Suzana Alexandre

Pedro Barroso s’en est allé

Il est 2 heures du matin, 14 heures après le début de notre cloisonnement à la maison ordonné par le Gouvernement. Nos nuits sont courtes, à 2 heures les informations de RTPi se terminent et avec elle l’information de la mort de Pedro Barroso.

Pour nous qui écrivons ces quelques lignes, Pedro Barroso est l’un des plus grands de la chanson portugaise. Un chanteur immense par sa voix, son écriture et son physique.

Pedro Barroso est mort à 69 ans.

Il a fait sa carrière sans chercher à être à la mode, sans chercher à faire du succès. Il a tracé sa voie sans se soucier des disques d’or, de platine ou autres.

De Pedro Barroso, nous gardons un souvenir de septembre 1981. Après la fin de nos études universitaires en France, nous avons été appelés à faire notre service militaire dans la Escola Prática de Artilharia de Vendas Novas (Alentejo). C’est là que nous avons écouté pour la première fois Pedro Barroso.

Son concert se déroulait plus ou moins normalement quand, tout d’un coup, il s’arrête et il dit au public ne pas pouvoir continuer son spectacle. Trouvant le public trop bruyant, il a demandé à celui-ci de dire tout ce qu’il avait à se dire et qu’il reprendrait après. Ce qu’il a fait quelques minutes plus tard.

Pedro Barroso, un immense chanteur, pas assez connu et pas assez commercial.

Je me rappelle des vacances au Portugal. Admirant Pedro Barroso, j’ai cherché à acheter des CD’s de lui. Dans le marché du lundi, à Fundão, évidemment pas possible, comme pas possible dans des boutiques spécialisées de la région. Figurez-vous, et ce n’est pas pour faire leur publicité, je n’ai pu acheter un de ses CD’s que par internet, sur Amazon.

Je me souviens de regarder, il y a de cela 2 ou 3 ans, un concert de Pedro Barroso enregistré pour Antena 1 et de le voir regarder à plusieurs reprises sa montre pour voir s’il pouvait continuer à chanter ou pas. C’était des petits gestes comme celui-ci qui caractérisait le naturel de ce chanteur.

Né à Lisboa, c’est là qu’il s’en est allé ce lundi, en phase terminale de maladie, a annoncé son fils.

Il a débuté sa carrière comme enseignant et s’est spécialisé plus tard dans la psychiatrie comportementale. Il a été pionnier au Portugal dans l’enseignement auprès des sourds-muets.

Il affirme avoir commencé à composer et écrire ses premières chansons dès l’âge de 14 ans, ses premières chansons ayant été écrites en français.

Fin 1969, il participe pour la première fois dans une émission de télévision, le Zip Zip, présenté par l’humoriste Raul Solnado.

Après la Révolution du 25 Avril, Pedro Barroso intègre les campagnes de dynamisation de la culture et chante dans tout le pays. Après 2 singles, il éditera son premier album en 1976, intitulé «Lutas velhas, Canto novo». En tout, il éditera plus de 30 albums.

Pedro Barroso, dans une de ses premières chansons nous disait:

“Cantarei, cantarei

à chuva, ao sol, ao vento, ao mar

seara em movimento

ondulante, sem parar”.

Pedro tu ne nous chanteras plus, toutefois tu resteras un des plus grands et tes chansons continueront à nous suivre, à nous émouvoir.

Écouter tes chansons telles que «Menina dos olhos de água», «Cantarei», «Viva quem canta»… donnent la chaire de poule.

Pedro Barroso merci, merci pour ton talent, merci pour ce que tu nous laisses.

Bon repos éternel et…

“Viva quem canta

Que quem canta é quem diz

Quem diz o que vai no peito

No peito vai-me um país”.

 

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LusoJornal