Une centaine de soldats portugais inscrits en doublon sur l’Anneau de la Mémoire


L’Anneau de la Mémoire, élevé sur le site de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, à Ablain-Saint-Nazaire (dans le Pas-de-Calais), en forme cylindrique, est constitué par 500 feuilles (plaques métalliques). Le jour de l’inauguration 579.606 combattants de la I Guerre mondiale, de 40 nationalités, étaient réunis, des noms inscrits par ordre alphabétique.

Le Portugal, par l’intermédiaire du Ministère Portugais de la Défense, a transmis 2.266 noms de combattants portugais décédés pendant ladite guerre. Parmi ces derniers, et selon nos recherches, plusieurs dizaines de noms sont répétés, cela approche la centaine !

En représentation de la presse portugaise, et tout spécifiquement de LusoJornal, nous avons été invités, accompagnés de Luís Gonçalves, le 29 octobre 2014, à la visite de presse d’avant l’inauguration du Mémorial International de Notre Dame-de-Lorette, plus connu par l’Anneau de la Mémoire.

La cérémonie officielle de l’inauguration de cette œuvre extraordinaire, par François Hollande, alors Présidente de la République, a eu lieu le 11 novembre 2014. Cérémonie, point de départ symbolique des 4 ans de manifestations/hommages sur le centenaire de la Grande Guerre de 1914-1918.

Dans le dossier presse, le Président de région, Daniel Percheron, écrivait sur l’Anneau : «L’objectif du Mémorial c’est d’abord de faire prendre conscience de la mort en masse qui a été la conséquence des conflits du XXème siècle, une mort qui a frappé des jeunes hommes… il permet aussi de saisir l’individualité de chacun des 580.000 combattants référencés, mêlés dans une fraternité posthume».

Cet ambitieux projet architectural avait comme mission : Donner une forme à la fraternité, avec 580 mille noms inscrits par ordre alphabétique sans distinction de nationalité, sur 500 plaques formant un anneau, synonyme d’unité, d’éternité et chaîne humaine. Mais aussi, donner une expression à la paix, avec le choix de l’horizontalité qui signe d’équilibre, gage de pérennité ; et allier l’art et la nature au service de la mémoire.

En 2015 nous avons eu, également, l’occasion de faire la visite de presse, avant inauguration à Souchez, en bas de la colline de Notre-Dame-de-Lorette, du Centre d’Histoire du Mémorial 14-18.

Dans ce Centre, on peut consulter individuellement l’histoire de chacun des soldats inscrits dans l’Anneau, il faut introduire un nom sur des bornes informatiques.

La question que nous nous sommes posée dès 2014 c’est : qui sont les 2.266 soldats décédés portugais inscrits dans l’Anneau, sachant qu’à Richebourg sont enterrés 1.831 soldats, à Boulogne-sur-Mer 44 et à Anvers 7 ? Nous savons, grâce à la recherche de passionnés tels que Christine da Costa et Lionel Delalleau, que bien d’autres sont enterrés ailleurs en France, en Allemagne, Pologne, aux Pays Bas, en Angleterre…

Ne pouvant consulter, au Centre d’Histoire du Mémorial 14-18 que par nom et non par nationalité, nous nous sommes mis en quête du nom des 2.266. Dix ans d’attente, liste à laquelle nous avons eu accès tout récemment.

Nous avons examiné la liste, nom par nom, pendant des heures et des heures, aidés d’autres amis, avons comparé et mis en parallèle d’autres sources : personnelles, Mémorial Virtuel, Arquivo Histórico Militar… des constats nous sont apparus.

Dans le présent article nous allons évoquer les noms de soldats portugais inscrits en doublons dans l’Anneau de la Mémoire.

De noter que nous considérons qu’il y a des doublons qu’à partir du moment où nous avons la certitude, au vu de comparaisons, des numéros de matricule, lieu de naissance, date de décès… Autrement dit, si nous avons, par exemple, deux António José mentionnés et si nous n’avons pas réussi à réunir des éléments suffisants pour considérer qu’il s’agit de la même personne, nous n’avons pas considéré ces deux António José comme des doublons. Ceci étant dit, on comprendra que le nombre de doublons, par nous considérés, est inférieur à la réalité.

Notons aussi, qu’il peut y avoir, par exemple, deux António José, sans être des doublons. Il y a eu des soldats décédés avec exactement le même nom, il y a lieu donc que le même nom se répète. À la consultation des archives, mentionnés plus haut, nous avons vérifié qu’ils avaient des numéros de matricule différents, lieu de naissance différents, etc.

Nous ignorons comment la liste des 2.266 a été constituée.

De noter le travail exceptionnel que la Commission du Centenaire qui, ici en France, chargée de contrôler et de fournir la liste des noms à graver, a réalisé.

En contrôlant la liste envoyée par le Ministère Portugais et en comparant avec les soldats portugais enterrés au Cimetière militaire portugais de Richebourg, la Commission a fait ajouter 32 noms de soldats qui ne figuraient pas dans la liste du Ministère portugais.

Comment expliquer qu’il y a des noms répétés dans la liste portugaise transcrite dans l’Anneau de la Mémoire ?

Un des exemples qui se répète assez souvent, c’est le fait qu’on ait par exemple, António José avec plein d’informations sur une ligne, tels que le numéro de matricule, la date de décès, le lieu de sépulture, etc. et qu’il manque une information dans cette ligne de la liste ministérielle, par exemple le lieu de naissance, et qu’il y ait un autre António José avec uniquement dans la ligne le lieu de naissance. Travaille non fait : on n’a pas comparé les données des deux lignes, si cela aurait été fait un des António José aurait été éliminé, etc.

Nous avons repéré une centaine de noms qui se répètent.

Notons que les noms inscrits dans l’Anneau de la Mémoire, de toutes nationalités, commencent par le dernier nom de famille.

Nous donnons ici quelques exemples : En tout début de liste, un nom nous saute aux yeux, car rare : Acates António. Il apparaît deux fois !

Pour la petite histoire, António Acates occupe, dans la liste qui sert souvent de référence des soldats décédés pendant la I Guerre mondiale, datée de 1937 et intitulée «Relação dos militares portugueses sepultados nos cemitérios de Richebourg l’Avoué, Boulogne-sur-Mer e Antuérpia» le numéro d’ordre 6, soldat avec plaque n°7.557, RI 22, décédé le 16 juin 1917 et enterré au Cimetière militaire portugais de Richebourg dans le Bloc C, Ligne 2, pierre tombale 11.

Autre exemple : Bica Pompeu Francisco, n° ordre 190, soldat matricule 14.331, RI 35 décédé le 13 mars 1918, et enterré à Richebourg (D, 8, 23).

D’autres exemples : Caetano Fernando Baptista, Caldeira João Martins dos Santos, Cardigos Apolinário Raimundo, Carrilho António, Carrilho Joaquim, Cartaxo Adriano Joaquim, etc., etc.

Nous citons ici quelques exemples parmi les premiers de la liste et, avouons-le, les noms complets que nous venons de citer ne sont pas des noms très communs au Portugal, avec très peu de chances de se répéter, cela aurait dû alerter. Nous sommes ici loin des noms très communs au Portugal, à l’exemple des Silva, Santos, Ferreira, Pereira, Oliveira… qui peuvent engendrer une recherche plus profonde, justifiant des doublons voir des triplons dans la liste et dans l’Anneau de la Mémoire.

Des cas existent où les doublons, voir triplons, ont raison d’être, à l’exemple de António Francisco. Trois soldats portugais décédés pendant la I Guerre mondiale avaient ce même nom. Les trois homonymes avaient comme matricule respectivement les numéros 56.751, 16.706 et 25.835.

Autre doublon qui a raison d’être c’est celui de Carvalho António, n° d’ordre 275, soldat matricule 12.979, infanterie 23, décédé le 10 juillet 1917, enterré à Richebourg (B, 1, 7) et le soldat matricule 12.667, infanterie 23, décédé le 19 août 1917, enterré à Richebourg (C, 20, 15).

Autre exemple : il y a un triplon à Cardoso Manuel, alors qu’il n’y a lieu de n’avoir qu’un doublon avec les soldats matricules 30.311 et 6.875.

D’autres noms un peu plus communs, donc plus difficiles à contrôler, figurent en doublon à l’Anneau de la Mémoire. Le record est détenu par Costa António Da (en portugais António da Costa). Il a été inscrit 11 fois, alors qu’il n’y a que 5 soldats décédés et enterrés dans les 3 Cimetières avec ce nom.

Il y a 4 fois le nom d’António Manuel au lieu de 2, Ferreira António apparait 6 fois au lieu de 3, Joaquim António 4 fois au lieu de 2, Martins António 6 fois au lieu de 4…

L’importance de l’Anneau de la Mémoire est là, c’est un monument extraordinaire, plein de symboles.

LusoJornal