Opinion: Les roses sont plus tristes dans les jardins du monde (1)

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De Congrès en Congrès, l’histoire du Parti socialiste français s’inscrit dans un long combat, mené de générations en générations, par des femmes et des hommes qui ne se sont jamais résignés à l’injustice, aux inégalités qui sévissent partout dans le monde et qui n’ont pas disparu.

Des plus grands tribuns à la base militante, leur engagement n’a pas fatigué, défaites après défaites jusqu’à quelques victoires mémorables qui ont changé la vie respectant le mot d’ordre de Jaurès «aller du réel à l’idéal» et nous sommes allés du réel à l’idéal, bon an mal an.

Pourtant, beaucoup de roses ont été piétinées et par des socialistes en personne. Blessées jusqu’à saigner, victimes de sales coups prémédités, celles-ci renaissent mais plus faibles à chaque printemps. À la veille du 79ème Congrès, les militants socialistes s’apprêtent à voter et, pour certains d’entre eux, participer à la grande messe du week-end de Villeurbanne en tant que délégués. Il faut croire sincèrement à cette belle idée, neuve encore dans son accomplissement, pour accepter de rester assis, déshydraté.es mais ému.es des heures et des heures durant, en salle plénière, avec l’infime espoir d’avoir la parole (en vain), de croiser de grands noms de notre histoire commune: grands ou petits élus, anciens ministres ou secrétaires d’État, intellectuels, futurs grands noms ou pas. D’ailleurs, où sont-ils passés?

Cette fois-ci, la salle de Congrès ne réunira peut-être pas plusieurs milliers de délégués dévoués comme à l’accoutumée, simplement découragés par les variants actifs de la Covid-19 menaçant notre espoir dit invincible ou conscients de l’absence d’une candidature naturelle gagnante à la prochaine présidentielle. Si le poing à la rose ne tremble pas, stratégie après stratégie très moyennement victorieuse, les militants de la Renaissance socialiste qui le portent fièrement à leur boutonnière ou dans leur cœur depuis près de quatre ans, découvrent néanmoins la syllabe du mot rose sérieusement flétrie.

C’est ainsi qu’en Moselle, depuis des années, quelques individus aussi cyniques qu’iniques ont privatisé l’outil de travail fédéral ignorant ou maltraitant les militants. Depuis des années, la situation interne au sein de cette Fédération socialiste est d’un tel arbitraire que nous sommes contraints à ne pas prendre part aux élections liées au processus du Congrès national de septembre 2021. Pour la énième fois, une majorité d’entre nous, socialistes messins et mosellans, parmi les militant.es incontestables de la Renaissance socialiste, sommes traités comme exclus. Une nouvelle fois écartés de la préparation du Congrès de Villeurbanne, nous ne participerons pas à un processus interne faussé. En dépit de ces errements pernicieux et bien qu’en retrait, nous restons socialistes par la conviction et par l’appartenance. Ici, si un pétale saigne dans chacune de nos roses et que les certitudes s’en sont allées, nous choisissons de dénoncer ceux qui nous réduisent au silence, ceux qui ont fermé les bouches qui parlaient au bord des rivières.

À ce silence, nous opposons le nôtre, digne de vérité et d’avenir. Aux deux belles inventions de cette fédération: la machine à perdre et le procès stalinien continu, nous opposons nos convictions immuables et les preuves multiples de notre sacrifice militant, pour certains fidèles de plusieurs décennies, celui notamment de cotisations dûment encaissées.

Le socialisme français déjà très éprouvé reste à encore l’épreuve des urnes. Certes, celui-ci est sorti de réanimation mais toujours en lente convalescence. Nous n’avons pas retrouvé toute la confiance ce celles et ceux qui justifient notre engagement: nos concitoyenn.es auxquel.les nous avons juré pouvoir «changer le destin et la chance».

De fait, les roses sont plus tristes dans les jardins du monde. En Europe, les roses sont plus tristes que celles du reste du monde encore.

Au fait, sur chaque visage l’égalité? Pas en Moselle socialiste! Ici, la misogynie et la xénophobie auront vaincu l’espoir – oxalá (2) – pour peu de temps. Enfin, à défaut de nouvelles roses intelligemment armées, notamment de principes supérieurs et de convictions puissantes contre des stratégies à courte-vue assurant une place seulement à quelques-uns, nos combats sont perdus d’avance, à commencer par l’élection présidentielle de 2022.

Reste donc à planter de nouvelles roseraies robustes, dans tous les jardins du monde pour voir sortir de terre des personnes sincèrement engagées contre les nouveaux privilèges fous de quelques-uns laissant tous les autres réduits au silence et exclus des mouvements de progrès. Ce n’est plus l’affaire des seuls socialistes sincères mais de toutes et de tous. Comment? Allant dehors, partout, sur nos territoires, à l’écoute du pays tout entier, loin de faux micro-conciliabules locaux sans vision pour la France et les siens. Il est temps de remonter l’espoir à sa plus haute place, plus proche de l’idéal d’égalité auxquels les Françai.ses sont attachés. Il est de temps de rejoindre l’Engagement, il est temps de tracer un chemin sûr qu’il est urgent d’emprunter: la nécessaire refondation populaire et la reconstruction du pays. Avec nous, il est temps de s’engager pour réussir La Remontada!

 

“Les roses sont plus tristes dans les jardins du monde

un pétale saigne dans chaque rose

même dans le mot rose il y a une syllable blessée. (…)

Les certitudes s’en sont allées. Je ne sais pas quel silence.

 

Notes:

1 Poème V, In Quando, p.23

2 Mot portugais qui signifie Plaise à Dieu ou, ici, pourvu que.

 

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