Phénomène d’édition : Melissa da Costa, l’écrivaine la plus lue en FranceAntónio Marrucho·Cultura·28 Dezembro, 2024 Le 10 avril 2019, Nuno Gomes Garcia écrivait dans LusoJornal un article sur le roman de Mélissa da Costa «Tout le bleu du ciel». Depuis… que du chemin parcouru! Mélissa da Costa raconte à Nuno Gomes Garcia : «J’ai déjà auto-publié deux romans sur Amazon, mais ils se sont vite perdus parmi la masse de livres qui y existent… Pour ce livre ‘Tout le bleu du ciel’, j’ai découvert la plateforme monbestseller.com et je me suis demandé : eh bien, pourquoi ne pas essayer ? Même sans l’avoir terminé, j’ai mis en ligne la première partie sur Internet, sur cette plateforme, et, grâce à un système de notes et de commentaires en ligne, le livre a progressivement pris de l’ampleur, attirant l’attention du comité de lecture du site». Depuis, et en seulement 5 ans, Mélissa da Costa est devenue l’écrivaine la plus lue en France en vendant rien qu’en 2023, 1,275 millions de livres, détrônant Guillaume Musso qui occupait la première place du podium depuis 12 ans. Melissa da Costa est née à Replonges, pas loin de Mâcon, dans le département de l’Ain, le 7 août 1990, de parents portugais, lui ouvrier du bâtiment originaire de Barcelos, elle assistante maternelle, originaire de Castelo Branco. Ses sœurs, Jeanne est sage-femme, Clara est animatrice dans un EPHAD. Passionnée d’écriture depuis toute petite, de 2008 à 2011 elle suit des études d’économie et de gestion à l’Institut d’Administration des Entreprises de Lyon. Puis elle occupe un emploi de chargée de communication dans une Mairie en Isère, dans le domaine de l’énergie et du climat. Elle suit également des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie. Melissa da Costa continue à dire, même après son succès, qu’elle est plutôt chargée de communication, qu’écrivaine. Née dans une famille modeste, dès l’âge de 7 ans, Melissa da Costa commence à écrire des phrases, puis des poèmes, puis des contes pour enfants, les parents se demandant ce que Melissa, l’une des trois filles, faisait dans sa chambre. Des écrits, des écrits… que pour elle. De fil en aiguille, elle se lance dans l’écriture de romans ou plutôt dans des débuts de romans, en tout une cinquantaine, abandonnant le début de l’un pour écrire le début d’un autre, et encore, encore… Son rêve, son rêve d’enfant ? Voir un de ses romans être publié, un rêve qu’elle croyait inaccessible… Elle dit ne rien avoir écrit de «concret» entre l’âge de 7 et 25 ans. Après avoir terminé les études et à la suite d’une période de chômage, elle écrit son premier roman et, pour la première fois, elle va faire lire son écrit, elle l’envoie par e-mail à son amie Catherine. Le retour de Catherine est très encourageant. Elle fait lire le manuscrit à des «potes», à sa mère, à des amies de cette dernière. Les retours continuent d’être positifs. Estimant trop chère de faire imprimer 50, voir 100 exemplaires de ce roman, pour envoyer à autant de maisons d’édition, Melissa da Costa décide de l’éditer sur une plateforme internet, une forme de faire parvenir à des amis son livre et de se faire lire par des lecteurs qui fréquentent cette plateforme dédiée aux auteurs amateurs. Au vu des retours par les lecteurs, le responsable du site demande à Mélissa da Costa si elle l’autorise à communiquer ses coordonnées à une maison d’édition qu’il connaît. Chose faite. Melissa da Costa signe son premier contrat chez Carnets Nord. Elle se dit : «ça y est j’ai un premier roman édité… je peux mourir demain». Elle édite en 2019 «Tout le bleu du Ciel». Malgré d’énormes ventes du livre, la maison d’édition fait faillite la même année. Le succès de ce premier roman est tel que, l’année suivante, il est réédité en format de poche. On voit déjà dans ce premier roman édité, la richesse d’écriture, tout le travail effectué en amont en cherchant des renseignements, documentation sur des thèmes auxquels une grande masse de lecteurs seront sensibles. Melissa da Costa, aimant le contact de la nature, loin de tout confort, prend une année sabbatique et part, avec son mari infographiste, en Nouvelle Zélande, vivant dans un Van, confrontée parfois à des températures négatives. C’est là que Melissa écrira «Tout le bleu du ciel». Les deux personnages principaux de ce roman sont Émile et Joanna. Deux personnes que tout oppose : Émile, âgé de 26 ans, a une forme de maladie d’Alzheimer précoce et veut vivre 60 ans en une seule année en faisant un ultime voyage. Il cherche compagnon(ne) pour partager avec lui ce dernier périple, Émile décidant de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile. Ils empruntent le chemin de randonnée RG 60 qui rejoint l’Atlantique à la Méditerranée en passant par les Pyrénées. C’est alors qu’ils arrivent à 1.250 mètres d’hauteur, au bord de la cascade des Ars, où le roman, la rencontre, débute véritablement : la marche permet que chacun s’approprie sa propre vie, le sens de celle-ci… une introspection sur soi… arrive plus loin, le Col du Tourmalet à 2.467 mètres. Formée en naturopathie et aromathérapie, Joanna se sent dans son milieu, dans son être et l’histoire de deux inconnus devient une histoire d’amour. Ils se soignent mutuellement et au contact avec la nature. Les forces commencent à manquer à Émile. Les deux voyageurs décident de s’installer dans les Dolomites français des Pyrénées, au cirque de Lescun, dans la vallée d’Aspe, là où les bergers communiquent encore de nos jours, par le sifflet… Trop faible, Émile meurt, Joanna s’y installe, s’enracine, prend soin de la terre… prend soin de soi». Le livre, bien reçu par la critique, obtient plusieurs distinctions, dont le Prix Alain-Fournier, le Prix du roman Cezam, et le Prix du lecteur du Livre de poche. D’autres suivront, tels que le Prix littéraliste du Livre Romantique en 2021. Depuis, 7 autres romans ont été édités aux éditions Albin Michel : «Les Lendemains» en 2020, «Je revenais des autres» en 2021, «Les Douleur fantômes» en 2022, «La doublure», «Les femmes du bout du Monde», «La Faiseuse d’étoiles», tous trois en 2023 et «Tenir Débout» en 2024. Tous les livres ont été également réédités dans la collection Livre de Poche, excepté le dernier. En 2021 Mélissa da Costa fait partie des 10 écrivains les plus lus en France. Selon le Figaro, en 2022 elle est classée 3ème auteure la plus vendue en France. En 2023 elle détrône Guillaume Musso de la première place. Mélissa da Costa s’installe en 2020 en bordure de forêt dans la vallée de la Chevreuse, deux enfants naissent : Martin et Augustin. Profitant pour écrire plutôt en semaine, Mélissa da Costa aménage un lieu à soi pour écrire, elle s’isole dans son sous-sol. De ses romans, Melissa da Costa dit : «C’est les univers, des nouveaux univers que j’aime exploiter à chaque fois… je ressens ces univers, je deviens les personnages de mes livres…». Ces livres parlent de la vie qui n’est pas souvent très rose. Son succès est là parce que «je ne lâche rien, je suis dans le vrai, pas dans l’édulcoré… mais au fond, il y a… la lumière, l’optimisme, les personnages finissent par s’en sortir, dégageant une force… un amour malgré les difficultés». Très commentée sur les réseaux sociaux, on a écrit sur elle : «Vous devriez être remboursée par la Sécurité Sociale»… elle qui voulait être psychologue dans sa jeunesse. Melissa da Costa met en lumière des thématiques, des problèmes qui lui valent de recevoir des messages la complimentant, tels que : «J’aurais pu être ce roman». Pour écrire son dernier roman, Melissa da Costa consulte internet et entre en contact avec le couple Yanne et Pauline Grandgulla, des accidentés. Elle questionne, se documente auprès d’eux, sur les difficultés de la vie à la suite d’un accident, la rééducation, le ressenti, le parcours de soin, la sexualité… tout cela conduit à l’écriture du dernier roman «Tenir Débout». Dans ce roman, François, âgé de quarante ans, comédien très connu, s’apprête à quitter sa femme pour rejoindre une autre, 15 ans plus jeune que lui. Un accident de scooter va rendre François paraplégique… Le couple se rapproche, se redécouvre… un roman de 600 pages. Très prolifique, Melissa da Costa a publié 8 romans en 5 ans, vendu plus de 3 millions de livres en France. Des débuts de romans de sa jeunesse, d’autres, nombreux, complets en sortiront ? Malgré le succès, Melissa da Costa reste humble, et même si elle aime le contact de ses lecteurs qui attendent parfois 3 heures dans la queue pour avoir un autographe, on ne la reconnaît pas encore trop. Elle se fait un plaisir de regarder ses lecteurs et leurs mimique lorsqu’elle voit qu’on la lit dans le métro ou quand, au bord de la mer, un de ses romans est posé sur la serviette de plage d’à côté, ou encore que la maîtresse de ses enfants lui dit : «Vous avez le même nom que l’écrivain… c’est votre mère?». Autre plaisir : son papa a, pour la première fois, lu un livre. Son premier roman. Depuis, il est un de ses lecteurs le plus fidèles. Que du chemin en 5 ans ! Une BD a été éditée sur son premier roman «Tout le bleu du ciel». Ce même livre est à l’origine d’une adaptation pour un téléfilm sur TF1, par le réalisateur Maurice Barthélémy, avec Camille Lou et Hugo Becker. Le livre «Les femmes du bout du monde» est en train d’être adapté pour le cinéma et sera tourné par Emmanuel Bercault et Stéphane Gaillard en Nouvelle Zélande. En cette année 2024 qui s’achève, Melissa da Costa n’oublie pas d’où elle vient, n’oublie pas les autres. En partenariat avec Le Livre de Poche, elle a remis un chèque de 400.000 euros à l’UNICEF !