LusoJornal | Dominique Stoenesco

Présence lusophone au 1er Salon du Livre Africain à Paris

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Du 24 au 26 septembre, a eu lieu à la Mairie du 6ème arrondissement de Paris la 1ère édition du Salon du Livre Africain, qui se voulait, selon les organisateurs, «rassembleur de la diversité du livre écrit et édité en Afrique, ou hors du continent, par des auteurs Africains mais aussi par des non Africains dont le sujet est l’Afrique»; et son ambition était de «découvrir et de faire écho à la pluralité des écritures d’un continent en pleine mutation».

Plus d’une centaine d’auteurs et une cinquantaine d’éditeurs et de libraires étaient présents, pour des rencontres sous la forme de tables rondes, de débats et de séances de dédicaces. S’ajoutaient à cela un espace littérature-jeunesse, des expositions de peinture et de photos, des spectacles, des lectures et des projections.

À l’ouverture de ce Salon du Livre Africain, le Prix Senghor 2021 a été remis à l’auteure Annie Lulu pour son premier roman, «La Mer Noire dans les Grands Lacs», un récit autobiographique qui emmène le lecteur de Bucarest à Bukavu.

Parmi les auteurs invités étaient présents Ondjaki (Angola) et Agnaldo Bata (Mozambique), pour une table ronde intitulée «La littérature lusophone africaine raconte-t-elle d’autres histoires?», modérée par Maria Teresa S. Guimarães da Silva, professeure de Littérature à l’Université Fédérale de Rio de Janeiro. Signalons également la présence des Éditions Chandeigne et de la Librairie Portugais et Brésilienne.

Agnaldo Bata, né en 1991, à Maputo, est titulaire d’une Maîtrise en sociologie (Université Eduardo Mondlane) et auteur de nouvelles, de pièces de théâtre et du roman «Sonhos manchados, sonhos vividos». En 2013, il a mené une recherche et publié une étude sur «Les pratiques économiques des femmes pauvres dans le quartier de Polana Caniço», à Maputo. En 2017 est paru son récit autobiographique «Na terra dos sonhos» (Alcance Editores), inspiré de son expérience personnelle et professionnelle vécue dans une petite localité du district de Manjakaze et dans lequel le combat d’une femme pour échapper à sa condition sociale occupe une place primordiale. Actuellement il poursuit ses études en Sciences Sociales à l’Université de Paris VIII – Saint-Denis.

Ondjaki, né à Luanda en 1977, est auteur de romans, de nouvelles, de poésie et de livres pour la jeunesse, ce qui lui a valu le prix Jabuti en 2010. En 2013, il obtient le prix José Saramago pour son roman «Les Transparents». Il a également réalisé un documentaire sur sa ville natale. Par ailleurs, il a ouvert à Luanda la maison d’édition Kacimbo et la librairie Kiela. En juin dernier il était à Paris à l’occasion de la publication de son roman «Grand-Mère Dix-Neuf et le secret du Soviétique» (éd. Métailié, traduction de Danielle Schramm), un livre autobiographique dans lequel il revient sur les années de son enfance.

Le caractère autobiographique, fortement présent dans l’œuvre de ces deux écrivains, comme d’ailleurs dans la littérature africaine en général, a été souvent rappelé au cours de la table ronde. Tous deux se présentent comme des «conteurs d’histoires», se nourrissant largement de ce qu’ils entendent et voient dans leur rue: «dans ma rue – dit Agnaldo Bata – il se passe presque les mêmes choses que dans la rue d’Ondjaki, où des enfants et des femmes rêvent de devenir médecins, professeurs, ingénieurs…». S’il a choisi la littérature comme mode d’expression, c’est parce, affirme Ondjaki, «à travers la littérature le temps et l’espace peuvent être altérés».

Au moyen d’écritures et de styles assez différentes, mais où l’oralité prime, Agnaldo Bata et Ondjaki abordent, dans une bonne partie de leurs livres, les défis qui se posent à leurs pays, comme l’arrivée massive des populations rurales dans les villes, les inégalités sociales ou le non-accès à l’éducation pour une grande partie des femmes. Même s’ils reconnaissent qu’il reste un énorme travail à faire, par exemple dans le domaine de la circulation du livre et de l’accès à la lecture, ils soulignent que les jeunes en particulier, Angolais et Mozambicains, sont de plus en plus conscients de la nécessité de changements dans leurs pays respectifs.

 

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