Home Cultura «Souvenirs d’un futur radieux» | film de José Vieira au Festival Villes des Musiques du MondeDominique Stoenesco·21 Outubro, 2021Cultura [pro_ad_display_adzone id=”46664″] Le dimanche 24 octobre aura lieu à Aubervilliers, en région parisienne, la projection du film documentaire «Souvenirs d’un futur radieux», de José Vieira, dans le cadre de la 25ème année du Festival Villes des Musiques du Monde. Ce film est un regard croisé sur deux bidonvilles nés en marge de la commune de Massy (banlieue sud de Paris), à 40 ans d’intervalle: le «bidonville des Portugais» -, où l’auteur est arrivé avec ses parents, en 1965, à l’âge de 9 ans, et le «bidonville des Roms», formé au début des années 2000. Depuis 1985, José Vieira a réalisé une trentaine de documentaires, notamment pour France 2, France 3, la Cinquième et Arte, parmi lesquels nous pouvons citer «Les émigrés», «Le drôle de mai – Chronique des années de boue», «La photo déchirée», «Le pays où l’on ne revient jamais», ou encore «Gens du salto», un coffret DVD contenant sept films sur l’émigration/immigration portugaise, avec de nombreux documents inédits. Mais il s’est aussi intéressé à d’autres populations qui ont vécu, et qui vivent encore de nos jours, le drame de l’exode. En 2010, il réalise «Le bateau en carton», dans lequel il filme un groupe de Roms pendant plus d’un an entre la France et la Roumanie, puis, en 2014, «Souvenirs d’un futur radieux». Dans «Souvenirs d’un futur radieux» l’auteur-narrateur mêle son propre parcours à celui des Roms. Classé documentaire, ce film n’est, toutefois, ni un simple regard extérieur ni une enquête sociologique. Au moyen de nombreux allers-retours entre le passé (années 60, bidonville des Portugais) et le présent (années 2000, bidonville des Roms), en alternant judicieusement les images couleur et les images NB et en s’appuyant notamment sur des photos d’archives, personnelles ou familiales, sur des coupures de presse ou sur des extraits de films et d’enregistrements audios de l’époque, le récit de José Vieira se déroule tantôt à la première personne du singulier («je me souviens…»), tantôt c’est le collectif qui l’emporte: «Nous habitions un bidonville par temps de croissance, de plein emploi et d’avenir prometteur. Ils vivent dans un taudis, dans un climat de crise, de chômage et d’exclusion. Nous avions fui une société quasi-féodale, une dictature héritée de l’inquisition. Notre bidonville était peuplé de paysans pour la plupart analphabètes. Ils sont pour la plupart Roms, ils portent une lourde histoire. Ils fuient un pays où ils sont rejetés. Nous venions du Portugal, ils viennent de Roumanie». Ainsi, quarante ans après, José Vieira retourne à Massy, sur les bords de l’autoroute A10: «notre bidonville était juste là, de l’autre côté de la cité, où nous n’avions pas le droit d’habiter… J’avais 9 ans, Neil Armstrong débarquait sur la lune, je croyais à un avenir radieux, mais un détail m’avait frappé, sur la lune il n’y avait pas de vie…» Fait de contrastes et de continuité, où revient souvent l’image d’un enfant en gros plan, avec des barres d’immeubles au fond et entre les deux un terrain en friche ou un étang, l’alternance couleur/NB rend ici tout commentaire presque inutile. Et que dire de ces nombreux portraits d’hommes et de femmes, qui ressemblent à de véritables tableaux du XIXème siècle, et de ces images filmées au cœur des campements roms, presque surréalistes, mais impressionnantes de vérité. Par son contenu, «Souvenirs d’un futur radieux» est non seulement un témoignage personnel, mais aussi un cri de révolte et d’indignation contre l’injustice, le racisme et la misère où vivent encore aujourd’hui des milliers de familles immigrées. Et par sa forme, ce film résonne comme un récit poétique à plusieurs voix, émouvant et lucide à la fois. À voir sans faute! La programmation de cette journée est organisée avec le soutien de l’association «Mémoire Vive / Memória Viva». La projection du film sera suivie d’un échange avec le public, puis d’un repas portugais. L’après-midi, un concert de fado aura lieu, avec la voix de Tânia Raquel Caetano, parisienne native de Lisboa. Dimanche 24 octobre, 11h00 Cinéma Le Studio 2 rue Edouard Poisson 93300 Aubervilliers villesdesmusiquesdumonde.com [pro_ad_display_adzone id=”37510″]