renferme des paysages balayés par le vent avec d’immenses falaises martelées sans cesse par les vagues de l’océan.

Le Cabo Espichel est idéal pour les touristes appréciant la nature dans sa beauté la plus brute. Toutefois, certaines personnes pourront trouver que ce lieu est totalement vide et dénué de la moindre chose à voir, on peut même se sentir un peu choqués par l’espèce d’abandon des deux rangés de maisons qui partent de l’église. Les fenêtres et portes sont murées, en attente d’une future restauration.

Le Cabo Espichel possède, en gros, 5 attractions touristiques:

– Le Sanctuaire de Notre Dame (Santuário de Nossa Senhora) et les logements pour les pèlerins

– Le phare (Farol do Cabo Espichel)

– La petite chapelle Ermida da Memória

– Les traces de dinosaures de Pedra da Mua

– Les empreintes de pas de dinosaure de Lagosteiros.

La construction du Sanctuaire de Notre Dame du Cap Espichel (Nossa Senhora do Cabo Espichel) a commencé en 1701 sous l’ordre du roi D. Pedro III et s’est terminée en 1707. L’extérieur de l’église est d’un baroque assez banal, qui se voit assez fréquemment au Portugal. Il faut entrer dans l’édifice religieux: les finitions de son intérieur et son plafond peint, sont absolument sublimes.

Deux ailes de logements se trouvent à l’extérieur de l’église: ce sont là où les pèlerins visitant le Sanctuaire de Notre Dame se logeaient. Ces rangées de logements s’appelaient, autrefois, soit la «Maison des chandelles» (Casa dos Círios), soit tout simplement «Auberges». Malheureusement, les bâtiments sont en mauvais état et sont fermés aux visiteurs.

Le Phare de Cabo Espichel était l’un des plus importants du littoral de Lisboa. La pointe sud-ouest de la péninsule de Setúbal était connue pour son intense trafic maritime. Construit en 1790, il a 32 mètres hauteur. Lorsque le ciel est dégagé, le Phare du Cap Espichel peut être vu à 35 km en mer.

Les falaises du Cap Espichel abritent deux jeux d’empreintes de dinosaures: le Pedra da Mua et le Lagosteiros. Les traces de Pedra da Mua sont intégrées dans les falaises grises et abruptes se trouvant directement en dessous de la chapelle Ermida da Memória.

La petite Ermida da Memória est positionnée d’une manière un peu précaire à proximité du rebord des falaises et était un lieu de pèlerinage très important. C’était la chapelle où l’apparition de la vierge Marie sur une mule a fini par disparaître: cela lui a donné énormément d’importance.

À l’intérieur de la chapelle se trouvent des carreaux d’azulejos traditionnels, bleus et blancs, qui racontent l’histoire de la mule et de ses empreintes. La chapelle est fermée aux visiteurs, mais les carreaux sont visibles de l’extérieur.

Le littoral de Cabo Espichel offre plusieurs sentiers de randonnée. Les deux plus populaires sont le Maravilhas do Cabo et le sentier longeant la côte pour arriver à Praia das Bicas. Le Maravilhas do Cabo est une boucle de 5 km de long. La randonnée de 12 km longeant les falaises pour arriver à Praia das Bicas emprunte plusieurs chemins, qui sont tous proches des falaises, et se termine à l’une des places les plus isolées et les plus immaculées de la région de Lisboa.

Un conseil: si vous voulez faire de belles photos des lieux et immortaliser un très beau coucher de soleil, prenez votre temps. N’arrivez pas trop tard. Nous sommes partis de Sesimbra, à 8 km d’Espichel, le soleil nous paraissait encore bien haut. Au moment où nous sommes arrivés au Cap, le soleil s’était déjà caché, on n’a pas pu immortaliser sur la pellicule ce qui au loin nous paraissait un magnifique coucher du soleil.