Sous la plume de Marie-Madeleine Damien, vient de paraître, aux éditions EDHISTO, le livre «Plaidoyer pour un hommage universel aux Morts et Disparus de la Grande Guerre – Regards Croisés». Un travail qui se base essentiellement, sur le deuxième Colloque mondial qui a eu lieu à l’Hôtel des Invalides, du 24 au 26 mai 2022.
Le 23 septembre 2023, 139 sites en liaison avec la I Guerre mondiale, notamment des sites funéraires, sont classés conjointement, comme faisant partie du Patrimoine mondial de l’Unesco (lire ICI). Cent cinquante pays sont impliqués dans le projet, devenu réalité, dont fait partie le Cimetière militaire portugais de Richebourg.
Le 5 février 2025 a eu lieu au Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, l’Assemblée générale constitutive de la Mission Patrimoine de la I Guerre mondiale – une deuxième étape.
Marie-Madeleine Damien (lire ICI) a été cheville ouvrière de tout le processus de 2009 à 2023. Elle était, par ailleurs, Secrétaire générale de l’Association Paysages et Sites Mémoire de la Grande Guerre, professeure Émérite de l’Université de Lille.
Marie-Madeleine Damien présente, dans son livre, son travail et le travail entrepris depuis 2009 : «Ce colloque est l’avant-dernière étape d’une épopée de 14 ans, née en Belgique en 2009 d’une rencontre entre Marie-Madeleine Damien et les Ministres belges, dont Charles Michel, ce dernier conquis par le projet. Porté en France par l’Association Paysages et Sites de Mémoire de la Grande Guerre, créée en 2011, ce dossier laisse indifférent le Ministère de la Culture, qui sollicite la Belgique pour le présenter au nom de la France. Le Comité des Biens Français refuse, en 2014, le premier dossier intitulé ‘Les Paysages de la Grande Guerre. Front Ouest’ d’où l’émergence d’un second dossier: ‘Les Sites Funéraires et mémoriels de la Grande Guerre. Front Ouest’. Son caractère, dit à ‘mémoire négative’, conduit, lors du 42º Comité du Patrimoine Mondial (Bahreïn, juillet 2018), au report de son examen afin que l’Icomos et l’Unesco puissent vérifier dans quelle mesure cette candidature respecte les valeurs de la Convention de 1972. Cependant, ce Comité a été pour nous une opportunité. Nous avons saisi alors sa dimension mondiale et perçu l’enthousiasme des anciens pays coloniaux ayant participé au conflit, aujourd’hui indépendants. Ainsi, de concert avec les chercheurs du monde entier, membres de notre Comité scientifique, ce Colloque voit le jour et dit leur regard respectif et souvent méconnu sur cette page partagée de l’histoire universelle. Cette synergie d’acteurs contribue à favoriser l’élargissement du champ mémoriel par le Comité du Patrimoine mondial lors de sa 45° session permettant l’inscription des 139 sites de la Première Guerre mondiale. Front Ouest, le 20 septembre 2023».
Avant le Merci, en forme de préface, Marie Madeleine Damien cite deux personnages fondateurs. De Georges Clémenceau, la citation : «Il faut savoir ce que l’on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire : quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire ». De Charles de Gaulle, la citation est aussi sans ambiguïté : «Soyons fermes, purs et fidèles, au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des Hommes qui n’ont pas cédé».
Des citations, qu’on peut voir en rapport avec la guerre, mais aussi avec la paix. Des citations d’hommes qui resteront dans l’histoire, des citations qui incarnent une certaine idée des principes qui dirigent Marie-Madeleine Damien et de sa façon d’appréhender le monde, les hommes. Un message que Marie Madeleine passe au lecteur et à tous ceux qui ont travaillé dans le projet et qui continuent au-delà du 23 septembre 2023.
Marie-Madeleine Damien, en fin de son Merci, émet plusieurs souhaits, dont le dernier : «Souhaitons qu’un jour futur flottent sous les yeux des jeunes venus du monde entier, autour de esplanade des Invalides, tous les drapeaux de ces États dont les ressortissants sont morts ou disparus pour le triomphe de la Liberté ! C’est le souhait de ces peuples, pour eux cette ‘Olympiade de la mémoire, de la coopération internationale’ serait une marque de reconnaissance universelle !».
Le livre porte bien son nom. Au travers des pages, on a la vision de chaque pays sur les thèmes mémoriels en rapport avec la Première Guerre Mondiale : les pays européens qui ont participé à cette guerre, comme bien d’autres, tels que le Japon, Chine, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin… et des peuples tels que les Amérindiens, les Abbey…
Une des parties du livre aborde le thème «Comment l’histoire est-elle source d’amitié, de coopération et de solidarité entre les peuples».
Dans l’épilogue du livre de Marie-Madeleine Damien, on sent une certaine amertume : «…rejetant l’idée de faire évoluer les statuts pour permettre l’APSMGG (Association Paysages et Sites de Mémoire de la Grande Guerre) d’assurer la gestion prévue et transmise comme il se doit à l’Icomos (*) et à l’Unesco lors du dépôt du dossier et qui s’accompagnait de la création de la route européenne ‘La route de la Paix de l’Adriatique à la Mer du Nord’, ils ont préféré créer une nouvelle association en accord avec les services du Ministère de la Culture. Cette nouvelle association dénommée ‘Mission Sites Funéraires et Mémoriels de la Première Guerre mondiale. Front Ouest’ a été créée le 5 février 2025».
Madame Marie-Madeleine Damien, Secrétaire générale, à l’initiative du dossier des 139 sites mémoriaux à faire partie du Patrimoine de l’Unesco, bénévole, ainsi que Serge Barcellini, Vice-Président, tous deux cofondateurs de l’APSMGG, n’ont pas de place dans la nouvelle structure !
Ils portent la fierté d’avoir réussi cette inscription au Patrimoine mondial qui rend hommage à toutes les femmes et tous les hommes inhumés sur le front ouest, morts pendant cette I Guerre mondiale.
Tous deux veilleront scrupuleusement sur l’avenir de ce dossier encore fragile (problèmes de respect, la VUE, de conservation, de protection, d’interprétation, de sécurité), car il est exemplaire, car il est une page partagée de l’histoire universelle ouvrant la voie au rapprochement des peuples, à la solidarité et à coopération internationale.
Le Comité scientifique constitué de chercheurs issus des États européens, des États d’Afrique occidentale, centrale, orientale, du sud, d’Inde, de Chine, du Japon, de Nouvelle-Zélande, d’Australie, des États-Unis, du Canada regrettent cette situation, comme le déplorent les experts Icomos et de nombreux Maires gestionnaires des sites de la Grande Guerre. Souhaitons que cette formidable synergie transnationale ainsi créée, puisse fructifier !…
Marie-Madeleine Damien et Serge Barcellini remercient tous ceux qui se sont mobilisés de 2009 au 22 septembre 2023 pour réussir ce que tous croyaient impossible : l’inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco des «Sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale. Front Ouest».
Le live se termine par 16 belles cartes qui situent les lieux de mémoire de la I Guerre mondiale, qui donnent une perspective et permettent de juger les enjeux.
Marie-Madeleine Damien, professeure émérite de l’Université de Lille, dirige de 1998 à 2018 le Master Aménagement touristique et valorisation du patrimoine. Après avoir porté à l’Unesco le dossier des Beffrois du Nord et du Pas-de-Calais, elle initie en 2009 le dossier des «Sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale – Front Ouest» suite à l’inventaire réalisé avec ses étudiants des vestiges de la Grande Guerre. Elle est, avec Serge Barcellini, cofondatrice de l’Association Paysages et Sites de Mémoire de la Grande Guerre, en devient Vice-Présidente puis Secrétaire-Générale. Elle a porté bénévolement, avec pugnacité, ce dossier depuis le premier jour.
(*) L’Icomos est une organisation internationale non-gouvernementale qui œuvre pour la conservation des monuments.